ICHI THE KILLER
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殺し屋1 – Japon – 2001
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Thriller, Action
Réalisateur : Takashi Miike
Acteurs : Tadanobu Asano, Nao Omori, Shinya Tsukamoto, Paulyn Sun, Susumu Terajima, Shun Sugata…
Musique : Karera Musication, Seiichi Yamamoto
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais et français DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 128 minutes
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 18 février 2025
LE PITCH
Suite à la disparition du chef Anjo, le boss du gang Yakusa, et une importante somme d’argent, son second Kakihara, un violent au sourire plus large que nature va user de toutes les méthodes pour retrouver son boss. Un tueur solitaire, responsable du meurtre de son boss, et d’un carnage chez les yakusas, apparaît. Son nom : Ichi…
Le héros qui aimait avoir mal
Quand le cinéaste japonais le plus fou des années 90/2000 signe son film le plus chtarbé, cela donne Ichi The Killer, adaptation sidérante et survoltée d’un manga quasi-underground élevé au rang de film de Yakuza décadent. Avec Audition, certainement le film le plus déroutant et douloureux de son auteur.
Avec plus d’une centaine de réalisations et pas moins que six productions enquillées pour l’année 2001, Takashi Miike est un stakhanoviste de la plus pure espèce. Il tourne tout, tout le temps et pour n’importe quel budget. Venu du marché de la vidéo, et en particulier des longues sagas yakuza, il s’est toujours défendu d’avoir un genre, un style, voir même une identité de cinéaste. Celle-ci est pourtant souvent frappante dans cette volonté, stylo ou caméra en main, de semer le chaos partout où il passe. Comme ici avec le fameux Yakuza Ega, où il a connu ses premiers succès en V-Cinéma (Shinjuku Triad Society, Rainy Dog et Ley Lines) et qu’il revisite en adaptant ou prolongeant le manga de Hideo Yamamoto dont il extrait cette figure d’un super-héros vengeur, vigilante protégé par une armure rembourrée, tranchant ses ennemis grâce aux lames dissimulées dans ses talons. Le fameux Ichi qui fait trembler les clans yakuza, mais qui ne va s’avérer qu’un pauvre garçon traumatisé, hypnotisé par un ancien flic (le réalisateur Shinya Tsukamoto en mode gonflette) qui le transforme en bras armé halluciné, et pervers sexuels qui ne trouve l’orgasme que dans la violence dont il est témoin. Le titre du film apparait d’ailleurs dans une tache de sperme qu’il aura laissé sur le balcon d’une pauvre prostituée battue et violée par son souteneur : tout un programme !
« Your suffering will be legendary »
Mais ce personnage assez unique n’est pas le seul protagoniste de l’histoire et il se fait même rapidement voler la vedette par le terrible Kahira (interprété par le séduisant et génial Tadanobu Asano), chef de groupe tentant de retrouver l’homme responsable de la mort de son mentor. Les cheveux décolorés, les fringues bariolées, la veste rouge éclatante et les cicatrices qui traversent son visage, ce dernier est une autre forme de monstre : gangster célébrant la brutalité, fasciné par la douleur qu’il reçoit et qu’il inflige aux autres. Avec ces deux pôles, ce qui n’aurait pu être qu’une autre chronique des milieux criminels nippons, s’enfonce rapidement dans le délire complet, se transformant en véritable ballet sadomasochiste ou comme dans une histoire d’amour et de désir, ces deux figures « déviantes » se cherchent, se ratent, s’aguichent avant de se confronter dans un final d’autant plus sidérant qu’il fait office d’anti-climax au accents terriblement pathétiques. Miike ne fait ici que concrétiser une volonté d’effarer le spectateur, présente tout au long du métrage dans sa mise en image crue et frontale d’une cruauté incroyable entre les passages à tabacs de pauvres jeunes femmes, réduites inévitablement à de simples objets sexuels, les massacres façon hachoir de boucher d’une dizaine de yakuza enfermés dans une pièce et des séquences de tortures interminables. La plus célèbre restera certainement celle subit par le pauvre Susumu Terajima (grand habitué de Kitano) découvrant l’art délicat de la suspension, de l’acuponcture hasardeuse (les nostalgiques d’Audition apprécieront) et de l’huile ébouillantée, où l’accumulation et l’inutilité de l’opération sombre joyeusement dans l’absurde.
