GOUVERNEUR MALGRÉ LUI
The Great McGinty – États-Unis – 1940
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie
Réalisateur : Preston Sturges
Acteurs : Brian Donlevy, Muriel Angelus, Akim Tamiroff, Allyn Joslyn, William Demarest
Musique : Friedrich Hollaender
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 82 minutes
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 09 mai 2023
LE PITCH
Tourmenté par sa conscience à cause d’un moment de malhonnêteté, un comptable veut se suicider. Pour le dissuader, un barman lui raconte comment un moment d’honnêteté lui a coûté sa place de gouverneur…
McGinty n’atteindra pas le Sénat
Scénariste star de l’âge d’or Hollywoodien, Preston Sturges (Madame et ses flirts, Infidèlement vôtre…) passe enfin à la réalisation en 1940 avec Gouverneur malgré lui. Un premier essai qui expose tout la précision de son écriture, sa verve comique et sa vision cinglante du fameux rêve américain.
Preston Sturges est déjà un auteur incontournable lorsqu’il réussit à convaincre la Universal de lui laisser la réalisation de son dernier scénario, Gouverneur malgré lui. Un petit évènement dans le Landerneau puisque le cumul des postes n’était vraiment chose admise alors, et l’effort de Sturges va permettre à toute une génération de scénaristes d’imposer totalement leurs visions les années suivantes. La marque d’une volonté de fer en tous cas et d’une signature qui s’affirme pleinement dans cette première œuvre complète où l’on reconnait immédiatement le mélange des genres dont il est coutumier avec un schéma classique de l’ascension/chute qu’il aborde avec un regard presque aussi dévoyé que son personnage principal. Un ancien clochard remarqué pour son talent à tricher dans les urnes, qui devient rapidement gros bras / maitre chanteur s’attirant les sympathies du boss mafieux qui décide de le faire élire à la municipalité avant de lui proposer ni plus ni moins que le poste de gouverneur. On est très loin des fables morales et convaincu de Frank Capra, puisqu’ici les postes à haute autorité ne sont synonymes que de pot-de-vin en pagaille, de manipulations de la plèbe, de corruption généralisée où tous le monde se graisse la patte sur les grands travaux plutôt que d’œuvrer pour le bien être des petites gens.
Truandes éléctorales
Cynique, Sturges détourne même le seul grand élan d’honnêteté et de conviction de McGinty, enfin convaincu par son épouse (un mariage arrangé pour séduire les électrices d’ailleurs), en faisant plus ou moins la cause de sa chute prévisible. L’American Way et le modèle économique et sociale plébiscité dans ces années post-New Deal en prend un sacré coup, avec parfois un symbolisme appuyé (le Capitole décrit comme « fissuré »). Mais si le cinéaste s’y attaque avec beaucoup de justesse et de fatalisme, il le fait aussi avec énormément de légèreté et de finesse. Grand adepte et spécialiste de la screwball comedy, il en badigeonne l’ensemble avec générosité, multipliant les gags rocambolesques, les chutes catastrophes et même les bagarres entre McGinty et le Boss, véritable gamins irresponsables et impulsifs qui ne semblent jamais vraiment apprendre de leurs erreurs. Seul personnage droit et conscient du film, l’épouse du protagoniste, ex-secrétaire, veuve et mère de famille, apporte un semblant de maturité au tableau d’ensemble, capable parfois de faire plier l’immoralité généralisée vers des questions plus cruciales (le travail des enfants). Mais son personnage reste malheureusement trop accessoire peinant à trouver sa place dans le récit malgré une romance prévisible (la comédie du remariage déjà en place) mais presque accessoire. La faute peut-être à des acteurs certes appliqués, mais manquant effectivement du charisme de stars comme Henry Fonda, Barbara Stanwyck, Veronica Lake ou Rex Harrison, qui croiseront par la suite la route du réalisateur.
Quelques maladresses, soit, mais un premier film qui outre une écriture toujours aussi corrosive, démontre déjà toute la maitrise du rythme et de la construction scénique pour un Preston Sturges souvent consacré, à raison, comme le roi de la comédie américaine des années 40.
Image
Éléphant semble reprendre ici la récente restauration produite et distribuée par Kino Lorber il y a deux ans aux USA. Une restauration 4K vraiment impressionnante malgré quelques fioritures dans les fondus de transitions et toujours marquée de petites marques de l’âge, qui impose effectivement des cadres admirablement nettoyés, des contrastes remodelés et une définition étonnante, dotée d’un joli grain, pour une production finalement assez modeste.
Son
Pas de version française à l’horizon, mais une version originale mono dans un DTS HD Master Audio 2.0 tout à fait clair et équilibré. Un tout petit frémissement vibre loin en arrière-plan mais il faut vraiment tendre l’oreille.
Interactivité
La présentation du film a été confiée à Nathalie Bittinger, auteur de nombreux ouvrage sur le cinéma et en particulier sur le cinéma asiatique, qui resitue le film dans la carrière de Preston Sturges, le pari hollywoodien qu’il représentait puis s’attarde plus largement sur sa construction et ses thèmes. Classique, mais agréable.
Liste des bonus
Le film par Nathalie Bittinger (19’), Bande-annonce