HOLY FLAME OF THE MARTIAL WORLD & DEMON OF THE LUTE
武林圣火令, 六指琴魔 – Hong-Kong – 1983
Support : Bluray
Genre : Action, Fantastique
Réalisateur : Tony Liu, Tang Tak-cheung
Acteurs : Leanne Lau, Siu Chung Mok, Jason Piao Pai, Jing-Jing Yung, Ping-Ying Hou, Chin Siu-ho, Kara Wai
Musique : Chin-Yung Shing, Chen-Hou Su, Dominic Chow
Durée : 85 + 101 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Spectrum Films
Date de sortie : 01 octobre 2021
LE PITCH
Holy Flame Of The Martial World : L’arme ultime, la Flamme sacrée, continue de créer le chaos 18 ans après le meurtre d’un jeune couple qui refusait d’en révéler l’emplacement.
Demon of the Lute : Un luth légendaire fabriqué à partir de nerfs de dinosaures refait surface et laisse le monde martial dans le chaos. Le seul moyen de détruire cette arme absolue est de retrouver l’arc et les trois flèches angéliques. Une guerrière, un vaillant jeune forgeron et d’autres personnages vont alors se lancer dans sa quête.
Les disciples de Zu
Pas forcément au mieux de sa forme, la Shaw Brothers imagine Holy Flame Of The Martial World & Demon of the Lute comme des réponses au phénoménal Zu Les Guerriers de la montagne magique de Tsui Hark et une nouvelle tentative de rester en connexion avec le public des années 80. Pour ce faire, le premier choisit les amphétamines, le second un paquet de bonbons Haribo.
1983, la Golden Harvest s’apprête à sortir sur les écrans le révolutionnaire Zu Les Guerriers de la montagne magique. Une modernisation outrée du wu xia pian signée Tsui Hark qui annonce un déluge de combats fantastiques câblés et d’effets spéciaux assez démentiels pour l’époque, et en particulier à Hong Kong. Cherchant désespérément à retrouver l’attrait du public, la Shaw Brothers profite des soucis de production du concurrent pour lancer une poignée de projets pouvant lui tenir tête… voir le devancer. Buddha’s Palm ouvre le bal dès 1982, le diptyque Bastard Swordsman poursuit cette électrisation des méthodes de la Shaw, mais clairement Holy Flame Of The Martial World et Demon of the Lute poussent la logique plus loin encore.
Raviver la flamme
Le premier est une nouvelle fois confié à Tony Liu, justement aux commandes de Bastard Swordsman, et déjà largement remarqué pour sa gestion spectaculaire des nouvelles chorégraphies et son sens imparable du rythme. Une méthode éprouvée qu’il reprend fermement ici en s’emparant d’un nouveau récit de wu xia pian extrêmement classique : un frère et une sœur jumeaux, séparés à la naissance suite au meurtre de leurs parents détenteurs d’armes légendaires, vont se retrouver dans des camps séparés une fois adultes mais finiront par s’allier pour contrecarrer de terribles maitres des arts-martiaux. En cours de route on croisera quelques vieux maîtres aux techniques variées empêtrés dans leurs vieilles rancœurs, une jeune garde toute aussi colorée mais plus encline à enterrer la hache de guerre, le tout dans une succession presque interrompue de déplacements aériens improbables, de combats absolument délirants et de projections de forces intérieures qui ressemblent surtout à des rayons lasers. Un projet complètement fou où Tony Liu enchaîne à 100 à l’heure les idées les plus inattendues, les concepts les plus frappés et les affrontements les plus frénétiques sans jamais laisser l’opportunité au spectateur de regarder ailleurs. Peu importe les personnages, peu importe qu’ils sauvent le jiang-hu de sa destruction, ce qui fascine totalement ici, toujours avec un petit sourire en coin, est l’apparition d’une jolie demoiselle dont le doigt deviendra magique et surpuissant, la visite d’une secte qui décapite les vierges pour nourrir une momie verte d’un occidental (ou d’un alien), l’exploration d’une caverne lardée de pièges dignes d’Indiana Jones qui s’achève dans un combat contre des idéogrammes volants ou la puissance de déflagration du rire fantomatique qui emporte tout sur son passage. Toujours à deux doigts de la comédie kung-fu (plutôt que la parodie) Holy Flame Of The Martial World se complaît dans une esthétique clinquante, qui recouvre les habituels décors de la Shaw Brothers d’effets spéciaux généreux, psychédéliques, et aujourd’hui joyeusement kitchs. A la virtuosité révolutionnaire de Zu Les Guerriers de la montagne magique, Tony Liu préfère toujours l’efficacité du pur divertissement et signe un spectacle de moins de 90 minutes qui décoiffe et ébahis.
