HORROR HOTEL
The City Of The Dead – Royaume-Uni – 1960
Support : Bluray & DVD
Genre : Épouvante
Support : Bluray & DVD
Réalisateur : John Llewellyn Moxey
Acteurs : John Lotis, Christopher Lee, Patricia Jessel, Tom Naylor, Betta St John, Venetia Stevenson, …
Musique : Douglas Gamley
Durée : 78 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français 2.0 Stéréo & 5.1, Anglais 2.0 Stéréo
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 21 novembre 2023
LE PITCH
Pour réaliser un mémoire sur les sciences occultes et la sorcellerie, une étudiante se rend dans un petit village de Nouvelle-Angleterre où, selon son professeur, une authentique sorcière aurait été menée au bûcher …
La vierge de Satan
Traversé par la silhouette comme toujours inquiétante de Christopher Lee et produit par les deux fondateurs de la Amicus, Horror Hotel est une honnête série B. Désuète et prévisible certes, mais à l’atmosphère soignée et où se croisent avec un certain bonheur les influences conjointes du Masque du Démon de Mario Bava et des écrits de Lovecraft.
Hasard du calendrier, Horror Hotel pointe le bout de son nez dans les salles de cinéma en septembre 1960, à peu près au même moment où le Psychose d’Alfred Hitchcock fait un tabac dans le monde entier, et repose plus ou moins sur la même structure narrative que le chef d’œuvre du réalisateur de Sueurs Froides. La première partie se concentre en effet sur le personnage de Nan, belle blonde dont l’allure innocente dissimule un sex-appeal volcanique (sa déambulation totalement gratuite en lingerie chic vaut bien le strip tease de Janet Leigh sous le regard concupiscent de ce grand fou de Norman Bates). Après avoir passé la nuit dans un hôtel plus flippant que le château du Comte Dracula, la demoiselle, trop curieuse et trop naïve trépasse sous les coups de poignard d’une sorcière et de ses ouailles. Charge à sa famille et à ses amis de mener l’enquête sur sa disparition inexpliquée lors de la seconde moitié du film jusqu’à un climax où s’accumule les révélations les plus funestes. C’est à se demander si Robert Bloch ne se dissimule pas derrière la plume du scénariste officiel, George Baxt, tant les ressemblances entre Psychose et Horror Hotel sont multiples.
Fort heureusement, si l’odyssée meurtrière de Norman Bates mêle inspirations sordides et velléités de réalisme psychologique, Horror Hotel n’a pas les mêmes ambitions et plonge le spectateur du samedi soir dans les délices d’un suspense gothique mené par des adeptes de Lucifer plusieurs fois centenaires !
Le cauchemar de Whitewood
Premier long-métrage de John Moxley, lequel s’en ira accomplir l’essentiel de sa carrière sur petit écran en signant des épisodes du Saint, de Chapeau Melon et Bottes de Cuir et jusqu’à Magnum et Miami Vice dans les années 80, Horror Hotel pourrait fort bien prétendre au titre de classique mineur de l’épouvante gothique made in England. Dommage que la direction d’acteurs soit un peu hésitante, passant du naturalisme au cabotinage théâtral, que les coups de théâtre ne fassent guère sursauter ou que le score casse l’ambiance en s’égarant dans des sonorités jazz et lounge (ce qui peut faire peur mais pas pour les bonnes raisons). Car, pour le reste, Moxley est un cinéaste habile et qui sait donner de l’allure à ce tout petit budget conçu pour s’exporter dans les drive-in américains. Rappelant Le Masque du Démon de Mario Bava, la scène d’introduction et ses compositions de cadre très travaillées est une formidable compilation de tous les clichés du genre avec bûcher, sorcière, invocations sataniques et villageois terrifiés tandis que la description d’une petite communauté noyée dans la brume et ravagée par une malédiction fait irrémédiablement penser au « Cauchemar d’Innsmouth » ou à « L’Affaire Charles Dexter Ward ».
Une œuvre modeste mais plutôt solide donc, et qui tient tout à fait son rang dans le versant sataniste et païen de la filmographie de Christopher Lee, pouvant ainsi côtoyer sans honte des classiques tels que Les Vierges de Satan et The Wicker Man ou même le nettement plus bis Une fille pour le Diable.
Image
Jadis disponible en DVD chez Bach Films et tombé dans le domaine public quelques années après sa sortie, Horror Hotel atterrit chez Sidonis Calysta dans une copie exemplaire, au grain discret, aux contrastes aiguisés et au noir et blanc parfaitement restitué. Une très belle surprise même si un œil exercé parviendra sans doute à déceler, ici ou là, des traces d’un bidouillage numérique furtif.
Son
On se demande pourquoi la version française au doublage à peu près aussi exaltant qu’une lecture des pages jaunes par un acteur de Plus Belle La Vie a gagné le droit à étoffer son mixage stéréo d’origine par un 5.1 sans envergure. Le mixage anglais fait mieux, avec des dialogues clairs et une piste musicale aux petits oignons malgré une très légère tendance à saturer lors des passages plus mouvementés.
Interactivité
L’indéboulonnable Marc Toullec signe le livret qui accompagne ce mediabook limité à 1500 exemplaires. On peut faire confiance au Napoléon Bonaparte du livret collector pour nous avoir pondu une vingtaine de petites pages très informatives. Le seul véritable bonus vidéo est une interview de Sir Christopher Lee datant de 1975 et de mauvaise qualité (l’éditeur s’en excuse) où l’acteur se montre intarissable sur le sujet des messes noires et du satanisme et lâche quelques anecdotes savoureuses au passage. Il faut passer outre l’état de cette pièce d’archive et savourer la culture et l’humour noir de cet acteur iconique.
Liste des bonus
Livret, Entretien avec Christopher Lee (15 min), Bandes-annonces.