HORIZON : UNE SAGA AMÉRICAINE
Horizon : An American Saga, Chapter 1 – Etats-Unis – 2024
Support : UHD 4K & Blu-ray
Genre : Western
Réalisateur : Kevin Costner
Acteurs : Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Michael Rooker, Abbey Lee, Dale Dickey, Jena Malone, …
Musique : John Debney
Durée : 181 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos True HD 7.1 & Français DTS-HD Master Audio 7.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 15 novembre 2024
LE PITCH
En 1859, dans l’Ouest américain, la ville d’Horizon, riche de promesses, attire toutes les convoitises. Mais les colons qui se lancent à sa recherche devront d’abord se heurter à la violence d’une nature impitoyable, à leurs propres démons et aux tribus Apaches qui ne voient pas d’un bon œil l’arrivée sur leurs terres de ces intrus…
Le Saut dans l’inconnu
Requinqué par le succès de la série Yellowstone, Kevin Costner est de retour derrière la caméra pour concrétiser un vieux rêve : une saga sur la conquête de l’Ouest américain répartie sur quatre films et intitulée Horizon. Après avoir échoué à déplacer les foules en salles, le premier volet débarque ces jours-ci en vidéo. Une séance de rattrapage s’impose pour ce morceau de cinéma à l’ancienne, conséquent sur le fond comme sur la forme, malgré des choix narratifs intransigeants et risqués (voire suicidaires).
Festival de Cannes, Mai 2024. Tandis que Megalopolis, film monde (monstre ?) dans lequel Francis Ford Coppola a injecté sa propre fortune pour pouvoir le réaliser en toute indépendance divise la critique et le public, Kevin Costner reçoit une émouvante standing-ovation à l’issue des trois heures de projection d’Horizon : Une Saga Américaine, Chapitre 1, un projet sur lequel l’acteur et réalisateur a lui aussi misé une part importante de ses propres fonds, après deux décennies de development hell. Bien qu’ils n’aient plus rien à prouver au vu de leurs carrières respectives, Coppola et Costner, âgés de 85 et 69 ans, sont donc venus nous prouver à l’occasion du plus grand festival de cinéma au monde, que le Hollywood d’antan n’avait pas encore totalement disparu. Un acte de résistance, en somme. Dommage que le public, qui peste pourtant à longueur de forums et de posts sur les réseaux sociaux quant au manque d’originalité des productions américaines à gros budget, ne se soit pas rué dans les salles pour soutenir ces deux propositions courageuses.
Pour Horizon, le couperet est tombé : 38 millions de dollars de recettes pour un budget de 50 millions. La sortie du second chapitre a donc été repoussée le temps que la vidéo et le streaming limitent la casse et le troisième chapitre a vu son tournage perturbé par la grève des acteurs et des scénaristes. Qui sait, à présent, si Costner parviendra à boucler le quatrième et dernier chapitre ? Bien sûr, on pourra toujours trouver des explications à cette déception. L’excuse la plus paresseuse revient comme toujours à affirmer que le western est un genre du passé et que le grand public lui a tourné le dos pour de bon. Mais ne disait-on pas déjà la même chose lors de la sortie de Danse avec les loups et Impitoyable ou même d’Open Range en 2003 ? La vérité est que la vision de Kevin Costner ne s’embarrasse guère de ménager les sensibilités des cinéphiles de 2024. Dépourvu de la moindre once de cynisme, réfractaire à une structure narrative confortable (l’ouverture est assez cryptique, le personnage joué par Costner n’entre en scène qu’au bout d’une heure, le récit de la colonne de chariots ne débute qu’au bout de deux heures, il n’y a pas de découpages en trois actes et la fin est abrupte au possible, nous balançant un teaser du chapitre 2 après une scène éprouvante mais laissée en suspens). Horizon ne se facilite pas la vie et prend de gros risques. Et à lire les critiques ayant pu voir le second chapitre lors du Festival de Venise, il semble bien que Kevin Costner et son co-scénariste John Baird ne soit pas disposés à revoir leur copie.