Naturellement sous des dehors parfois tragiques et surtout pitoyables, Ichi The Killer est surtout une farce totale, comédie noire et loufoque à l’humour aussi trash que crétin. Explosif, éparpillé, surprenant, jubilatoire, presque poétique dans ses déviances… c’est un peu ça la magie Miike.
Image
Ichi The Killer n’est pas forcément le film que l’on imaginait voir débarquer sur disque Ultra HD. Tourné en 16mm, avec quelques éléments en vidéo, gonflé en 35, composé de plans en images de synthèse déjà un peu juste techniquement en 2001, il a pourtant connu une restauration éprouvée dans les studios de Bologne, avec un nettoyage complet des cadres et un réétalonnage généreux, le tout soumis à la validation du réalisateur. Forcément, le résultat n’est pas exactement de la 4K classique avec un grain proéminent et une définition en retenue sur les scènes à effets spéciaux, mais il faut reconnaitre qu’il est tout de même plus que satisfaisant avec son piqué bien corsé, son relief inédit et surtout des teintes (en particulier le rouge) qui redéfinissent l’esthétique d’un film que l’on connaissait plutôt sur le versant austère.
Son
Versions originale et doublée en français (moyenne, comme pour un film japonais) sont disposées aussi bien dans des DTS HD Master Audio 2.0 qui restent très fidèle au dispositif initial avec une dynamique nette portée sur les avants, que dans des DTS HD Master Audio 5.1. Celles-ci ne sont pas forcément beaucoup plus ample, mais en tout cas plus ludiques dans leur utilisation des enceintes latérales et arrières et correspondent mieux à l’univers « manga » du film.
Interactivité
Ichi The Killer rejoint la collection Prestige de Carlotta avec son boitier carton qui claque et ses goodies qui font plaisir au cinéphiles collectionneurs : reproduction du programme japonais, reproduction du ticket de cinéma d’origine, une planche d’autocollant et affiche à déplier.
Les disques UHD et Bluray sont eux réunis dans un digipack cartonné et proposent les même suppléments vidéos. Des éléments hérités pour leur plus grande part d’anciennes sorties DVD collectors comme ces quatre interviews (Mike et les acteurs Aliens Sun, Tadanobu Asano et Tsukamoto) encore sur le versant promotionnel, où les uns explorent les facettes de leurs personnages et la tonalité complètement folle du film, tandis que le cinéaste se concentre presque essentiellement sur la mise en place des effets spéciaux. Pas forcément aussi intéressant qu’on aurait pu l’espérer à l’image du « Making of » simple montage de multiples séquences de tournages sans commentaires ou explications. Le programme s’achève sur l’extrait consacré à Ichi The Killer d’un documentaire réalisé par Yves Montayeur en 2003, avec les témoignages de Takashi Miike, Shinya Tsukamoto et du réalisateur Alejandro Jodorowsky (avec une sortie mémorable sur le message « caché » du film). Enregistré lors d’un festival de cinéma et de présentations publiques, le propos est beaucoup plus libre, entre notes d’humour et évocations de la culture manga prédominante pour toute une génération de cinéastes japonais.
Liste des bonus
Programme japonais édité pour la sortie du film (44 pages), Reproduction du ticket de cinéma japonais, Planche de 8 autocollants, Affiche, Making of (30’), Entretiens avec Takashi Miike (33’), Alien Sun (15’), Tadanobu Asano (10’), Shinya Tsukamoto (15’), Miike et la manga génération (10’), Bande-Annonce originale.