GORKY PARK
Etats-Unis – 1983
Support : Bluray
Genre : Thriller, Espionnage
Réalisateur : Michael Apted
Acteurs : Brian Dennehy, William Hurt, Lee Marvin, Joanna Pacula, Michael Elphick
Musique : James Horner
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 128 minutes
Éditeur : L’Atelier d’Images
Date de sortie : 3 janvier 2023
LE PITCH
L’inspecteur Arkady Renko est chargé d’enquêter sur un triple meurtre survenu au Gorky Park à Moscou. En tentant de lever le voile sur cette affaire sensible, il s’oppose au KGB, découvre l’implication d’un richissime homme d’affaires américain avant de réaliser que cette histoire a également des répercussions personnelles qu’il n’avait pas anticipées…
Un flic à Moscou
Après la sortie de Chiens de guerre ou encore Sanglantes confessions, L’atelier d’images continue d’exhumer des films américains des années 1980 injustement oubliés avec cette fois-ci le Gorky Park de Michael Apted. Proposé en HD, ce thriller teinté d’espionnage au casting solide mérite clairement la (re)découverte.
En 1983, les relations entre le monde occidental et la Russie (alors URSS) étaient, déjà, particulièrement glaciales notamment en raison de la crise des euromissiles. Voire même au bord de l’implosion après qu’un Boeing de la Korean Air Lines soit abattu en septembre par les russes avec à son bord un membre de la chambre des représentants américaine, Larry McDonald. C’est dans ce contexte que sortit en décembre Gorky Park qui loin d’être un film proaméricain (on y voit la collaboration entre deux policiers, russe et américain) s’avère au contraire un polar nuancé se déroulant principalement en Russie. Malgré une réception critique plutôt positive, le public américain bouda au contraire un film qui méritait bien mieux que l’oubli dans lequel il tomba.
Adapté du roman éponyme de Martin Cruz Smith, véritable « best-seller » en 1981, le scénario de Dennis Potter narre l’enquête minutieuse d’un policier de Moscou, Arkady Renko, après la découverte de trois cadavres horriblement mutilés dans le Parc Gorki. Malgré un tournage effectué à Helsinki en Finlande, la réalisation appliquée de Michael Apted rend réaliste les déambulations « moscovites » d’un William Hurt convaincant dans une atmosphère glacée bien rendue par la photographie du film. Le réalisateur britannique signe alors son septième long-métrage (Stardust, Nashville Lady…) et s’avère très à l’aise dans le thriller comme il l’avait déjà montré avec le très recommandable The Squeeze en 1977.
Une russie « so british »
Bien qu’avare en action, Gorky Park est doté d’une violence sèche et brutale, d’un humour noir « so british » et d’un joli casting composé notamment de Brian Dennehy (Rambo) et d’un Lee Marvin impérial, alors au crépuscule de sa carrière. On suit avec plaisir les recherches du solitaire Renko, balancé entre tensions avec le KGB, son attirance pour une suspecte (Joanna Pacula, polonaise proposée par Roman Polanski à Apted), et un homme d’affaires américain, amateur de zibelines (petit mammifère utilisé pour la fourrure de luxe)… Néanmoins la dernière partie lorgne clairement vers le film d’espionnage, teinté de mélo, et se montre bien moins audacieuse, originale et percutante que la première partie.
Film américain, composé d’un casting très britannique (les excellents Ian Bannen, Richard Griffiths, Rikki Fulton…) et réalisé par un anglais sur le sol européen, Gorky Park doit également son semi-échec à un problème de langues… En effet, dans le but de bien dissocier les protagonistes américains et russes, Apted décida que les russes adopteraient un accent « british « … ce qui provoqua pas mal de moqueries et rend très particulière la vision du film en version originale !
Toutefois, la Bande originale de James Horner, qui cite clairement ses BO passées et à venir comme 48 heures (1982) et Commando (1985), mettra tout le monde (ou presque) d’accord, tant elle s’avère efficace s’infiltrant à merveille dans ce récit obscur. Malgré quelques petites réserves, ce Gorky Park demeure donc un film solide et recommandable, digne représentant des bons thrillers américains des années 1980.
Image
Le Master HD restauré présenté ici semble dater de 2014, date de l’édition américaine. Sans être idéale, la copie assure l’essentiel en nous proposant des images stables, une définition correcte ainsi qu’un contraste des couleurs réussi.
Son
Outre les réserves qu’on peut avoir concernant la version originale (et ses accents britanniques), elle s’avère la plus équilibrée et claire des deux versions présentées.
Interactivité
Pour conclure cette belle édition, L’atelier d’images nous propose des bonus très intéressants. Le journaliste cinéma Philippe Guedj rappelle la filmographie conséquente de Apted (Le Monde ne suffit pas, Narnia 3, Gorilles dans la brume…) marquée par une forte diversité, le britannique étant considéré comme un « Yes man ». Évoquant également le contexte géopolitique troublé d’alors, il estime que le film s’est bonifié avec le temps et se montre « bien meilleur que Double détente », autre polar russophile sorti quelques années plus tard.
Enfin, l’édition inclut un entretien avec le réalisateur qui ne se rappelait presque pas ce film qu’il a revu pour l’occasion ! Il évoque un « Lee Marvin, très malade. Un vrai pro, un homme distingué » qui prit le jeune William Hurt sous son aile durant le tournage. Apted trouve « que la majeure partie du film fonctionne bien » et évoque le souvenir d’une scène compliqué avec les zibelines lors du final du film…
Liste des bonus
Réhabiliter Gorky Park avec Philippe Guedj (25′), Entretien avec Michael Apted (15′), Bande-annonce (2′).