HÉRÉDITÉ
Hereditary – États-Unis – 2018
Support : UHD 4K
Genre : Horreur
Réalisateur : Ari Aster
Acteurs : Toni Collette, Gabriel Byrne, Alex Wolff, Milly Shapiro, Ann Dowd
Musique : Colin Stetson
Durée : 128 min
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan Films
Date de sortie : 01 septembre 2023
LE PITCH
Lorsqu’Ellen, matriarche de la famille Graham, décède, sa famille découvre des secrets de plus en plus terrifiants sur sa lignée. Une hérédité sinistre à laquelle il semble impossible d’échapper.
Poisseux
Dans une grande pièce encombrée de bric-à-brac, le regard s’ajuste et détoure des maquettes posées un peu partout. Des paysages, des maisons, tout est d’une précision impeccable, d’un sens de la composition parfait. Lentement, la caméra s’oriente vers un intérieur, une tranche de demeure, se dirige plus précisément vers une chambre, qui finit par emplir l’ensemble du cadre. Naturellement, quelqu’un toque à la porte, l’ouvre, et pénètre dans la chambre. Ce plan et cet effet, certes globalement prévisible, posent les enjeux d’Hérédité : il sera ici question de faux semblants et de jeux de l’esprit.
Pour son premier long-métrage, Ari Aster choisit de se tourner vers une approche des grands classiques de l’horreur sous-jacente, à la Rosemary’s Baby, Ne vous retournez pas, ou, plus proche de nous, évoquant cette vague d’horreur indépendante qui veille à éviter le jumpscare facile, entre The Witch et It Follows. Son approche est de distiller les situations étranges, avec une approche de fantastique extrêmement classique ; on pourrait qualifier cela de « fantastique à la Maupassant », en ce que le propos est de venir troubler ce qui pourrait être une étude de mœurs par une irruption d’événements étranges qui, petit à petit, vont venir prendre possession du réel en faisant douter personnages et spectateurs.
héritages
À travers le portrait d’Annie, une mère de famille qui a longtemps vécu dans un rapport dysfonctionnel avec sa propre mère, dont l’entourage a souffert de troubles mentaux, et dont certains passifs laissent planer le doute sur son propre équilibre, le film choisit de prendre son temps, de dérouler un premier tiers très posé. Mais, tout autant, l’ambiance reste lourde, les détails dérangeants émaillent les plans, à l’aide notamment d’un sens du cadre qui ne faillira jamais. Nombre de plans offrent ainsi une vue de profil, le bas de l’écran coupé par un trait horizontal (via un tapis ou encore une séparation entre deux pièces), rappelant en permanence l’impression d’assister au jeu d’un enfant avec une maison de poupées à la précision implacable, contribuant au trouble imprégnant le récit. La question taraude : assistons-nous à une mise en abîme des dérives psychiques d’Annie amenée par la bande de la seule mise en scène ? Est-ce une fausse piste ? Se trame-t-il quelque chose d’autre ?
de la fine frontière entre réel et folie
Au milieu de ce rythme lent et poisseux, parfois contemplatif, jouant sur les attentes pour créer le trouble chez le spectateur, viennent frapper des séquences chocs, notamment au premier tiers du récit, qui fera basculer celui-ci vers une longue descente aux enfers. Celle-ci est accompagnée par des effets de mise en scène toujours plus troublants, comme un jeu de passer en un éclair d’un plan à un autre avec un même élément commun, que ce soit pour faire ressentir une bascule temporelle surprenante, marquer le trouble d’un personnage, ou créer un sentiment d’étrangeté par une rupture de montage inspirée. Le tout accompagné d’un travail hallucinant sur la bande-son, notamment par l’utilisation d’une mélodie lancinante en toile de fond, qui accompagne le récit d’une façon aussi troublante qu’obsédante pour le spectateur, refusant même de s’éclipser lorsque la bande-son principale cherche à s’imposer.
Si l’on pourra regretter une narration peut-être un peu confuse – mais qui s’éclaire en prenant le temps de remettre les pièces du puzzle dans le bon sens une fois sorti de la salle -, et surtout une conclusion qui, pour tétanisante qu’elle soit dans sa radicalité et sa mise en scène, embrasse et assume peut-être par trop une approche spectaculaire qui s’oppose à la grande subtilité du reste de film – même si certains choix d’analyse peuvent la justifier -, on ne peut qu’être emporté par l’ensemble, son ambiance redoutable, ses acteurs « du quotidien » (une fois n’est pas coutume, formidable Toni Collette). La confirmation qu’une angoisse sans effets dans tous les sens, sans explosions de surprise, peut happer son spectateur et l’emmener très loin dans les tréfonds de l’horreur, qu’elle soit purement humaine ou plus insidieusement fantastique, et le hanter longtemps après la découverte.
Image
Capturé en 2K le long métrage d’Ari Aster est une œuvre aussi fignolée que discrètement esthétique. Les effets de profondeur, les jeux sur les teintes éteintes ou puissantes, tout cela est admirablement transportée par ce master HD désormais transposé sur support UHD. Le rendu est forcément ultra propre et léché. Même si au format 4K il s’agit naturellement d’une prestation « boostée », le film y gagne largement en appuyant avec plus d’intensité sur les détails, la profondeur et surtout en gérant avec plus de facilité les anciens petits soucis de « banding » et de faiblesses des noirs du Bluray. Pas forcément l’UHD le plus puissant de sa génération mais une amélioration appréciable.
Son
Fin, subtile, vibrant, impétueux puis carrément flippant, le DTS HD Master Audio 5.1 est un modèle de maitrise du genre. D’un coté les dialogues sont parfaitement clairs et posés, les ambiances naturelles joliment disposées, alors que de l’autre la bande son aux bruits sourds, les curieuses apparitions fébriles et la terrible montée en puissance d’un écho caverneux, emplissent les surrounds et font vriller le caisson de basse. Terrifiant.
Interactivité
Un peu triste, Hérédité n’est pas vraiment choyé du coté des suppléments avec un simple featurette très classique en guide de making of et une sélection de scènes coupées qui montrent surtout que le réalisateur sait retirer le gras.
Liste des bonus
Making of, Scènes coupées, Galerie de photos, Bandes annonces.