HELLRAISER (2022)
États-Unis – 2022
Support : DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : David Bruckner
Acteurs : Odessa A’zion, Jamie Clayton, Goran Visnjic, Adam Faison, Drew Starkey, Brandon Flynn, Aoife Hinds, …
Musique : Ben Lovett
Durée : 116 minutes
Image : 2.39:1, 16/9
Son : Français & Anglais Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 11 octobre 2023
LE PITCH
Milliardaire hédoniste et sadique, Roland Voight sacrifie un jeune homme à des entités démoniaques afin d’obtenir une audience auprès d’une divinité infernale avant de disparaître sans laisser de traces. Six ans plus tard, Riley et son petit ami Trevor dérobent dans un coffre appartenant à Voight un cube-puzzle mystérieux appelé Configuration des Lamentations, …
Chemin de croix
Sortie du purgatoire où l’avaient enfermé les ignobles frères Weinstein, la franchise Hellraiser s’embourbe cette fois-ci dans un reboot ennuyeux, désincarné et impersonnel où le réalisateur des pourtant très recommandables Le Rituel et La Proie d’une Ombre semble littéralement pétrifié face au mythe imaginé par Clive Barker. Une fois encore, entre le spectateur et les victimes des Cénobites, difficile de deviner qui, au bout du compte, souffrira le plus.
La pensée peut faire sourire. Imaginez un film d’horreur dont les thématiques centrales seraient la souffrance, la luxure et la damnation, le tout exprimées au travers d’une imagerie sadomasochiste et fétichiste extrême et dont les droits finiraient entre les mains d’une fratrie de producteurs antipathiques dont l’une des spécialités est de pouvoir faire vivre un enfer à tous ceux qui auraient le malheur de s’associer à eux, par caprice ou par vengeance. Imaginez encore ces mêmes producteurs parvenant à mettre au supplice et à défigurer chaque fois davantage la franchise ainsi mise sur pied de suite minable en suite minable, ne justifiant la manœuvre que par appât du gain. Imaginez enfin le même duo de créanciers sociopathes produire en quelques jours au Mexique et pour le budget coton tige d’un film indépendant roumain une énième séquelle dans le seul but de garder les droits de la franchise en question, tout en faisant miroiter aux derniers fans pas encore résignés l’hypothèse d’un remake de luxe. Entre amertume et ironie, ce scénario improbable n’est qu’un résumé pas du tout exhaustif du traitement infligé par Harvey et Bob Weinstein au tout à fait culte Hellraiser de Clive Barker entre 1992 et 2018. Près de trois décennies (et huit long-métrages) à verser du gros sel sur des plaies béantes et de plus en plus infectées !
2018. Non contente de libérer la parole des femmes face à l’impunité des prédateurs sexuels, la vague #MeToo libère également Pinhead, ses Cénobites et le cube de Lemarchand des sales paluches d’Harvey Weinstein, laissant le champ libre à la résurrection tant attendue des créatures sulfureuses de Mr Barker …
Coïtus Interruptus
… et la déception n’en est que plus grande. Sur le papier, pourtant, Hellraiser 2022 avait tout pour plaire. L’appui financier de la chaîne de streaming Hulu, de 20th Century Studios et de la compagnie de production Spyglass, l’appui créatif de Clive Barker et de David S. Goyer et une mise en scène confiée à David Bruckner, cinéaste ô combien prometteur et dont les travaux transpirent de l’influence de l’auteur des « Livres de Sang ». Quant au choix de remplacer David Bradley par Jamie Clayton dans le rôle emblématique de Pinhead, il s’avère payant et fait taire absolument toutes les craintes. À vrai dire, avec son charme vénéneux et malsain, sa gestuelle inhumaine et un regard qui collerait des angoisses nocturnes au grand requin blanc des Dents de la mer, l’actrice queer de Sense8 est bien le seul élément marquant d’un tout petit film d’horreur étrangement dénué de la moindre ambition.
Trop long (presque deux heures au compteur), le film de David Bruckner souffre d’un script paresseux obéissant à une logique de slasher bas de gamme et de personnages horripilants et caricaturaux. Copie carbone de l’héroïne du reboot 2013 d’Evil Dead (pourquoi se gêner ?), Riley McKendry fait pâle figure si on la compare ne serait-ce qu’un instant à la Kirsty Cotton du film de 1987 et sa suite. Ce qui s’avère un peu problématique en termes d’identification. Pire encore, les quelques coups de théâtre d’un climax qui traîne effroyablement en longueur ne suscite qu’une poignée de bâillements et une belle dose de gêne. Avec un matériau aussi pauvre entre les mains, Bruckner abdique dès les premières minutes et met la chose en image avec tout le zèle d’un fonctionnaire chargé de combler un trou dans le catalogue automne/hiver de Netflix. Et ce ne sont pas une poignée de plans un tant soit peu inspirés, les citations ad hoc du score inimitable de Christopher Young ou encore le retour du Leviathan qui changent quoi ce soit à cette calamiteuse affaire.
C’est donc à se demander ce qui est le plus grave. Amputer et charcuter Hellraiser jusqu’à le réduire à une petite chose laide et sanguinolente recroquevillée dans le coin d’une chambre de motel qui sent l’urine faisandée comme les Weinstein ont pu le faire ou récupérer les restes pour en faire un meuble Ikea tout beau tout lisse et vendu à la sauvette. L’humiliation ou la gentrification ? Choisissez votre camp.
Image
Non seulement le nouvel Hellraiser aura mis près d’un an à nous parvenir mais ESC se permet de nous le jeter à la figure dans un simple DVD de facture discutable. Le support a beau être aujourd’hui obsolète, certains éditeurs font pourtant l’effort de le rendre présentable pour nos nouveaux écrans en très haute-définition. Ce n’est ici pas le cas, avec une définition tout juste correcte, une compression parfois visible et des contrastes et des couleurs qui ne font que très rarement des étincelles. Pour profiter des superbes maquillages des nouveaux Cénobites, il va donc falloir attendre une hypothétique galette bleue à l’import ou la sortie prochaine en VOD. Triste.
Son
Comme pour la partie image, le Dolby Digital fait ici le minimum, quel que soit la langue sélectionnée. Les effets sont hypertrophiés, les basses point le bout de leur nez à intervalles réguliers sans grande conviction et les dialogues restent plantés à l’avant. L’ensemble reste néanmoins propre et clair. Manquerait plus que ce soit de la bouillie …
Liste des bonus
Aucun.