HORRIBLE
Rosso Sangue – Italie – 1981
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Joe D’Amato
Acteurs : George Eastman, Annie Belle, Katya Berger, Charles Borromel, Kasimir Berger…
Musique : Carlo Maria Cordio
Image :
Son : Anglais, italien et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 94 minutes
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 22 mai 2024
LE PITCH
Un être mystérieux, au pouvoir de guérison phénoménal, multiplie les crimes atroces et déroute les forces de l’ordre.
Le film qui se mange lui-même
Dans la foulée du cauchemar glauquissime Blue Holocaust et du film culte et traumatisant Anthropophagous, Joe D’Amato, persiste et signe… Capitalise surtout en livrant un nouveau trip horrifique méchamment gore avec le bien nommé Horrible, version italienne, et donc foncièrement déviante, du slasher américain.
Chez Joe D’Amato, peut-être encore plus que chez tous les autres rois du bis à l’italienne, le principal moteur est toujours de rentabiliser le moindre métrage et d’exploiter le filon jusqu’au bout. Jusqu’à la lie serions nous même tentés de dire. Entre quelques pelloches érotiques (voir déjà limite X), impossible donc pour le réalisateur de ne pas rebondir sur le succès de son précédent Anthropophagous, sordide massacre sur une ile déserte en compagnie d’un monstre humain incarné par le géant George Eastman, plus flippant que jamais, en demandant à l’acteur / scénariste un nouveau pitch dans la même veine. Quitte même d’ailleurs à multiplier les parallèles avec le précédent film, soulignant que ce nouveau tueur provient lui aussi de Grèce (décidément) et lui offrant gracieusement dès l’ouverture une petite éventration avec tripailles tombantes. Un léger flou tout à fait volontaire qui amènera d’ailleurs quelques exploitants à passer le pas en renommant l’objet Anthropophagus 2, surtout qu’en terme de spectacle purement gore ce nouvel opus se montre aussi généreux que parfaitement cruel et gratuit.
Tu me remettras la petite sœur !
La capacité annoncée du tueur sans âme à s’auto-régénérer permet ainsi effectivement la petite éventration des premières minutes ainsi qu’une énucléation au compas (ça t’apprendra à pas dessiner des cercles corrects !), mais surtout un mélange de force herculéenne et de sadisme propice à tous les excès, en particulier du coté outillage de Leroy Merlin, avec une trépanation à la perceuse, un crane fendu à la scie électrique ainsi qu’un bon coup de pioche bien placé. Le clou du spectacle se jouera cependant plutôt coté cuisine avec une pauvre baby-sitter passée au four (thermostat 12), se relevant telle une morte-vivante pour protéger les gosses, le crane cuit, littéralement ! Malheureusement au-delà de ces petites performances craspecs, Horrible est beaucoup moins glorieux, faisant fi de toute sens de logique (l’église catholique qui se la jouerais Frankenstein, la bourgeoisie américaine qui visionne le soir des matchs tournés le jour en bouffant des spaghettis, la gamine atteinte d’une maladie de la moelle épinière qui se relève comme si de rien n’était…) en tentant de courir inlassablement derrière les codes du slasher et en particulier du modèle Halloween. Du pseudo Loomis criant au loup seul contre tous au climax (interminable) dans la maisonnée entre les enfants et le croquemitaine, tout y passe, mais sans bien entendu la précision de la réalisation et l’ambiance angoissante de John Carpenter.
Petit faiseur pas toujours des plus soigneux, D’Amato traine clairement la patte, fait durer ses séquences au-delà du raisonnable, oublie de diriger un casting en vacances et surtout ne distille même plus cette fameuse atmosphère sordide et malade qui habite ses meilleures créations. De bons petits airs de nanars, où seul, comme souvent, George Eastman semble littéralement hanté par la folie barbare promise.
Image
Trop longtemps visible uniquement sous la forme de copies crados, abimées, et pas toujours au bon format (en particulier dans son montage uncut), Horrible a connu il y a quelques années une restauration salvatrice à partir d’un scan 2K des négatifs par Severin Film. C’est ce travail qui est repris ici et qui permet de profiter du métrage dans des conditions assez exceptionnelles. Si quelques restes de traces, griffures et points blancs persistent à l’écran, les cadres sont tout de même plus propres et stables qu’il ne l’on jamais été, et la colorimétrie retrouve une certaine intensité et des contrastes très naturels. C’est la définition qui impressionne certainement le plus apportant un piqué bien précis, idéal pour profiter des matières et des décors certes, mais aussi et avant tout des tripailles qui s’échappent ou des morceaux de chairs brulées qui partent en lambeaux.
Son
Les post-synchronisations anglaise, italienne et française sont présentées dans des DTS HD Master Audio 2.0 clairs et assez fermes, pour un rendu assez équivalent dans les grandes lignes. Difficile d’en mettre d’ailleurs une en avant, puisqu’une fois n’est pas coutume, toute assurent un jeu plutôt solide et une clarté assez identique.
Interactivité
Reprenant le visuel le plus célèbre, et bien glauque, du film, l’édition d’ESC propose en supplément le montage d’exploitation italien. Une version légèrement plus courte, non pas raccourcie sur les séquences les plus gênantes pour la censure, mais essentiellement sur quelques dialogues et scénettes consacrées aux parents. La copie est traitée avec le même soin que la version plus longue.
On trouve aussi sur la galette une présentation du film tout logiquement confiée au critique David Didelot, grand amateur du cinéaste et fin connaisseur du ciné bis et déviant, qui souligne bien entendu les nombreux emprunts à Halloween, la filiation avec Anthropophagous, la qualité des SFX gore à l’ancienne et le statut particulier du film dans la mémoire des nostalgiques de la VHS. Un item complété par une rencontre avec l’acteur Luigi Montefiori (alias George Eastman), qui semble un peu moins aigri et vachard que sur d’autres de ses interventions, mais qui ne reste définitivement pas tendre avec certains de ses anciens collaborateurs (Michele Soavi en reprend pour son grade), même avec son pote D’Amato, qu’il évoque comme un bon camarade mais aussi un artisan gagne-petit.
Liste des bonus
Version alternative italienne du film (88’), Présentation du film par David Didelot (17’), Entretien avec George Eastman (Luigi Montefiori) (20’), Bande-annonce.