HARD ROCK ZOMBIES
Etats-Unis – 1984
Support : Bluray
Genre : Horreur, Comédie
Réalisateur : Krishna Shah
Acteurs : E.J. Curse, Sam Mann, Geno Andrews, Mick McMains, Ted Wells, Richard Vidan, David O’Hara…
Musique : Paul Sabu
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 98 minutes
Editeur : Pulse Vidéo
Date de sortie : 1er févier 2024
LE PITCH
Un groupe de Heavy Metal est invité à se produire dans une petite bourgade américaine en apparence bien tranquille, qui abrite en réalité une famille de mutants sanguinaires dont le patriarche n’est autre que Adolf Hitler ! Revenus d’entre les morts, les membres du groupe vont devoir déjouer l’infâme projet du IVème Reich zombie !
La musique qui ré-enterre les morts
On l’avait croisé dans le vidéoclub de la rue d’en bas sous le titre très générique de La Vengeance des morts-vivants ou même sobrement Rock Zombies, le revoici dans toute sa gloire, en HD et tout plein de bonus en prime, sous son véritable et glorieux titre de Hard Rock Zombies. 40 ans, toutes ses dents, et surtout une âme de nanar qui frôle le culte.
Question de remplir les petites salles bis et les linéaires des revendeurs de vidéos (marché exponentiel en ce temps-là) le moindre petit producteur ou réalisateur malin s’imaginait dans les années 80 pouvoir signer son film d’horreur perso. Un peu de sang, un peu de gore, une vague histoire, quelques clichés dans l’air du temps et roulez jeunesse. Le film ici en question poussa même le vice à n’être au départ qu’un film dans le film pour la petite comédie American Drive-In : un petit segment d’un peu moins de vingt minutes mais dont le concept enthousiasma tellement son réalisateur Krishna Shah qu’il décida d’en faire un long métrage. Rien de bien compliqué, à cette simple histoire d’un groupe de métal à moustache et coupe mulet souvent en slip, pourquoi ne pas ajouter une famille totalement déviante et sadique, un patelin de réac craignant pour la morale de la jeunesse (du seeeexe et de la drogue messieurs mesdames !) et puis transformer tout ce beau monde en zombies question de préparer le 4ème Reich. Ah oui, le papy qui parle avec un vague accent allemand et laisse ses petits fils nains (dont l’un totalement difforme) le mater copuler avec mamie n’est autre qu’Adolf Hitler ! Un scénario absolument navrant, parfois incompréhensible, construit comme une succession de scènes collées les unes aux autres, pour un film qui mélange horreur et comédie sans que l’on sache jamais la part volontaire ou non, mais aussi un romantisme sirupeux au possible entre le leader du groupe (E.J. Curse futur leader et bassiste du groupe Silent Rage produit par Gene Simmons… comme quoi) et une adolescente qui passait par là, le tout enrubannée par de nombreuses sessions de Glam Rock variétoche.
Jusqu’à la tombe
Sans doute est-ce dû à ses origines indiennes, mais Krishna Shah les aime beaucoup ses séquences musicales, les étirant au-delà du raisonnable, les filmant comme un mauvais clip et n’hésitant pas à contaminer le reste du film d’élans musicaux comme cette demoiselle zombies (avant tentatrice à poil) qui ne cesse de danser en collants d’aérobic dans la rue. Car oui il y a tout de même quelques morts-vivants, tour à tour maquillés avec du fond de teint blanc, deux-trois autres affublés d’un masque dégueu mal posé (ça pendouille au niveau du cou), quelques cicatrices plus crédibles, mais surtout des acteurs qui semblent tous jouer dans un film différent et pour certains qui n’ont manifestement jamais vu un film de zombies. Un film nawak total filmé comme du Lelouch bourré (ça tourne beaucoup) dont s’échappent tout de même quelques idées totalement lunaires et hilarantes comme ses pauvres humains qui se cachent derrières des affiches de stars décédés pour tromper les zombies, une donzelle qui se promène partout avec la tête arrachée de son fiancée et un nain monstrueux qui s’auto-dévore dans une succession d’intermèdes aussi gratuites que joyeusement dégueu.
