GORGEOUS
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玻璃樽 – Hong-Kong – 1999
Support : Bluray
Genre : Comédie romantique, Action
Réalisateur : Vincent Kok
Acteurs : Jackie Chan, Shu Qi, Tony Leung Chiu-wai, Emil Chau, Richie Jen, Lo-Wai Kwong, Stephen Chow, Bradley James Allan…
Musique : Wong Dan-yee
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 Cantonais et Mandarin, DTS HD Master Audio 5.1 Cantonnais et Français (montage international)
Sous-titres : Français
Durée : 121 minutes
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 10 décembre 2024
LE PITCH
À Taïwan, une jeune femme amie avec un dauphin découvre une bouteille jetée à la mer contenant un message d’amour à l’intérieur. Touchée par le message, elle décide de rendre visite à l’envoyeur, à Hong Kong, et va faire la connaissance d’un riche homme d’affaire écolo, pratiquant du Kung Fu à ses heures perdues…
Jackie in Love
Devenu enfin la star planétaire qu’il rêvait d’être grâce au succès sidérant du premier Rush Hour, Jackie Chan revient un temps à Hong-Kong le temps de s’essayer à la romance. Un choix étrange pour un acteur qui n’a jamais été trop à l’aise sur ce terrain-là, mais heureusement il y a dans Gorgeous toujours une dose de comédie et d’action. Ouf.
Produit en pleine hype américaine, pile entre le premier Rush Hour et le premier Shanghai Kid, Gorgeous aurait pu marquer un retour aux fondamentaux pour Jackie Chan, un bon moyen d’assurer les codes de son propre cinéma d’action avant de se faire dévorer tout cru par Hollywood. L’acteur, producteur et chorégraphe se sent cependant pousser des ailes et s’imaginer devenir le héros d’une authentique comédie romantique. Risqué car même si ce type d’historiettes était bel et bien présent dans son cinéma, il était essentiellement relégué au second plan, accessoire narratif obligatoire ou prétexte à quelques gags supplémentaires (voir la pauvre Maggie Cheung dans les Police Story). Imaginé pour le fameux Nouvel An Chinois et sa cohorte de superproductions familiales et fédératrices locales, Gorgeous transforme le roi des cascades en chef d’affaire obnubilé par la réussite de son entreprise, spécialisée dans le recyclage (la pollution c’est mal !), qui va tomber sous le charme, à son corps défendant, d’une charmante jeune taïwanaise romantique et naïve, mais bien entendu en connexion, elle, avec les vraies valeurs. La preuve : elle parle aux dauphins ! Quiproquos en pagailles, grands clips kitch et un poil niais, belles valeurs surlignées lourdement, Gorgeous reste dans les jalons de la comédie romantique HK pur jus mais peine il est vrai à se dépatouiller d’un scénario inutilement bordélique et surtout n’arrive jamais à nous convaincre de l’alchimie possible entre Chan et la jolie Shu Qi (alors en pleine ascension), de vingt ans sa cadette et clairement pas dans la même énergie.
Une bouteille à la mer
Elle semble effectivement totalement à sa place dans la proposition du réalisateur Vincent Kok (Forbidden City avec Stephen Chow) mêlant grand ralentis langoureux, rêveries presque adolescentes et de nombreuses sorties comiques relativement délirantes. Le petit guest de Stephen Chow (en échange de l’apparition de Chan dans King of Comedy) en agent de sécurité est aussi court qu’hilarant, les hommes de main du méchant sont tordant de bêtise, tandis que l’inattendu Tony Leung (In The Mood for Love, Infernal Affairs…) dresse le portrait à la fois tendre et caricatural d’un agent homosexuel assez fantasque. Un divertissement charmant mais un peu lourd dont on se souviendra surtout effectivement pour la partie la plus « classique » de la marque Jackie Chan : l’action. Car bien entendu le monsieur C.N. Chan pratique les arts-martiaux sur son temps libre et n’hésite pas à refréner quelques gardes du corps et délinquants du dimanche à coups de tatanes ou jonglage de battes de baseball. Mais la grande prouesse de Gorgeous reste son double face-à-face avec l’excellent Bradely James Allen, premier occidental à rejoindre la Jackie Chan Stunt Team et futur chorégraphe de grosse production US comme Kingsman ou Shang Shi, et qui fait ici office d’opposant sportif de petite taille mais particulièrement combattif. Deux longs échanges spectaculaires, nerveux et plus techniques que d’habitude, qui permettent d’apprécier les capacités des deux acteurs tout autant que les talents de chorégraphe et de metteur en scène de l’action de Jackie Chan.
