Rares sont les réalisateurs à aussi bien illustrer la phrase « capable du meilleur comme du pire ». Ex enfant terrible du cinéma de genre américain capable de dynamiter le cinéma d’action avec sa trilogie baroque du Mariachi, de livrer deux authentiques bijou Grindhouse avec Une Nuit en enfer et Planet Terror, un relecture teen excitante d’un classique SF avec The Faculty et même d’adapter avec brio un classique du manga sous la houlette de James Cameron avec Alita, le bougre peut tout autant bazarder à la chaine des brouillons à peine finis et tournés à la va-vite dans l’enceinte de sa maison (transformée en studio autosuffisant depuis des années)… et faut-il vraiment parler de la série Le Livre de Boba Fett ? Mais sur le papier Hypnotic annonçait une tendance au meilleur. Un projet muris durant une petite vingtaine d’année, produit en indépendance mais avec un budget honorable, et surtout une volonté affichée de revenir à une certaine forme de sobriété et de sophistication inspirée par l’œuvre du maitre Hitchcock. On pourrait presque y croire durant les premières minutes alors qu’un braquage improbable se déroule devant les yeux du détective incarné par Ben Affleck (manifestement ailleurs et serrant la mâchoire pour se donner de la contenance), où certains badauds et les monnayeurs de fond semblent prendre part à l’opération. Un homme étrange semble les « déclencher » à l’aide d’une simple phrase.

Super-powaaa !

Effort sur les ambiances de film noir, scène de casse relativement efficace, pitch initial intriguant… mais bien rapidement le film est rattrapé par l’esbroufe d’un réalisateur / scénariste si prompte à partir en vrille et qui aborde tout comme une série B bourrine à grands coups de montage frénétique, d’envolées pachydermiques ou de tensions balourdes systématiquement plombées par les nappes sonores vrombissantes de fiston Rebel Rodriguez qui joue avec son synthé. Les multiples poursuites et scènes d’action font le job niveau DTV, mais surtout montre la fébrilité d’un metteur en scène très mal à l’aise justement avec les références qu’il mettait en avant, remplaçant systématiquement la moindre once de suspens par la grosse artillerie et le mystère par de longs dialogues explicatifs déversant leurs révélations avec toujours un bon train de retard. C’est qu’il n’est pas si évident que cela de marcher sur les traces du Inception de Christopher Nolan (aussi prétentieux que soit déjà ce film-là), Hypnotic se rêvant de jouer au plus malin en multipliant les twists (jamais crédibles) jusqu’à la nausée et de constamment transformer la réalité établie quelques plans plus tôt à base de distorsions visuelles en synthèse et de mises en abime ridicules.

Rapidement le spectateur lâche l’affaire, plus franchement concerné par un scénario qui part dans tous les sens, par des personnages qui ne savent jamais où ils vont et fatigué par la mise en image de capacités demandant déjà une bonne suspension de crédulité, mais transformés au bout de trente minutes en pouvoirs démiurges digne d’un sous X-Men ou d’un ersatz oublié de la saga Scanners. Bon clairement la subtilité ce n’est pas son truc à Rodriguez.