HIRUKO THE GOBLIN
妖怪ハンター – Japon – 1990
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Shinya Tsukamoto
Acteurs : Kenji Sawada, Masaki Kudou, Hideo Murota, Naoto Takenaka, Megumi Ueno…
Musique : Tatsushi Umegaki
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 89 minutes
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 02 avril 2024
LE PITCH
Une bande de lycéens libère une nuée d’araignées qui n’ont de cesse de troquer leurs abdomens contre les têtes arrachées de leurs victimes…
S.O.S Yokaï
Second long métrage de Shinya Tsukamoto, Hiruko the Goblin est sans doute le moins aimé des fans, rejeté pour son ton presque joyeux, sa photo lumineuse et son approche popcorn du cinéma d’horreur. Pourtant derrière l’œuvre de commande, le cinéaste s’octroie une bien belle récréation… et le plaisir est communicatif.
Immédiatement consacré comme le nouveau mentor d’un cinéma underground punk et furieux suite à la découverte du cultissime (et oui, très énervé) Tetsuo, Shinya Tsukamoto pris son nouveau public nippon à rebrousse-poil avec Hiruko The Goblin. Même réception quelques années après pour le public occidental qui se lançait dans le visionnage de cet essai après avoir dévoré tout le corpus Tetsuo II / Tokyo Fist /Bullet Ballet. C’est effectivement un peu vite oublier que très vite le cinéaste, a montré une vive curiosité pour des univers plus variés que l’expérimentation urbaine brutale, et n’a jamais caché non plus une certaine fascination pour les mangas de sa jeunesse : les shonen. Ces fameuses BD d’action et d’aventure célébrant les jeunes héros et leurs parcours initiatiques aussi enjoués que, parfois, douloureux. Une inspiration déjà totalement au centre de son moyen métrage Les Aventures de Denchu Kozo (disponible dans l’indispensable coffret édité par Carlotta), et qu’il réinvestit à nouveau lorsque la société de production Shochiku lui proposa de réaliser une adaptation du manga d’horreur Yôkai Hunter de Daijiro Moroboshi (aussi célèbre dans les années70/80 que Junji Ito l’est aujourd’hui). Tsukamoto aborde la proposition comme un exercice formateur, et regrettera même que le studio n’ait pas été plus directif, et délaisse effectivement en apparence sa mise en scène frénétique, au profit d’une réalisation relativement plus classique, plus sage et surtout beaucoup plus colorée.
Milles-pattes
La campagne décrite dans Hiruko The Goblin est resplendissante, florissantes, bucolique, et l’école au centre de l’action est le théâtre de l’habituel éclosion des sentiments de nos jeunes adolescents. Dans la palette de couleurs, dans le jeu excessif de personnages gentiment stéréotypés, on est clairement ici dans un univers de dessins animé japonais, mais qui va être envahi par une menace bien plus ancienne, des démons souterrains s’appropriant la tête de leurs victimes sur leur corps d’araignées. Des doubles qui reviennent dès lors séduire les vivants comme des sirènes yokai et qui tissent ainsi, en notes mineures, quelques liens avec les réflexions sur la mutation et les transformations chères au cinéaste. Même si les fameuses créatures sont particulièrement macabres, voire déviantes, et que les effets gores fleurissent à la pelle dans d’imposantes gerbes de sang, Hiruko The Goblin se veut plutôt une comédie noire, un petit délire bardé d’idées bien frappées, de poursuites en bicyclettes et d’effets spéciaux imaginatifs directement dans la foulée d’un Evil Dead 2 auquel il empreinte d’ailleurs la fameuse caméra subjective démoniaque. Et au rayon des hommages, on ne peut s’empêcher de penser aux fameux Ghostbusters lorsque débarque l’archéologue Reijiro, chasseur de monstre amateur, avec son radar à démon, sa maladresse et ses grands yeux apeurés.
Avec son happy-end idyllique, voir lyrique, et ce spectacle grand guignol aussi drôle que fun, Hiruko The Goblin peut effectivement surprendre… mais décevoir jamais, tant Tsukamato réussit à insuffler à son film une énergie et quelques thématiques très personnelles, et surtout déjà établir qu’il n’est pas que l’auteur de Tetsuo, mais aussi un créateur protéiforme capable de se mouler dans d’autres genres, d’autres univers, et même de s’inscrire au sein d’une commande de studio. Et tout ça avec le sourire.
Image
L’édition française reprend la toute nouvelle remasterisation du film effectuée à partir d’un scan 2K des négatifs 35mm. Le tout a bien entendu été nettoyé de fond en comble dans la foulée, rééquilibré, restabilisé et réétalonné pour un résultat tout bonnement éclatant. La copie préserve son petit grain et ses jolies matières, assures une note de relief et une profondeur bien dessinée, mais séduit surtout immédiatement par sa palette de couleurs à la vivacité qui rappelle immédiatement les animé. On oublie poliment le vieux DVD qui trainait sur l’étagère.
Son
La piste originale reste fidèle à son mono, mais profite, elle aussi, d’une petite restauration bienvenue. Le rendu est extrêmement clair, direct et efficacement équilibré, donnant quelques petites touches de dynamisme aux musiques et aux effets les plus graphiques. Rien à redire.
Interactivité
Avec son superbe visuel ultrapop, l’édition nous promettait milles merveilles. Bon à l’arrivée le contenu se montre assez modeste avec des éléments déjà vu en grande partie sur l’ancienne édition DVD de la collection Asian Classics chez StudioCanal ou de courts segments d’archives. D’un coté donc on retrouve la présentation excitée de Jean-Pierre Dionnet qui resitue parfaitement les origines du film, deux petites rencontres avec le réalisateur où il revient sur son inspiration shonen et le travail d’adaptation très libre et deux items sur les effets spéciaux mécaniques de Takashi Oda. Jamais inintéressant, mais tout cela semble à chaque fois bien court.
Liste des bonus
Présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (4’), 2 entretiens avec Shinya Tsukamoto (5’ et 8’), « Les Effets spéciaux » : Takashi Oda à l’œuvre sur les créatures Hiruko-qui-marche et Hiruko-poisson (3’), Bande-annonce originale.