Grande figure du néo-réalisme (Le voleur de bicyclette, Umberto D.), Vittorio De Sica demeure également célèbre pour avoir laissé son empreinte dans la comédie italienne autant en tant qu’acteur ou réalisateur. Ainsi entre 1963 et 1964, le cinéaste réalise Il Boom, avec Alberto Sordi, et deux films portés par le duo composé de Sophia Loren et Marcello Mastroianni, Mariage à l’italienne et Hier, aujourd’hui et demain, que les éditions Carlotta viennent de ressortir en Blu Ray.
Amis et collaborateurs fidèles, Sophia Loren et Marcello Mastroianni deviendront à partir de ce film un véritable couple de cinéma symbolisé par le magnifique Une journée particulière d’Ettore Scola en 1977. Mais avant de composer pour ce film ce duo mythique d’acteurs italiens, De Sica en formait déjà un avec son actrice fétiche Sophia Loren, à qui il avait donné le rôle titre de L’or de Naples, en 1954 alors que l’actrice n’avait que vingt ans. Une riche collaboration s’ensuivit entre les deux napolitains avec notamment La Ciociara pour lequel l’actrice remporta l’Oscar de la meilleure actrice en 1962 et devint une vedette courtisée à Hollywood.

Trois visages

C’est donc un véritable trio qui mène ce film qui sans être un monument du genre (les critiques d’alors reprochaient au film son côté commercial et l’utilisation de « vieilles » recettes) demeure une référence. Pour ce film à sketches, figure symptomatique de la comédie italienne, on retrouve au scénario le napolitain Eduardo de Filippo pour le premier sketch se déroulant dans la capitale de la Campanie. En ce qui concerne le second segment milanais, il s’agit d’une adaptation d’une nouvelle d’Alberto Moravia par Cesare Zavattini qui scénarise aussi le dernier épisode romain. Ce sont donc trois visages de l’Italie qui nous sont dévoilés, avec notamment une superbe vision de Naples filmée amoureusement par De Sica. Ce n’est sans doute pas un hasard si l’épisode milanais nous dévoile une Sophia Loren, grande bourgeoise froide et hypocrite, alors que ses deux autres personnages s’avèrent bien plus solaires et humains, accentuant de fait l’antagonisme entre le Nord et le Sud de l’Italie.

Malgré des longueurs variables, les trois sketchs forment un film homogène, lorgnant souvent vers le « néo réalisme rose », même si le premier « Adelina » nous semble le plus réussi et s’inspire d’un véritable fait divers. Tour à tour « Mamma » amoureuse et dominante, aristocrate snob ou call-girl incendiaire mais pieuse, Sophia Loren transcende le film et incarne généreusement les différents visages de la femme italienne d’alors. Les hommes, personnifiés ici par Marcello Mastroianni, sont ainsi faibles, veules, vidés par leur épouse et ne pourront qu’être subjugués par elle…comme lors de cette extraordinaire scène de strip-tease !