Film totalement bipolaire qui se rêverait être une vraie comédie romantique, intensément naïve dans l’âme et entièrement tournée vers ses personnages et la poésie, mais dont les meilleurs moments se jouent lorsque la star Jackie Chan revient à ses qualités essentielles, Gorgeous ne fait sans doute pas partie du top de sa filmographie. Il est cependant un divertissement plaisant, devenu incontournable pour les fans grâce à ses trop rares, mais mémorables, scènes d’action.
Image
Notés comme ayant été restaurés en 2K à partir de sources filmiques, les deux copies de Gorgeous ne sont manifestement pas passées par la case « négatifs ». Cela se perçoit par un grain extrêmement discret, par quelques plans moins stables (en particulier au niveau des couleurs) et une définition que l’on pourrait percevoir régulièrement sur la retenue. Les cadres sont cependant très propres et stables, et la colorimétrie propose un rendu plutôt chaud et assez vif. Le piqué délivre quelques jolis moments, le plus souvent en extérieur et pleine lumière. Pas incroyable, mais assez agréable et un sacré bond depuis les très lointains DVDs… en import.
Son
Le montage international tente de se la jouer moderne avec des propositions DTS HD Master Audio 5.1 en cantonnais et français, qui ne réussissent jamais vraiment à donner plus d’ampleur à l’ambiance générale. Quelques coups, quelques musiques et de très rares ambiances viennent habiter les enceintes arrières et latérales mais cela reste discret et anecdotique. Le montage complet se maintient dans ses pistes DTS HD Master Audio 2.0 chinoises (mandarin et cantonnais donc), toujours marquées par ces sonorités un peu kitchs et synthétiques propres au cinéma HK de ces décennies là, mais avec une clarté et énergie tout à fait efficaces.
Interactivité
La meilleure nouvelle de cette édition double Bluray de Gorgeous est, ne le cachons pas, l’opportunité enfin d’avoir accès officiellement aux deux montages du film, et en particulier le plus complet réservé au marché asiatique. Remanié et raccourci d’une vingtaine de minutes par Tristar pour sa distribution internationale, le film perdait de nombreuses scènes humoristiques (exit Stephen Chow, Tony Leung raboté à l’extrême) et une grande partie de la première partie tournée vers le personnage de Shu Qi. Une question de rythme bien évidemment et d’une tonalité très chinoise, mais qui surtout entame cruellement la logique scénaristique du film.
Chacun est présenté sur son propre disque Bluray avec quelques bonus respectifs. La version internationale profite donc d’un commentaire audio de Jackie Chan (sous-titré !) dans lequel il revient sur ses ambitions pour cette comédie romantique, la mise en place des grandes séquences, son travail d’acteur et de chorégraphe et plus généralement son besoin de répondre aux demandes de ses fans. Pas loin, on découvre aussi un long making of d’époque, très promo et largement tourné vers les qualités de notre star. Quelques images de tournage à dégotter, mais pour avoir des infos un peu plus précises il faut se tourner vers l’interview du réalisateur Vincent Kok, enregistrée pour les Américains de 88 Films, où il revient sur ses débuts au sein de l’écurie Stephen Chow avant de retracer son arrivée sur le projet, ses doutes quant à la tonalité particulière de celui-ci et sa collaboration avec un Jackie Chan déstabilisé à la fois par son rôle d’homme d’affaire et aux sentiments à délivrer pour crédibiliser la romance.
Sur le disque de la version internationale, c’est le matériel maison de Spectrum Films qui est mis en avant avec une nouvelle présentation de l’indispensable Arnaud Lanuque qui rappelle la schizophrénie des films de Jackie Chan au cours des années 90 (changer de style, mais sans trop changer quand même) et une rencontre avec Nicky Li, cascadeur et chorégraphe de l’écurie Jackie Chan, qui explore leur méthode de travail et ici plus particulièrement le choix de Bradley James Allan comme antagoniste martial principal.
Liste des bonus
Version internationale (99’), Commentaire audio de Jackie Chan, Interviews de Vincent Kok (24’) et Nicky Li (11’), Making of (30’), Clips, Présentation du film par Arnaud Lanuque (10’), Bande-annonces.