La Conquête de l’Ouest
Tant que sa grande œuvre ne sera pas achevée, le débat sur la méthode choisie par Costner pour raconter son histoire restera ouvert. En revanche, il est bien difficile de contester la majesté cinématographique de ces trois premières heures de métrage, le cinéaste nous prouvant une fois encore sa maîtrise de la caméra et de la direction d’acteurs, son amour immodéré des grands espaces et son attachement sincère pour des hommes et des femmes blessés par la vie et vivant dans l’espoir de lendemains meilleurs.
Qu’il s’agisse du lieutenant John J. Dunbar dans Danse avec les loups, du Postman du film éponyme ou du duo Boss Spearman / Charley Waite dans Open Range, Kevin Costner ne se lasse pas de lier le destin de personnages en quête d’un second souffle à la nature irrémédiablement enivrante de l’Ouest américain et des Grandes Plaines. Loin de son pendant bassement matérialiste, le Rêve Américain s’incarne ici par la noblesse d’une quête spirituelle et émotionnelle. Horizon pousse la thématique au travers de quatre grands axes narratifs (lesquels ont eux-mêmes des ramifications) : l’idylle naissante entre une jeune veuve et un lieutenant idéaliste de l’armée des États-Unis, la fuite d’un cow-boy (Costner himself) mêlé à une vendetta que mène une redoutable fratrie, la croisade désespérée et meurtrière du guerrier Apache Pionsenay contre les colons et les tensions au sein d’un convoi de chariots qui traversent les grandes étendues désertiques qui les séparent d’Horizon, ville mystérieuse et probablement fictive. Pour faire vivre ces nombreux personnages, Costner peut s’appuyer sur un casting remarquable, partagé entre des figures féminines fortes et complexes (Sienne Miller, Abbey Lee, Wasey Chief, Jena Malone), des icônes masculines à la fragilité évidente (Sam Worthington, Luke Wilson, Tom Payne et Kevin lui-même) et des « gueules » de cinéma comme on en croise de moins en moins (Michael Rooker, Danny Huston, Jeff Fahey, James Russo, Will Patton, Tatanka Means).
Formellement, l’expérience vaut d’être vécue sur grand écran et dans un silence religieux (et à plusieurs reprises pour en savourer toutes les nuances). Porté par le score sublime de John Debney et la photographie incroyable de J. Michael Muro, Horizon enchaîne les morceaux de bravoure grandioses, de son ouverture jouant avec délice de l’échelle des plans pour inscrire prospecteurs et guerriers Apaches dans un cadre naturel écrasant jusqu’à l’attaque d’un camp indien qui clôt ce chapitre, en passant par le massacre nocturne d’une ville de colons et le siège d’une maison, par un duel tendu entre Costner et Jamie Campbell Bower (le Vecna de Stranger Things) ou encore l’émouvant départ de jeunes soldats nordistes pour le front. Horizon nous rappelle, sans autre esbroufe que la magie originelle du 7ème Art, l’incroyable pouvoir de fascination des décors naturels, de la déflagration des colts, des chevauchées cheveux au vent et du souffle de l’aventure.
Ce que Kevin Costner vient d’accomplir, malgré quelques menues imperfections, est déjà colossal. Alors, camarade cinéphile, casses ta tirelire pour acheter le film en vidéo, réserves ta place pour l’avant-première du chapitre 2 (et emmènes toute ta famille au passage) et croises les doigts pour que le chapitre 4 voit le jour au plus vite.
Image
Cette copie 4K est un sacré morceau et tire pleinement profit des capacités du support UHD. Les noirs sont profonds, le grain discret, la compression est en acier inoxydable et la profondeur de champ que nous offre la définition est par instants vertigineuse (voir ce plan saisissant au début du film où un missionnaire escalade à dos de cheval les marches d’un monastère en ruines). Une certaine idée de la perfection.
Son
Dolby Atmos pour la version originale et DTS HD Master Audio 7.1 pour le doublage local, ni plus, ni moins ! Metropolitan se montre généreux avec les audiophiles et nous régale de mixages immersifs où il est presque possible de ressentir physiquement le claquement des sabots de chevaux et des éperons et où chaque coup de feu traverse notre salon comme un coup de canon.
Interactivité
La déception est de taille avec deux pauvres featurettes express (1 minute chacune!) que l’on a du mal à différencier d’une bande-annonce. Un making-of s’imposait.
Liste des bonus
« Le rêve Américain » (1 min.), « Vers l’Ouest » (1 min.), Bande-annonce.