HITMAN & BODYGUARD
The Hitman’s Bodyguard – Etats-Unis – 2017
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Patrick Hughes
Acteurs : Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson, Gary Oldman, Elodie Yung, Joaquim de Almeida, Salma Hayek…
Musique : Atli Ôvarsson
Durée : 118 minutes
Images : 2.39 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos, Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan Films & Video
Date de sortie : 19 août 2021
LE PITCH
Garde du corps au prestige entaché par la mort d’un de ses clients, Michael Bryce est contacté par son ex petite amie et agent d’Interpol pour assurer la sécurité de Darius Kincaid, tueur à gages increvable et unique témoin à charge contre un dictateur biélorusse jugé à La Haye …
L’épreuve de force
Profitant de la sortie en salles de Hitman & Bodyguard 2 (gros soupir), Metropolitan gratifie le premier film de la mise à jour en 4k de rigueur. Sans surprises, le bouzin mi-exaspérant, mi-sympathique de Patrick Hugues n’en ressort nullement grandi et le même constat s’impose : Avi Lerner et sa compagnie Millenium Films sont bel et bien les fossoyeurs du cinéma d’action.
Lorsque la Cannon éclate à la fin des années 80, l’un de ses fragments, l’israélien Avi Lerner, s’en va fonder Nu Image, pourvoyeur de séries B fauchées pour le marché de la vidéo. Lerner est l’exact opposé d’un Menahem Golan. Doué pour les affaires mais sans aucun amour pour le 7ème Art, le mogul s’est construit un petit empire en Europe de l’Est et a su capitaliser sur la déchéance du film d’action et de ses superstars. Devenu Millenium Films au début des années 2000, la compagnie d’Avi Lerner tente un drôle de virage en produisant Brian De Palma (Le Dahlia Noir) ou l’inénarrable remake de The Wicker Man avec Nicolas Cage. Mais c’est avec Sylvester Stallone et le dantesque quatrième opus de Rambo que Millenium trouve enfin sa voie. Lerner va peu à peu dévoyer les ambitions artistiques de Sly pour les accommoder à sa sauce, trouvant dans la franchise Expendables un nouveau moule à blockbuster low cost faisandés. Tournages dans les rues interchangeables de Sofia ou de Londres, esthétique grisâtre numérique et dégueulasse, violence putassière, stars sur le retour et cynisme à tous les étages.
Ce qui nous amène à Hitman & Bodyguard, buddy movie se réclamant à la fois de l’âpreté et de l’urgence de L’épreuve de force mais aussi de l’humour et de l’ironie d’un Midnight Run. L’idée de réunir un expert de la sécurité coincé du derche et le tueur à gages qui n’a cessé de lui pourrir ses missions dans le but d’envoyer un dictateur sanguinaire derrière les barreaux est en soi loin d’être mauvaise. Mais en caviardant l’histoire de flash-backs inutiles qui la ralentissent, en pondant un épilogue con comme la lune et en transformant l’assassin sanguinaire Darius Kincaid en mec bien et fils d’un pasteur assassiné (« je ne tue que des salauds », merci de le préciser !), le scénario tire un trait sur l’irrévérence et le goût des choses simples.
Promenade de santé
Déjà à la barre du pas fameux Expendables 3 pour Millenium, l’australien Patrick Hughes rempile pour Hitman & Bodyguard et achève de tuer les promesses de son excellent premier film, le néo-wester Red Hill. Recyclant ses hélicoptères en CGI (beurk !), le cinéaste vire au fonctionnaire zélé, parfois compétent mais dénué du moindre embryon de personnalité. Quelques effets de style périmés, des plans empruntés à de la pub pour parfum, une caméra qui s’agite beaucoup et un montage cut pour masquer autant que faire se peut l’absence de point de vue ou d’idées de découpage.
