HOMMES, FEMMES : MODE D’EMPLOI
France – 1996
Support : Bluray
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Claude Lelouch
Acteurs : Bernard Tapie, Fabrice Luchini, Alessandra Marques, Pierre Arditi, Ticky Holgado, Agnès Soral, Anouk Aimée…
Musique : Francis Lai
Durée : 122 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : aucun
Éditeur : Metropolitan
Date de sortie : 6 janvier 2022
LE PITCH
Deux hommes que rien ne prédisposait à se rencontrer. Le premier, businessman brillant et playboy, a presque tout et veut le reste. Le second, comédien au chômage, a très peu mais y tient beaucoup. Tout les oppose mais ils vont devenir inséparables…
Un Tapie qui a de l’estomac
Avec Hommes, femmes : mode d’emploi, Claude Lelouch ajoute une pierre de plus à son étude de mœurs cinématographique, sa comédie « inhumaine ». C’est également l’occasion de retrouver Bernard Tapie dans son unique rôle au cinéma.
Après le succès critique et public de son adaptation de Les misérables en 1994, Claude Lelouch renoue ici avec la comédie en réalisant cet Hommes, femmes : mode d’emploi en 1996 qu’il qualifie de « comédie tendre et cruelle sur nos amours, nos espoirs, nos emmerdes. ». S’il ne s’agit certes pas d’une pièce maîtresse de son œuvre, le film trouva tout de même son public à l’époque (près de 1,5 millions de spectateurs en salles) et fit grand bruit grâce à un pari du réalisateur : faire jouer Bernard Tapie dans son film !
Alors en pleine tempête judiciaire à la suite des affaires du Crédit Lyonnais ou VA-OM, l’ancien homme d’affaires et ministre se reconvertit en acteur. Avec son statut de personnalité hâbleuse, théâtrale et manipulatrice, il faut dire qu’il cumule les qualités pour jouer la comédie ! Et comme le confessait Lelouch, qui de mieux qu’un arnaqueur pour endosser ce rôle de businessman dragueur et insouciant. Le réalisateur dut toutefois subir une certaine fronde de la presse et d’une partie du public, face à ce choix d’un personnage aussi clivant.
Et pour une première, et dernière bizarrement, il faut bien reconnaître que Tapie assure le show, étant carrément la locomotive d’un film qui outre ce rôle d’homme d’affaires renvoie à une ultérieure de sa vie, son combat contre la maladie. Dans le film, par suite de sa guérison d’un cancer de l’estomac après un passage à Lourdes, il décide de se présenter au JT de 20h pour donner du courage aux gens ! Difficile de ne pas faire le lien avec les dernières années de sa vie où il exhortait dans les médias les personnes malades à se battre. Quand la réalité rejoint la fiction…
« Le pire n’est jamais décevant… »
Œuvre lelouchienne par excellence, cet Hommes, femmes : mode d’emploi est évidemment un film choral à la distribution prestigieuse, où différents personnages se croisent au gré des caprices de la vie. On retiendra de bons moments comme cette veuve noire délectable jouée par l’inégalable Anouk Aimée, un futur couple d’adolescents touchants, un Pierre Arditi inspiré en docteur lunaire… Le film s ‘avère aussi très bavard, une autre habitude chez Lelouch, et il faut dire qu’avec un duo principal composé de Luchini et Tapie, ce n’est pas une surprise ! On sourira d’ailleurs en se rendant compte que Luchini peut parfois devenir silencieux, en devenant une sorte de « yesman » de l’homme d’affaires.
On regrettera toutefois une intrigue décousue, une interprétation inégale (avec de nombreux non-professionnels comme William Leymergie, Ophélie Winter, Philippe Gildas ou la présence de Salomé la fille de Claude Lelouch), et quelques longueurs dans cette histoire où couples passés, présents ou en devenir s’imbriquent, auscultés par le regard du cinéaste. Pas toujours inspiré dans les dialogues non plus, Lelouch accumule les citations d’auteur à la pelle dont une, que le personnage joué par Luchini n’apprécie guère, qui colle bien au film : « le pire n’est jamais décevant ».
Car si on a vu Lelouch en bien meilleure forme, il faut lui reconnaître une certaine maîtrise de son sujet avec notamment une ville de Paris superbement filmée dans un brouillard épais, ses médecins apprentis sorciers, ainsi que la présence et la voix de cristal de Patrick Husson. Ce dernier, avec son timbre de soprano, illumine le film ainsi que la B.O. par la même occasion. Enfin, difficile de rester de marbre devant Alessandra Martines…et sa manière de prodiguer une fibroscopie d’enfer qui ne nous poussera guère à aller consulter ! En somme, un Lelouch en mode mineur qui s’il ne nous reste pas sur l’estomac nous laissera quelque peu sur notre faim…
Image
Encore une restauration inédite et un retour à la source pour le catalogue Lelouch chez Metropolitan. L’image s ‘avère être des plus agréables et d’une clarté cristalline soulignée par le climat hivernal qui y règne. Nous ne sommes pas loin des tons Sépia, voire parfois à la limite du noir et blanc, ce qui donne un aspect quasi-onirique au film.
Son
Rien à redire sur ce master audio qui assure le boulot et heureusement tant les dialogues sont le fil du film. Quelques passages un peu feutrés, mais rien de gênant et la musique est parfaitement retranscrite.
Interactivité
Le making-of proposé ici permet de voir l’envers du décor avec un réalisateur aux petits soins, passionné et qui lorsqu’il est énervé…préfère s’en prendre à un piano ! C’est aussi l’occasion d’assister au show de tapie, très à l’aise, improvisant, se moquant de la voix de Patrick Husson et sa dégaine incroyable ! On apprend aussi que le film fut tourné dans le sens chronologique. Enfin, la météo est parfois une aide précieuse tant la neige inattendue et le temps hivernal embellissent la première séquence du cimetière avec Anouk Aimée et Daniel Gélin.
La bande-annonce d’époque n’en est pas vraiment une, c’est plutôt une présentation du casting avec Lelouch s’adressant directement aux futurs spectateurs. Original.
Liste des bonus
Making of (26’), Bande-annonce (3’).