Pour ça et pour tout le reste (les mauvais acteurs, le montage foiré, les maquillages aléatoires, les gags débiles et les ambitions artistiques démesurées du metteur en scène), Hard Rock Zombies possède effectivement ce petit truc en plus qui le rend assez irrésistible au 2000ème degré.
Image
Il n’y avait effectivement que Vinegar Syndrome qui pouvait fournir de tels efforts sur un film comme celui-ci. Encore une fois la restauration est admirable pour un tout petit bis. Le master a été produit à partir d’une copie 35mm (les négatifs ont été perdu) scanné en 2K et restauré avec beaucoup de sérieux : quelques rares restes de taches et griffues persistent parfois mais le grain, présent, est admirablement géré et les couleurs, chaudes et contrastées, retrouvent une seconde jeunesse. La définition est bien creusée, la profondeur affleure avec naturel et seuls les plans les plus gores qui avaient été expurgés pour obtenir un classement R sautent aux yeux. Forcément ceux-ci n’existent plus que sous la forme du source vidéo SD. Là aussi un effort a été fournis pour que la différence de qualité soit la moins génante possible.
Son
Profitant désormais d’un petit DTS HD Master Audio la version stéréo d’origine ne va pas faire de grande prouesse mais affirme tout de même une restitution bien ferme et claire… enfin aussi claire que la captation d’origine ne le permet. Quelques fluctuations dues à la prise sur le vif existent mais restent dans le ton et les performances musicale se montrent relativement énergiques. Un peu plus daté, le doublage français est marqué par un effet de distance et un aplatissement général typique des bonnes vieilles VHS de l’époque.
Interactivité
Pulse Video sait soigner ses classiques de vidéoclub et laisse la nostalgie agir. Encore une fois l’édition s’avère extrêmement complète, reprenant déjà l’intégralité des suppléments de l’édition américaine. Mine de rien le film se paye un documentaire de plus d’une heure réunissant une grande part du casting masculin principal mélangeant de nombreuses anecdotes de tournages, quelques souvenirs amusés, un retour sur les tensions lors de la sortie du film (certains exigeaient d’être payé, non mais franchement !), la gêne et la surprise devant le statut obtenu par le métrage au cours des années et même l’impact positif que celui-ci a pu avoir sur leur carrière (en particulier pour E.J. Curse). Pas de langue de bois non plus du coté de la rencontre avec deux des responsables des effets spéciaux, alors presque débutants et balancés dans le bain sans vraiment de budget mais avec beaucoup de débrouille et d’abnégation. Autre personne qui a gagné à participer, même très succinctement au film, Susette Boggs raconte comment ce dernier lui a permis de faire produire les albums de son propre groupe de rock, uniquement féminin. On trouve aussi une présentation / pseudo analyse du film enthousiaste signée par une inconditionnelle du film, autrice d’un livre US sur les films Rock Camp.
Mais Puse Video s’est aussi amusé à glissé dans la section bonus quelques petites friandises de son propre cru avec une version VHS intégrale à l’image bien crado, un karaoké zombie (très con, donc très drôle) et une sélection irrésistible de bandes annonces de classiques des vidéoclubs avec du sang, des morts et du rock’n’roll bien entendu.
Liste des bonus
Zombie Karaoké, Le Film en VHS-vision, Making-of avec la participation des acteurs EJ Curse, Sam Mann, Geno Andrews, Mick McMains, Ted Wells, Richard Vidan and David O’Hara (66’), Featurette sur les effets spéciaux du film (21’), Entretien avec l’actrice Susette Boggs (11’), Entretien avec l’autrice et grande fan du film Lucy Hall (10’), Rock Massacre : sélection de bandes-annonces par Otto Rivers (12’).