Le casting n’offre pas davantage d’éclaircies. En l’absence d’une direction claire et compétente, Kevin Reynolds et Samuel L. Jackson font du surplace, laissant libre cours à leurs tics de jeu les plus énervants. Le premier nous assène une resucée en costume Armani du Wade Wilson de Deadpool tandis que le second enchaîne les « fuck » sous toutes les coutures, imitant sans le vouloir la tirade du « Schpountz » de Pagnol. C’est pauvre, mais quelques répliques font mouche et l’alchimie entre les deux acteurs s’installe sans que l’on s’en rende compte. Et ce sera toujours moins triste que les rôles réservés à Gary Oldman (un méchant russe, que c’est original !), Salma Hayek (une latina qui roule du boule, que c’est original !) ou Joaquim de Almeida (un traître, comme c’est original!). Y a-t-il seulement quelque chose à sauver dans Hitman & Bodyguard ? Etonnamment, oui. Aussi moche et générique soit t-il, le film de Patrick Hughes reprend des couleurs lors d’une poursuite vraiment bien troussée autour des canaux d’Amsterdam (ça change des ruelles bulgares) et qui aurait eu tout à fait sa place dans un James Bond. Une seconde poursuite, en voiture et à pied, jusqu’au tribunal de La Haye, réitère l’exploit avec brio au son du Little Queenie de Chuck Berry et du Black Benny de Ram Jam, revu et corrigé par le compositeur Atli Ôvarsson, lequel marque des points lorsqu’il s’inspire de Danny Elfman et de David Arnold plutôt que du Brian Tyler des Fast & Furious. Une double parenthèse qui permet à Hitman & Bodyguard de tomber dans l’oubli la tête à peu près haute.
Impossible, toutefois, de ne pas verser une petite larme en se souvenant que le film d’action était autrefois le terrain de jeu de John McTiernan, James Cameron, Richard Donner, John Badham et de tant d’autres et que l’on doit aujourd’hui se contenter d’ersatz tout pétés d’un Renny Harlin en petite forme.
Image
Le bluray de 2018 était déjà exceptionnel et l’apport du 4K est minime. Les couleurs sont un peu plus vives et stables, surtout lors de la virée dans l’antre d’un maître de la torture et certains détails ressortent davantage sur les gros plans, comme les tatouages de corbeau de Sam Jackson ou le maquillage de Gary Oldman, défiguré à l’acide. On appréciera également le gain de chaleur et de contraste qui bénéficie grandement à une esthétique numérique sans doute trop tranchante.
Son
C’est l’argument principal de cette réédition : le Dolby Atmos. Malheureusement réservé à la version originale, il écrase sans ménagement un 5.1 DTS qui, en comparaison, semble manquer de corps et de précision. Les nombreuses scènes d’action se révèlent gorgées de détails acoustiques surprenants (le mano à mano dans le magasin de bricolage en est un bel exemple, chaque outil ayant sa propre identité sonore) et la musique se déploie avec une spatialisation joliment étudiée. Conquis, nous sommes.
Interactivité
Le commentaire audio a fait le voyage sur l’UHD tandis que l’interactivité déjà connue reste l’exclusivité du blu-ray inclus dans le boîtier. Rigolard et un peu trop autosatisfait, Patrick Hugues assure néanmoins avec brio le service après-vente de son film, révélant avec force détails la logistique parfois improbable de ce tournage sur quatre pays. On aurait bien aimé une petite featurette ou une bande-annonce du deuxième film mais vu que nous ne sommes guère impatients de la découvrir, nos regrets n’iront pas plus loin.
Liste des bonus
Commentaire audio du réalisateur (VOST), « Le pour et le contre » (4 minutes), Bêtisier (5 minutes), Making of (7 minutes), « Des femmes dangereuses » (8 minutes), « Une histoire d’amour » (9 minutes), Scènes coupées, allongées et alternatives (12 minutes), « Le trio infernal » (15 minutes), Bandes-annonces (VF/VOST).