La fièvre du kung-fu
Produit dans la même mouvance mais réalisé cette fois-ci par le beaucoup plus rare Tang Tak-cheung (deux films en deux ans et c’est tout), Demon of the Lute pourrait sans doute être perçu comme le point de non-retour de cette mini vague de wu-xia à effets spéciaux. Car quitte à tenter de moderniser à l’extrême l’univers du studio, autant alors piocher sans vergogne dans les modes du moment et tout balancer à l’écran. Adieux donc la finesse des costumes et décors d’autrefois, voici venir le film d’arts-martiaux kung-fu avec ses costumes à paillettes, ses touffes capillaires gracieuses, sa boule à facette géante et sa musique synthétique parsemé de rock 80’s. Un résultat assez particulier, daté mais ironiquement charmant, auquel il est important, mine de rien, d’ajouter un vilain méchant paradant dans son harem dans un costume noir casquée version pauvre de Dark Vador. Il faut dire que comme l’affirme à coup de dessins manga légèrement animés le générique d’ouverture, Demon of the Lute est un divertissement conçu pour un public familial, voire très jeune, où le monde des arts-martiaux tournerait presque à la pure fantaisie, au conte de fée orientaliste, avec ses lutins pas bien méchants, ses héros immatures mais courageux et surpuissant et quelques adversaires costumés (ninja masqués, homme oiseaux, guerrier élastique…) qui ressemblent à s’y méprendre à la troupe d’un sentai des 70’s. Tout cela sans compter sur les gros clins d’œil au manga de Doreamon alors très en vogue à Hong-Kong, jusque dans le nom d’un gamin servant souvent de moteur à l’action. Pas forcément aussi électrisant que Holy Flame Of The Martial World, Demon of the Lute vaut tout de même le détour avec son esprit enfantin et enjoué, et laisse apercevoir à nouveau un versant plus que méconnu de la vénérable Shaw Brothers.
Image
Comme pour les précédentes copies issues du catalogue de la Shaw Brothers, les deux titres en présence soufflent souvent le chaud et parfois un peu de froid. La faute sans doute à des remasterisation datant des excellentes restaurations effectuées par Celestial Pictures pour le support DVD. Les cadres sont donc incroyablement propres, les couleurs ont largement retrouvé leur jeunesse, mais la définition proprement dite se montre assez changeante. Si de nombreux plans, le plus souvent en extérieur et en pleine lumière, imposent un piqué bien dessiné, de jolis détails et une vraie profondeur, le moindre élément perturbateur (baisse de luminosité, fondu, effet spécial…) laisse apparaître de légers flous ou un grain un peu floconneux.
Son
Pas de miracle possible, si les pistes originales ont connu un petit nettoyage de circonstance, avec une stabilité et une énergie bien présente, les petites saturations et chuintements se laissent toujours entendre dans les dialogues.
Dommage que Demon of the Lute n’existe pas en version doublée français, question de le visionner avec la progéniture.
Interactivité
Nouveau double programme Shaw Brothers avec fourreau cartonné, et numéroté, jaquette réversible et deux Bluray distincts. On y retrouve d’ailleurs deux suppléments déjà présents sur le diptyque Bastard Swordsman : l’évocation des dernières années du studio (séparée en deux parties) et le portrait essentiellement audio de la grande productrice Mona Fong. A cela s’ajoute deux nouvelles présentations d’Arnaud Lanuque qui replace parfaitement les deux films dans le contexte de l’époque et précise quelques détails sur la carrière des réalisateurs, ainsi que deux interviews. Pour Holy Flame Of The Martial World il s’agit de l’actrice Candy Wen (ou Huseh-Erh Wen) qui y fait presque figure de guest. Elle raconte ses années à la Shaw, son travail avec Tony Liu, un tournage particulièrement confortable et ses longues, et fructueuses, années à la télévision. Pour Demon of the Lute, la rencontre se fait avec Chin Siu-ho, qui revient sur ses débuts dans le milieu, ses premières années de jeunes héros et son passage à vilain récurent et ses collaborations, entre autres, avec Jet Li.
Liste des bonus
Présentations des films par Arnaud Lanuque, Le déclin de la SB par Arnaud Lanuque, Interview de Candy Wen, Portrait de Mona Fong, Entretien avec Chin Siu-ho par Frédric Ambroisine, jaquette réversible et bande annonce.