HOLOCAUST 2000
Italie, Royaume-Uni – 1977
Support : Bluray
Genre : Science-Fiction, Catastrophe
Réalisateur : Alberto De Martino
Acteurs : Kirk Douglas, Simon Ward, Agostina Belli, Anthony Quayle, Alexander Knox…
Musique : Ennio Morricone
Durée : 102 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 20 novembre 2021
LE PITCH
Londres, années 1970 – L’ingénieur américain Robert Caine projette de construire en Cisjordanie une centrale thermonucléaire dont l’énergie produite serait capable de nourrir une grande partie du tiers-monde. Malgré l’aide précieuse de son fils Angel, Caine voit son projet contesté par de nombreuses sommités. Mais, plus grave encore, les opposants les plus farouches à la construction de cette centrale meurent dans d’étranges circonstances. Avec le soutien d’une journaliste, Sara Golan, Caine réalise peu à peu que son invention pourrait conduire à la plus gigantesque catastrophe que le monde ait connu, semblable à l’apocalypse décrite dans le Nouveau Testament !
Fuites radioactives
Fier de son L’Antéchrist dérivé rital et fier de l’être de L’Exorciste, Alberto De Martino offre avec Holocaust 2000 sa version de La Malédiction et se paye même au passage l’immense Kirk Douglas. Pour le coup certainement pas un monument, mais en tout cas un thriller apocalyptique parfaitement tenu.
Peut-être plus encore que ses autres collègues artisans du cinéma populaire italien, Alberto De Martino a vraiment fait sa gloire sur son sens éclairé, et malin, de la copie. Une carrière émaillée de péplums, de westerns, de polars, mais aussi de productions venant chasser sur les terres hollywoodiennes comme ce délirant Opération frère cadet, parodie de James Bond incarné par le frère de Sean et une tripoté de seconds rôles de la licence. Plus sérieux, L’Antéchrist avait démontré qu’en se calquant sur un modèle célèbre, le bonhomme réussissait à y apporter une touche particulière, plus italienne, plus outrée, et un professionnalisme évident. C’est un peu la même formule qui est apportée à Holocaust 2000 qui une fois encore pique quelques idées à Rosemary’s Baby, mais surtout bien entendu s’appuie généreusement sur le déroulé de La Malédiction de Richard Donner sorti quelques années plus tôt. Au riche politique incarné par Gregory Peck succède le riche industriel porté par une autre légende vieillissante du cinéma américain, confronté à son tour aux probabilités que sa progéniture soit l’antéchrist et prépare bourgeoisement une fin du monde spectaculaire. L’enquête avance au gré des révélations, mais aussi et surtout au gré des disparitions de témoins ou de toute personne pouvant porter ombrage au grand plan du mal. Pour réponde à la célèbre décapitation de David Warner, De Martino offre au spectateur un dirigeant du moyen orient scalpé par les pals d’un hélicoptère ou une tête explosée à coup de bâton.
Eschatologie
Si la ligne directrice reste inévitablement la même et perd alors forcément en efficacité tant le mystère qui plane dans l’entourage de Robert Caine ne fait pas l’ombre d’un doute dans l’esprit du spectateur depuis la seconde séquence (rien qu’à voir la tronche de Simon Ward…), Holocaust 2000 se montre plutôt pertinent lorsqu’il prend quelques distances avec le patron. En particulier lorsqu’il teinte les références bibliques d’un soupçon d’anticipation (superbes décors de l’ordinateur de la centrale ou de la salle de scanner) et projette les textes saints sur les considérations écologiques et anti-nucléaires très vivaces à l’époque. Le démon à sept têtes est plus qu’une gravure naïve sur un ouvrage parcheminé mais bien la silhouette d’une centrale nouvelle génération constituée de sept sphères aux airs de couronne dorée qui menace d’enflammer le monde. Pas de gothique ici donc, mais plutôt un thriller aux valeurs écologiques et anti-libérales (voir les 21 apôtres du fils du diable…) bien amenées, que le réalisateur, somme toute assez efficace, sait réveiller par quelques séquences plus mémorables dont cette incarcération de Robert Caine dans un asile uniquement constitué de baies vitrées, aux murs blancs aveuglants, et où il est jeté en pâture aux autres patients pas loin de le battre à mort et de le dévorer sur place. Là encore, il faut avouer que c’est aussi la présence de Kirk Douglas au générique qui fait la différence, l’acteur apportant une prestance et une vraie émotion au film, et n’hésitant pas, encore une fois, à apparaître entièrement nu dans une séquence de cauchemar prophétique stylisé et originale. Comme quoi Alberto De Martino il ne fait pas « rien qu’à copier ».
Image
Le Chat qui fume a encore mis la main sur une très belle copie. Quelques points blancs et autres mini scratchs restent présents, mais ce sont bien là les seuls défauts de pellicule encore visibles. Le master a été largement rafraîchi, proposant désormais une très belle lumière, des couleurs vives et stables et une profondeur inédite le tout porté par une définition plus qu’honorable. Un léger bruit se fait sentir dans les contours des passages sombres, mais les quelques séquences à effets spéciaux (en particulier le cauchemar de Robert Caine) s’insèrent sans à-coup.
Son
Plutôt sobres mais maîtrisées, les pistes DTS HD Master Audio 2.0 restent au plus près de l’expérience initiale avec une légère dynamique sur les avants, quelques atmosphères bien portées et les compositions de Morricone parfaitement mises en valeurs. Si elle est naturellement la piste la plus efficace et « naturelle » la version anglaise comporte cependant quelques passages postsynchronisés marqués par un son plus étouffé.
Interactivité
Présenté nu comme un ver chez d’autres éditeurs, Holocaust 2000 a été joliment cajolé par Le Chat qui fume qui propose une petite rencontre attendue avec le réalisateur Alberto de Martino. Plus tout jeune le monsieur revient sur sa collaboration avec le grand Kirk, avoue sans honte s’intégrer dans le système du cinéma italien en reprenant les modes du moment (tout en y insufflant une certaine originalité) et s’attarde comme il se doit sur les acteurs, les décors ou les quelques effets spéciaux du film. Tout aussi intéressante et un poil plus longue, la rencontre avec l’acteur Massimo Foschi qui du coup éclaire plus volontiers les petites coulisses du film et en particulier sa relation de travail à la fois professionnelle et chaleureuse avec l’acteur américain. Il n’hésite d’ailleurs pas à reprocher au film une volonté d’en faire « trop ». La partie vidéo s’achève sur la conclusion alternative conçu pour le distributeur américain. Laissant de côté la fin ouverte et ambiguë initiale, celle-ci utilise une petite séquence inédite montrant Kirk Douglas traversant un aéroport, quelques inserts sur des bâtons de dynamite et des effets de montages pas toujours très heureux pour faire triompher le bien en dernière instance.
Ultime cadeau de l’édition, le très joli digipack avec fourreau cartonné propose le CD de l’excellente bande originale composée par le Maestro. Un mélange de thème tendus, angoissants, désespérés qui reflètent à la perfection son travail des années 70.
Liste des bonus
le CD-audio de la bande originale du film, « L’Antéchrist nucléaire » avec Alberto de Martino (16’), « Holocaust 2020 » avec Massimo Foschi (22’), Fin alternative du montage américain (6’), Bande-annonce.