En 2021 Disney + s’impose comme la nouvelle terre d’accueil des fans de Marvel en proposant pas moins de quatre séries coups sur coups. Les évènements resteront bien entendu Wandavision et Loki (même si là on peut avoir quelques réserves aussi) et même Falcon et le Soldat de l’hiver, ni cosmique ni magique, s’impose dans la continuité globale en suivant l’environnement politique des Captain America. A leurs côtés, le quatrième larron joue dans une autre catégorie, offrant enfin au personnage de Hawkeye, certes membre des Avengers mais toujours relégué au second plan, son propre programme. Une petite revanche pour Jeremy Renner qui en profite au passage pour dire plus ou moins au-revoir au personnage, pas mal chamboulé par les évènements d’Infinity War, comme la disparition temporaire de sa famille, sa reconversion en vigilante nommé Ronin et plus cruellement encore la disparation de sa meilleure amie, La Veuve noire. C’est dans ce contexte que s’installe Hawkeye, la série, nous ramenant à un Clint Barton quelque peu diminué (la bataille lui a abimé l’audition), qui pensait simplement passer quelques jours de vacances à New York, en famille, pour Noël.

« Now I Have a Bow. Ho ho Ho”

Rien n’est moins simple et tel un John McClane moderne le voici obligé de faire face à une bande de truands (le gang au jogging, très classe), de courir après un voleur de costumes (celui de Ronin), de plonger dans une guerre des gangs dévastatrice menée par le Caid (toujours Vincent d’Onofrio) et échapper aux tentatives de meurtres de la nouvelle veuve noire, Yelena, incarnée pour la première fois par l’excellente Florence Pugh. Six épisodes d’autant plus chargés, que la série est surtout l’occasion d’officier un passage de relais entre le vétéran fatigué et une nouvelle archère, Kate Bishop, bien plus jeune et délurée, trimbalant elle aussi une sacrée valise familiale. Totalement inspiré de l’excellente relecture officiée en comics en 2013 par Matt Fraction et David Aja, la série repose énormément sur cette alchimie entre le renfrogné, mais bienveillant, Jeremy Renner, et l’effrontée Hailee Steinfeld, autant que sur une ambiance bien plus festive que la plupart des autres productions du MCU. Il y a bien entendu cette atmosphère de conte de noël aussi prégnante que dans Die Hard (« Come out to the coast, we’ll get together, have a few laughs… »), mais aussi une volonté de revenir à une décontraction d’antan, plus portée sur les personnages, leur humour propre, et un regard ironique sur l’univers des super-héros. L’une des premières séquences montrant Clint Barton médusé devant une comédie musicale Avengers marque bien les intentions, tout comme les musiques bondissantes et légères du compositeur Christophe Beck qui n’a pas souvent été aussi en forme depuis l’arrêt de Buffy contre les vampires.

Fun, légère et décontractée, cette plongée dans la branche Marvel Knight du MCU a régulièrement des petits airs de pagaille pas totalement organisée, mais a tous les charmes d’un divertissement assez humble, préférant s’attarder sur les personnages, Hawkeye en particulier, plutôt que sur l’action à tout va et la pyrotechnie couteuse. Dommage que depuis toutes les jolies pistes disséminées ou les personnages (ré)introduits n’ont pas forcément trouvés d’échos convaincants. On attend toujours le retour de la jeune Hawkeye, de voir si un lien sera fait avec le Daredevil Born Again, et la série Echo autant que le retour de Yelena dans le film de la Veuve noire n’ont pas franchement fait d’étincelles. En ce temps-là, Marvel Studios savait encore viser à peu près juste.