HELLRAISER : BLOODLINE
États-Unis – 1996
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Kevin Yagher, Joe Chappelle
Acteurs : Doug Bradley, Bruce Ramsay, Valentina Vargas, Adam Scott, Kim Myers, Christine Harnos
Musique : Daniel Licht
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 82 minutes
Éditeur : L’Atelier d’images
Date de sortie : 22 août 2023
LE PITCH
Au XVIIe siècle, un riche et mystérieux aristocrate commande un puzzle en forme de boîte à un fabricant de jouets, Philippe Lemarchand. Ce jeu possède un pouvoir phénoménal… il peut faire surgir tous les démons de l’enfer. Mais il n’est pas sans conséquences : tous les descendants de Lemarchand seront à jamais maudits, à moins qu’ils ne trouvent le moyen de refermer la boite. Quatre siècles plus tard, un brillant scientifique, héritier de l’artisan, s’efforce de trouver la solution ultime pour vaincre le mal absolu…
« Fais moi mal Johnny »
Régulièrement réduite à une trilogie qualitative, la saga Hellraiser comprend pourtant un quatrième opus tout à fait honorable, en tous cas intéressant et dont les traces de l’ambition première persistent. Un film scarifié (comme ça on reste dans le thème) mais qui a tout de même quelques beaux restes.
De diptyque horrifique indépendant Hellraiser est rapidement, ça va avec le succès, en franchise pour studio américain. Moins intimiste, plus démonstratif, Hellraiser III d’Anthony Hickox marquait déjà un tournant pour l’univers cinématographique des cénobites, et Dimension, branche horreur de la Miramax des frères Weinstein, n’allait certainement pas s’arrêter en si bon chemin. Quitte a mettre plus généreusement son nez dedans. Les choses avaient pourtant bien commencé avec le scénariste Peter Atkins (Wishmaster) qui avait réussi à ramener Clive Barker à la table pour imaginer un film sur trois époques ( la France en perruque, le présent et le futur). afin d’explorer de manière inédite la mythologie d’Hellraiser et en particulier les liens entre les cénobites et la lignée des Marchand, créateurs du fameux puzzle capable des les invoquer. Ambitieux une nouvelle fois, surtout quand des cinéastes de la trempe de Guillermo Del Toro ou Stuart Gordon sont approchés.
Les pères de la douleur
Le projet finira cependant dans l’escarcelle d’un réalisateur débutant, Kevin Yagher alors seulement auteur de quelques (très bons) épisodes des Contes de la crypte, mais dont le nom est surtout reconnu pour ses talents de maquilleurs et de responsables d’effets spéciaux sur des films comme Vendredi 13 Chapitre final, Freddy 3 Les Griffes du cauchemar, Hidden ou The Borrower. Un connaisseur et un artisan capable de maitriser un film d’horreur, justement très friands d’effets latex, de créatures déformées et d’effets gores. Malheureusement, Dimension jusque-là essentiellement distributeur est en pleine transformation vers une authentique société de production et s’imagine devoir contrôler tous les projets de manière intrusive. A l’instar du massacre Halloween VI, Bloodline va peu à peu se transformer en chemin de croix pour ses auteurs poussant Peter Atkins à jeter l’éponge, avec le soutien de Barker, devant les demandes de transformation incessantes du script. Puis se sera finalement Kevin Yagher sur la dernière ligne droite du tournage, épuisé par le manque de confiance du studio qui lui avait octroyé sur le dos Joe Chappelle (justement le pauvre réalisateur d’Halloween VI) afin de s’assurer que leurs changements (un récit plus simpliste, une présence plus marquée de Pinhead…) soient suivies. Au réalisateur de secours d’achever les 10% manquant et de ramener les 100 minutes prévues à une durée plus resserrée et standards de 85 minutes. Outch.
