GREAT JAILBREAK
大脱獄 – Japon – 1975
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Teruo Ishii
Acteurs : Ken Katakura, Nana Kinomi, Bunta Sugawara, Eiji Gô, Kunie Tanaka, Asao Koike…
Musique : Hashiro Aoyama
Durée : 90 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Roboto Films
Date de sortie : 5 septembre 2024
LE PITCH
Chiro, condamné à mort, attend son exécution dans le couloir de la mort de la prison d’Abashiri après avoir été trahi par ses anciens acolytes. Avec d’autres co-détenus, il s’évade de prison pour préparer sa vengeance. Mais le climat extrême du nord du Japon ne va pas leur faciliter la tâche.
Règlement de compte à Abashiri
Après s’être brillamment fait remarquer il y a quelques mois en exhumant deux films de Kinji Fukasaku, le jeune éditeur Roboto Films continue d’arpenter le patrimoine japonais. Si l’attention de cette seconde salve attire les regards sur le coffret gargantuesque de Gamera, il est intéressant de se concentrer sur leur sortie beaucoup plus confidentielle, le Great Jailbreak de Teruo Ishii.
Le quizz du jour sera de savoir qui parmi vous connaît les Abashiri prison ? Succès surprise en son pays, le premier film fera plein de petits frères ayant pour lieu le même endroit, une trame assez peu variable et une composition musicale commune lançant un sous genre ultra codifié. C’est simple, les Anglais ont les James Bond et les Japonais ont leur Abashiri prison. Même si les genres sont différents, ce sont devenus de véritables filons dans le temps. Dix-huit longs métrages au compteur pour cette saga japonaise qui a pour toile de fond le milieu carcéral dans cette ville de la province d’Hokkaido. Parmi eux, dix sont réalisés en l’espace de trois ans par le prolifique Teruo Ishii (Femmes Criminelles). Il avait juré que l’on ne le reprendrait plus, mais grand prince, le roi du culte comme on le surnomme là-bas, rempile une dernière fois tout en n’en faisant qu’à sa tête. Ponctuant son film d’éléments qui lui sont propres, il transgresse les codes établis pour en faire un épisode à part. Résultat des courses, à l’instar du James Bond non officiel Jamais plus jamais, le film ne comporte pas le thème musical de la saga et le nom d’Abashiri n’est jamais cité.
Chemin boueux
Avec ce film, Teruo Ishii réunit pour la première fois à l’écran Ken Katakura, figure majeure de films de Yakuza version 60’s, et le bad boy nippon Bunto Sagawara. Aux limites du docu fiction, le réalisateur enchaîne les présentations de ces condamnés en attente de leur exécution par un arrêt sur image descriptif type manchette de journal. Le spectateur est fixé, le film sera âpre et cruel comme un fait divers. Tout ce beau monde s’évadera avec plus ou moins de succès et Ishii de s’amuser en nous balader d’un genre à l’autre. Rien n’est balisé avec lui, on ne sait jamais où l’histoire nous emmènera. Certainement pas sur ce final aux accents graphiques surprenants et choquants en opposition totale avec la retenue visuelle si longtemps gardée par le cinéaste. Un passage à l’acte rapide et sans concession comme un duel au sabre. Un dernier acte ferroviaire aux accents de règlement de compte. Un peu comme ceux du metteur en scène qui parsème son film de propos idéologiques parfois bien personnels comme le fait remarquer avec raison Julien Séveon dans les bonus accompagnant ce Great Jailbreak.
Œuvre de commande, Ishii arrive à naviguer entre deux eaux combinant cahier des charges et pique personnelle. Au premier abord, le film est un très bon divertissement, et en grattant un petit peu plus, on retrouve un metteur en scène blasé mais toujours en pleine possession de ses moyens. Teruo Ishii s’est offert une belle recréation.
Image
Pour la première sortie du film hors du Japon, Roboto peut être fier. La restauration est probante mais sa propreté laisse les transparences et les surimpressions plus visibles. Néanmoins le travail est évident notamment dans les plans en pleine nature où les contrastes sont solides. Voir ce film méconnu dans de telles conditions est une véritable aubaine.
Son
Le master se concentre sur la piste originale. Le film n’étant jamais doublé. Respectueux du master original, il s’agrémente d’une piste DTS pour un équilibre soigné notamment dans son climax.
Interactivité
L’intervention de Julien Séveon est l’élément indispensable à cette édition. Il permet aux incultes que nous sommes de nous éclairer sur le phénomène des « Abashiri prison ». Saga d’importance au pays du soleil levant et quasiment inconnue dans notre pays gaulois. Son éclairage permet d’aborder ce film avec des clés non négligeables pour comprendre l’implication de Ishii dans cette aventure. Un livret accompagne le coffret avec des illustrations et des interventions de spécialistes de la Toei.
Liste des bonus
Livret de 36 pages, Histoires de prison par Julien Seveon (24’), Bande annonce du catalogue éditeur.