HAROLD ET MAUDE
Harold & Maude – Etats-Unis – 1971
Support : Bluray
Genre : Comédie sentimentale
Réalisateur : Hal Ashby
Acteurs : Ruth Gordon, Bud Cort, Vivan Pickles, Cyril Cusack, Tom Skerritt…
Musique : Cat Stevens
Durée : 91 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais Dolby True HD 5.1, Français et allemand Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français, anglais, allemand…
Éditeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 08 décembre 2021
LE PITCH
Un garçon âgé de vingt ans, Harold vit un amour pur et réciproque avec une femme qui a cinquante-neuf ans de plus que lui, Maude…
L’Amour à mort
Lui est dépressif et fasciné par la mort, elle a 80 ans et a un sacré pète au casque, pourtant leur love story faut bien celle de… Love Story. Un petit pied-de-nez du futur réalisateur de La Dernière Corvée et Shampoo, à un tabou qui, mine de rien, à la dent dure.
Depuis adapté en roman, et en pièce de théâtre en France où le film a immédiatement joui d’une jolie reconnaissance, Harold et Maude aura dû attendre un lent bouche-à-oreille pour se faire connaitre aux Etats-Unis. Si aujourd’hui les spécialistes classent le film parmi les premiers jalons du fameux Hollywood, à l’époque dans l’Amérique de Nixon personne, ou presque, ne veut entendre parler de cette romance entre un jeune homme de vingt ans et une femme qui a l’âge d’être sa grand-mère. Surtout que Maud n’a rien de la Milf sexy croisée dans Le Lauréat ou Un été 42, mais affirme largement son âge et son passé. Cette crispation est parfaitement évoquée dans le film lorsque Harold annonce à sa mère qu’il a l’intention de se marier et que celle-ci fait appel à trois figures d’autorité masculine (représentant au passage des verrous de la société US), le psychiatre, l’oncle militaire et le curé, qui ne cachent pas leur dégoût pour le corps fripé de la dame. Symbolique, mais aussi hautement réjouissant, à l’image de l’entièreté du film qui joue sur la corde sensible de la comédie douce-amère, de l’évocation sentimentale qui s’entremêle avec la radioscopie de son temps.
L’amour n’a pas d’âge
Une approche qu’Ashby reproduira quatre ans plus tard avec Shampoo, mais qu’il dote ici d’une étrangeté plus poussée, d’une mélancolie poétique des plus touchantes. Avec son teint blafard, son œil morne, ses airs constamment déplacés et sa dégaine de croquemort, Harold a tout du anti-héros burtonnien avant l’heure, fasciné qu’il est en outre par la mort. Une passion qui l’amène à se lancer dans d’énormes canulars hilarants où il simule des suicides spectaculaires devant une mère impassible et blasée, ou à se rendre aux enterrements d’inconnus, cérémonies où il va finir par croiser la fameuse Maude. Elle aussi aime ces instants solennels, mais plus pour s’en moquer et pour affirmer cette vie qui déborde encore dans son esprit farfelu. Une mamie excentrique, ancienne combattante politique, survivante des camps de la mort (un plan seulement pour l’évoquer, magnifique de sobriété), libérant les arbres malades de la ville, conduisant comme une reprise de justice, et qui va illuminer le quotidien d’Harold, dépressif et mélancolique avéré. Délicat, poétique, sensible, la chronique, malgré ses touches d’humour noir féroce et son impertinence adolescente, fait parfois du sur-place, laissant se suivre les petites aventures et péripéties de ce couple hors du commun et il est vrai que le thème central semble moins perturbant aujourd’hui qu’il l’était en 1971. Mais glissant sur les mélodies folks de Cat Stevens, le couple lui résiste merveilleusement bien au temps, Bud Cort (MASH) campant avec sincérité ce portrait d’ado atypique, lunaire qui aurait trouvé sa place dans les mouvements gothiques des décennies suivantes, et surtout la malicieuse Ruth Gordon (la voisine inquiétante de Rosemary’s Baby) entrainant tout sur son passage, rouleau-compresseur de bonne humeur et de tendresse qui ramène son compagnon à la vie et lui apprend la joie d’exister. Ces deux êtres là, on continuera à les aimer quoi qu’il arrive.
Image
Longtemps exploité en vidéo par Criterion aux USA, Harold et Maude est repassé chez Paramount ce qui du coup en permet la distribution en HD en France. Le master utilisé reste cependant le même, soit une très jolie restauration effectuée à partir d’un scan 2K d’un internégatif 35mm. Une image sérieusement nettoyée, une palette de couleurs qui retrouve de son naturel, des contrastes bien marqués, des noirs stables… Même le grain assez prononcé s’intègre parfaitement dans le tableau.
Son
Bien décantée pour l’occasion, la piste sonore originale gagne une clarté rafraichie, une petite dynamique naturelle et surtout une limpidité particulièrement appréciable lorsque Cat Stevens prend sa guitare. Plus étouffée, la version française reste agréable mais accuse beaucoup plus son âge.
Interactivité
Au changement d’éditeur, la galette Bluray a perdu deux segments composés d’extraits audios d’interviews d’Hal Ashby et de Colin Higgins, ainsi qu’un commentaire audio enregistré par un journaliste. Seul bonus survivant, la rencontre avec Cat Stevens permet de revenir sur sa participation au film, le choix des chansons ou la reprise dans le film du thème par Ruth Gordon. Sympathique mais bien court.
Liste des bonus
Yusuf/Cat Stevens (12’), Bandes annonces.