GUERRES DE L’OMBRE
Undeclared War – Hong-Kong – 1990
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Ringo Lam
Acteurs : Danny Lee, Olivia Hussey, Peter Liapis, Rosamund Kwan, Vernon Wells, Wong Kwong-Leung…
Musique : Noel Quinlan
Image : 2.35 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 107 minutes
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 20 août 2024
LE PITCH
La CIA et la police de Hong Kong font équipe dans la traque du leader terroriste de « l’Armée de libération » qui a assassiné un ambassadeur américain. La prochaine cible des terroristes est une délégation américaine qui vient d’arriver sur le sol hongkongais…
Start on fire
Franchement boudé lors de sa sortie à Hong-Kong et à l’international, et même régulièrement considéré comme une proposition très anecdotique, voir même un nanar pour certains (HK Magazine pour ne pas les citer), Guerres de l’ombre n’est certes pas le plus grand film de Ringo Lam, mais il reste un polar efficace, parfois surprenant, portant indéniablement la marque de son auteur.
L’autre grand nom de l’âge d’or du cinéma HK, aux cotés de l’expérimental Tsui Hark et du lyrique et virtuose John Woo, Ringo Lam aura imposé sa signature sur des polars beaucoup plus brutaux, violents et secs que ses chers collègues. Mais à la fin des années 80, les fondations de l’industrie commencent à s’effriter et la position du cinéaste n’est pas des plus confortables, lui qui vient de quitter la Cinema City pour se lancer dans la production et qui a connu un sacré revers avec l’échec, et les coups de la censure, pour son School on Fire. C’est le temps de la remise en question en somme et après un précédent Wild Search avec Chow Yun Fat brassant les codes du polar avec des accents de mélodrame, Lam commence à se tourner vers l’international. Objet curieux donc que ce Undeclared War qui s’écarte des habituelles confrontations à raz le bitume et les éclairages très précis sur le quotidien de l’archipel, pour un métrage aux accents de thriller d’espionnage qui s’offre même une longue ouverture du côté de la Pologne, pour bien camper son contexte politique et sa dramaturgie installée dans le décor de la Guerre Froide. Il s’agit donc d’un groupuscule terroriste russe d’extrême gauche ne gouttant peu l’affaiblissement du bloc communiste qui après avoir assassiné un ambassadeur américain, et toute sa famille, à Varsovie, prépare un nouvel attentat lors d’un sommet à Hong-Kong.
Double détente
Le récit d’une simple traque, qui reprend même quelques codes du fameux buddy movie américain en associant l’agent de la CIA Gary Redner (Peter Liapis, visage de quelques série B U.S.) et l’inspecteur Bong (toujours solide Danny Lee) aux personnalités et aux méthodes bien entendu de prime abord très opposées, mais où la franche rigolade habituelle est tout de même largement tempérée par la noirceur des protagonistes. Ainsi le fier agent ricain, fort en gueule forcément, n’hésite pas à mener sa vendetta personnelle (la femme de l’ambassadeur était sa sœur) en sombrant dans la torture nauséabonde, tandis que les méchants de l’affaire se partagent entre une Olivia Hussey (ex Juliette chez Zeffirelli) véritablement convaincue mais rapidement sacrifiée et un terrible Vernon Wells, échappé de Mad Max 2, bien plus intéressé par la violence et ses ambitions meurtrières qu’un quelconque message. Naturellement, le film ne peut alors que vriller vers le chaos habituel des films de Ringo Lam avec ses gunfights nerveux aux bodycount jamais négligeables, et vers une mise en exergue de l’amoralité certaine d’un monde pétrie de violence, mais sans jamais se départir d’un réalisme plus roots. Souvent critiqué à l’époque, le choix de jouer le film dans un mélange de cantonnais et d’anglais, ne facilitant pas toujours le travail des acteurs locaux (dont la jolie Rosamund Kwan qui bataille avec son accents très prononcé), ajoute pourtant un soupçon supplémentaire de crédibilité à l’ensemble tout autant que souligne à quelques occasions l’opposition culturelle entre les personnages purement hongkongais et les représentants américains et anglais qui se trimballent comme en terrain conquis. Dans un pays vivant alors avec l’épée de Damoclès de la rétrocession au-dessus de la tête et trainant quelques dizaines d’années de mauvais traitement des colons, Guerres de l’ombre rappelle que les influences internationales ne sont pas toujours une bonne chose. Loin de là.
Sous des dehors de simple série B entre polar et action, école HK et inspirations américaines, Guerres de l’ombre n’a pas forcément la même rigueur que d’autres essais plus renversants signés Ringo Lam comme City on Fire et Full Contact, mais n’en est pas moins une proposition intéressante, et bien plus riche que sa mauvaise réputation ne voudrait le faire croire.
Image
Nouveau master 2K ne veut pas forcément dire la panacée… en particulier lorsqu’il s’agit d’un film HK, ces derniers ne profitant pas toujours des meilleurs traitements et de la meilleure préservation. Pour Guerres de l’ombre en l’occurrence il s’agit clairement d’un ancien master vidéo remanié avec divers outils pour se donner un petit coup de frais. Les petites taches blanches et légères fluctuations de teintes et de textures sont toujours visibles, tandis que régulièrement les bords du cadre floconnent. Heureusement les couleurs sont plutôt bien contrastées dans leur ensemble et certaines séquences affirment un piqué plutôt efficace et solide. La définition reste cependant trop douce et irrégulière pour convaincre.
Son
Le mono disposé en DTS HD Master Audio est lui encore très marqués par ses origines avec des effets de saturations et de chuintements pas si rares que ça. La dynamique est claire et sur les avants, les dialogues bien posés mais ça grésille un peu quand même.
Interactivité
Comme pour les autres titres de cette collection HK à prix raisonnable, Guerres de l’ombre n’est accompagné en supplément que de l’unique présentation express du film par Jean-Pierre Dionnet et datant de la sortie du film dans sa collection DVD Asian Star. Ça fait short.
Liste des bonus
Présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (2’), Bandes-annonces.