HEART OF MIDNIGHT
Etats-Unis – 1988
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Matthew Chapman
Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Brenda Vaccaro, Nicholas Love, James Rebhorn, Tico Wells, Frank Stallone, Steve Buscemi, Denise Dumont, Peter Coyote…
Musique : Yanni
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2024
LE PITCH
Carol Rivers hérite de son oncle Fletcher une boîte de nuit, le Midnight. Tout juste rétablie d’une dépression nerveuse, elle décide de s’y installer, dans le but de la rénover. Mais une fois sur place, Carol se sent épiée, et même menacée par des inconnus au comportement étrange. En parcourant les lieux, Carol réalise que l’immeuble ne se limitait pas seulement à un night-club, mais servait également de maison de passe, destinée à une clientèle spécialisée dans les perversions sexuelles.
La Nuit est à elle
On ne se lasse pas de la Jennifer Jason Leigh des années 80, embarquée dans une succession de polars sulfureux, de rôles troubles et d’atmosphères aussi inquiétantes que moites. Vite vu à Avoriaz en 89 et aussi rapidement oublié, Heart of Midnight à certes tous les défauts du thriller érotique pseudo psychologique, mais aussi toutes les qualités d’un trip bien malade, voir pervers.
A peine échappée des affres de la toxicomanie décrits dans le polar dramatique Under Cover, Jennifer Jason Leigh retrouve son personnage de jeune femme paumée, hantée par quelques traumas et cultivant une forme d’attraction / répulsion irrépressible pour les sexualités hors-normes. Dans Heart of Midnight, elle joue donc Carol, heureuse destinatrice d’un héritage laissé par un tonton gentiment scabreux : un lupanar pour adeptes de sensations fortes. Réalisateur d’un Stranger Kiss d’honorable réputation et surtout futur scénariste d’opus aussi explicites que Jeux d’adultes et Color of Night, Matthew Chapman s’empresse bien entendu de faire louvoyer sa caméra le long des couloirs de la demeure, présentant une à une les pièces les plus exotiques : une salle purement S&M, une fausse plage en plastique, un intérieur design façon cauchemar 80’s… et même une chambre d’enfant. Premier indice que Heart of Midnight ne peut que déborder des cadres classiques du petit thriller osé et se diriger vers une atmosphère bien plus lourde et douteuse. Quelques mots échangés avec les bourrins d’ouvriers censés réhabiliter les lieux (dont un Steve Buscimi salace à souhait), un salut de la main à la fenêtre mal (de façon très malhonnête d’ailleurs) interprété et le film tourne au drame lorsque ces derniers attaquent la protagoniste, la frappent et la violent.
Dans la peau
Dès lors les murs semblent prendre vie, les portes se ferment toutes seules, les objets se déplacent, d’étranges bruits se font entendre et Carol ne sait plus si elle est victime d’une demeure hantée ou d’un effondrement annoncé de sa raison… qui portait déjà un lourd fardeau. On retrouve dans cet interstice constant entre le réel et l’irréel, la présence de l’excellent Everett de Roche (Long Weekend, Harlequin, Link…) au pitch initial, mais aussi des fibres polanskiennes dans cette manière de distordre le récit par la psyché perdue de son personnage féminin, ou des échos du David Lynch de Blue Velvet en pervertissant ainsi le quotidien en révélant sa face cachée. Même importance d’ailleurs de la figure féminine, victime constamment renvoyée à une faute originelle (il faut voir la déposition auprès du flic joué par un Frank Stallone lunaire) qui bataille avec un équilibre mental vacillant et de terribles souvenirs refoulés, pour faire son chemin au sein d’un lieu qui ressemble de plus en plus à son esprit. Maniant volontairement une esthétique autant porté sur le mauvais goûts rococo que sur un héritage gothique bienvenu, Matthew Chapman oscille pas toujours adroitement entre le téléfilm soft et ses détours à gros sabots (le personnage mollement interprété par Peter Coyote ne convainc pas vraiment) et le trip malaisant, presque onirique, culminant dans une dernière bobine où il sera question de secrets cachés dans les murs, de double torturé, d’avilissement total et de résilience salvatrice dans un tableau particulièrement casse-gueule.
Une proposition assez improbable, psychologique, fantastique, doucement érotique et clairement bordélique, mais tape à l’œil avec son imagerie clinquante, bizarrement glamour et un brin dégénéré où brille, comme toujours, la troublante Jennifer Jason Lee, moins dénudée qu’à son habitude, mais toujours mise à nue.
Image
Pas de grandes informations sur l’origine de cette copie HD déjà présente aux USA depuis une dizaine d’années, même si le résultat est tout de même plus que satisfaisant. Certes quelques restes de légères tâches ou de points blancs et la photographie plutôt douce, voir vaporeuse, ne facilitent pas le travail, mais dans l’ensemble les cadres sont très stables, les couleurs intensément chaudes et joliment contrastées et la définition fait de son mieux pour offrir une vraie présence à la profondeur, aux textures naturelles et au grain.
Son
Pas de grosses performances pour les pistes anglaise et française qui préservent leur stéréo d’origine, avec une certaine clarté et une légère dynamique avant, disposée sur un DTS HD Master Audio plus pointilleux. Comme toujours la version originale est plus convaincante avec un équilibre plus prononcé, là où le doublage peut écraser quelque peu les effets et les musiques.
Interactivité
Belle curiosité que nous a dégoté là Le Chat qui fume. A savoir les scènes coupées du premier montage du film plus long d’une bonne vingtaine de minutes, doté d’un générique plus démonstratif, développant le personnage de la mère de l’héroïne, s’attardant sur le second rôle de James Rebhorn et accentuant considérablement le climax par l’intervention bien malsaine de petits bourgeois en quêtes de sensations fortes. Proposé en SD car hérité d’une vieille copie DVD anglaise… On regrette peut-être juste de ne pas pouvoir visionner le film intégralement sous cette forme, tant il semble clairement mieux équilibré et plus limpide sur ses intentions.
Liste des bonus
Séquences coupées (26’), Bande-annonce.