HERO
馬永貞 – Hong Kong – 1997
Support : Bluray & DVD
Genre : Action
Réalisateur : Corey Yuen
Acteurs : Takeshi Kaneshiro,, Yuen Biao, Jessica Suen Huen, Yuen Wah , Yuen Tak, Valerie Chow, Corey Yuen
Musique : Raymond Pak-Ming Wong, Wai Lap Wu
Durée : 95 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Cantonnais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 27 juillet 2022
LE PITCH
« Hero » raconte l’histoire de Ma Wing Jing et son frère, arrivés tous deux à Shanghai à la fin du 19ème siècle et qui, avec l’aide de Tam See, un chef d’une des Triades locales, va progressivement monter en grades jusqu’à lui faire de l’ombre.
Le nouveau justicier de Shanghai
Ultime grande production luxueuse de la Shaw Brother, orchestrée même pour la première fois avec des investisseurs de la chine continentale, Hero aurait dû marquer la résurrection du studio et un retour tonitruant vers les grands divertissements kung-fu en costumes. Le studio fit d’ailleurs plutôt bien les choses, retournant comme pour The Bare-footed Kid, directement à la grande époque en proposant un remake du classique maison Le Justicier de Shanghai de Chang Che.
Dans les grandes lignes, l’histoire est donc la même. Soit le destin du célèbre gangster shanghaien Ma Wing Jing qui, venu de la province, va peu à peu faire sa place dans le milieu quitte à faire de l’ombre à son parrain et s’attirer les foudres de la concurrence. Grandeurs et décadences du héros qui se fourvoie sur la voie de la criminalité, romance avec une charmante donzelle innocente et trahison d’une femme fatale avide de pouvoir (sublime Valerie Chow vue dans Chunking Express) et surtout amitié virile avec le mentor incarné par le génial Yuen Biao, bien plus charismatique et crédible en combattant de la rue que le fringant et charmant Takeshi Kaneshiro. Un déséquilibre notable et qui a d’autant plus tendance à handicaper le film que Yuen Biao est censé être un personnage secondaire et Kaneshiro l’authentique héro mettant tout ses opposants à l’amande par sa maitrise martiale. Heureusement, le réalisateur Corey Yuen (DOA Dead or Alive, La Légende de Fong Sai-Yuk, Le Sens du devoir II) et son co-corégraphe Yuen Tak (qui joue aussi ici le rôle du méchant) maitrisent à la perfection la frénésie spectaculaire des incontournables scènes d’action.
L’impasse
Ils alternent avec talent entre les grands élans surréalistes (le duel à dos de chevaux), les glissades câblées et les gunfights fortement influencés par John Woo, et des mouvements beaucoup plus précis, rigoureux et puissants lors que Biao entre en scène. Des chorégraphies qui sont certainement le point culminant d’un film qui n’hésite pas, sans doute par hommage à la brutalité du cinéma de Chang Cheh, à afficher des affrontements particulièrement sanglants, à la limite du gore. Divertissant indéniablement, élégant dans sa reconstitution historique et dans sa photographie léchée, Hero reste cependant un spectacle schizophrénique qui croise allègrement ses exploits martiaux alternativement réalistes ou fantasques avec une ligne de polar cruel, un romantisme extrêmement naïf, quelques délires pop et des notes de comédie volontairement crétines. Pas si inhabituelle dans le cinéma chinois, la recette ne peut véritablement prendre à cause d’un scénario qui ne prend jamais vraiment d’installer ses personnages et ses enjeux, multiplie les ellipses et les raccourcis à la limite de la frénésie hystérique parfois. Largement remonté et recoupé en post-production pour satisfaire les investisseurs chinois, le film a certainement pâtie d’une compression dramatique qui en retient drastiquement l’ampleur et l’intensité.
Très loin donc du modèle de 1972, véritable drame viril et sauvage, Hero n’en reste pas moins tout à fait recommandable… Une fois encore pour ses scènes d’actions qui envoient et le bien trop rare Yuen Biao.
Image
Comme bien trop souvent avec les productions HK, il n’est pas aisé de connaitre les origines dernières un nouveau master HD. De gros effets ont manifestement été opérés pour la restauration du film avec des cadres excessivement propres et stables, des gros plans bien détaillés, des textures marquées et des couleurs vibrantes. Mais quelques séquences bataillent plus difficilement avec le grain et une photographie vaporeuse, traitées semble-t-il avec quelques filtres lissants qui entrainent des sensations d’aplatissement. Mai rien de dramatique loin de là.
Son
La piste cantonaise présente sur l’édition présentée en DTS HD Master Audio 2.0 propose une amélioration non négligeable du mix d’origine avec une clarté et un équilibre bien plus efficace entre les différentes sources.
Interactivité
Petit fourreau cartonné et jaquette réversible, Hero est présenté dans une édition Bluray / DVD par Spectrum Films. Sur les galettes ont retrouve l’habituelle et incontournable introduction d‘Arnaud Lanuque qui fait un petit rappel sur l’aura de Chang Che, la dynamique de la Show Brothers à la fin des années 90, les qualités de Corey Yuen et la petite vague de film de gangsters de Shanghai que connaissait alors le cinéma HK. A cela s’ajoute l’analyse stylistique plus poussée d’Alex Rallo et une longue interview du producteur Wong Ka-Hay. C’est lui qui fut envoyé en chine continentale pour préparer et organiser le tournage sur place, malgré les petits désagréments avec les autorités locales, l’énorme dépassement de budgets et la sortie repoussée et échec en salle, le monsieur délivre ses souvenirs les coulisses avec beaucoup de bonne humeur.
Liste des bonus
Présentation de Arnaud Lanuque (13′), Essai vidéo de Alex Rallo (10′)
Séquences alternatives issues de la version taïwanaise, Interview de Lawrence Wong Ka-Hay (18′), Bande-annonce.