L’enfant de la souffrance
Signé désormais Alan Smithee, Hellraiser Bloodline est forcément à l’arrivée un film sacrifié, malade et foncièrement déséquilibré. Les grandes victimes restant naturellement toute la section « historique », réduite à peau de chagrin (pourtant quelques plans inédits étaient visibles dans la bande annonce) et le personnage d’Angelique, figure dominatrice et séductrice dont le pouvoir et le potentiel ne sont finalement qu’effleuré dans la version finale au profit d’un Pinhead tout puissant et d’une section contemporaine plus prévisible. Pourtant Hellraiser Bloodline n’est pas tout à fait un foirage complet et préserve quelques très bonnes idées encore visibles comme ce lien à travers le temps avec les descendants de Merchant, les transformations de plus en plus grandiloquentes de la fameuse boite et l’apparition de nouveaux cénobites charismatiques : les deux jumeaux liés par le crâne, le chien décharnés ou Angélique dont les crochets tirants sur son scalp reforment la cornette des nonnes, en mode S&M. Et esthétiquement, le film se tient encore largement dépassant les limites de ses budgets avec des décors resserrés mais évocateurs, et des effets spéciaux tout à fait efficaces aussi bien dans les aspects les plus chairs que dans ses quelques inclusions d’images de synthèses essentiellement contenues dans la partie « Space Opera ».
Très en deçà de son potentiel, déconstruit et manquant ainsi de logique et de tension, Hellraiser Bloodline reste pourtant le dernier essai regardable de la série qui va par la suite s’enfoncer à vitesse sidérante dans la voie des DTV fauchés et des scripts vaguement retravaillés pour s’insérer dans les cadres de la franchise, telle que vue par Dimension. On ne les remercie pas.
Image
Ce n’est malheureusement pas la nouvelle copie restaurée 4K annoncée par Arrow pour le marché anglais qui a servi de base au transfert du Bluray français, mais bien un master déjà exploité aux USA depuis 2011. Ce dernier reste cependant tout à fait correct avec certes une définition qui manque d’intensité et des cadres où apparaissent encore points blancs et de légères instabilités, mais sans utilisation abusée de réducteur de bruit et gommage des matières initiales. Les couleurs et contrastes tiennent bien la route avec un rendu typique des années 90 (noirs profonds, reflets marrons et bleutés…) et les plans à effets spéciaux ne détonnent pas trop dans le tableau.
Son
Le doublage français d’origine tient encore plutôt bien la route et même si certains jeux font forcément un peu DTV. Le rendu général sobre et équilibré fonctionne plutôt bien. La version originale lui est bien entendu supérieure avec un DTD HD Master Audio 5.1 pas vraiment tonitruant mais qui ajoute tout de même quelques petites intentions sur les enceintes latérales et un peu de coffre supplémentaire à la voix caverneuse de Doug Bradley.
Interactivité
Là aussi l’édition de L’Atelier d’images va forcément un peu souffrir du comparatif avec le contenu du nouveau coffret prévus en Angleterre pour octobre prochain même s’il faut reconnaitre que les suppléments attachés au disque de Bloodline sont uniquement des interviews d’experts et autres discussions thématiques. Reste l’inconnu d’un nouveau Workprint (dommage que celui connu de 78 minutes ne soit pas intégré ici, tout comme la bande annonce d’origine) qui de toute façon ne pourra pas nous rendre le film fantasmé.
On peut cependant effectivement louer l’intervention de Xavier Desbarats, plume du site Devildead, qui reconstruit pas à pas et à grand renforts de détails et d’anecdotes, la production plus que chaotique du film, et surtout résume toutes les séquences disparues entre le scénario de Peter Atkins et le montage final afin de vraiment percevoir le massacre opéré sur la première partie (qui devait être tout simplement superbe). Le monsieur maitrise parfaitement son sujet et l’exercice devant la caméra.
Liste des bonus
Entretien avec Xavier Desbarats, chroniqueur chez Devildead.com et spécialiste de la licence Hellraiser (30’), Bandes-annonces.