GODZILLA (1998)
Etats-Unis – 1998
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique, Catastrophe
Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : Matthew Broderick, Jean Reno, Maria Pitillo, Hank Azaria, Kevin Dunn…
Musique : David Arnold, Michael Lloyd
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, DTS HD Master Audio 5.1 français, anglais, allemand…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, italien…
Durée : 139 minutes
Editeur : Sony Pictures
Date de sortie : 13 mars 2024
LE PITCH
Une tempête effroyable se déchaîne sur le Pacifique, engloutissant un pétrolier tandis qu’un immense éclair illumine le ciel au-dessus de la Polynésie française. Des empreintes géantes creusent un inquiétant sillon à travers des milliers de kilomètres de forêts et de plages au Panama. Les navires chavirent au large des côtes américaines et ces horribles phénomènes s’approchent de plus en plus près de New York. Le chercheur Nick Tatopoulos est arraché à ses recherches afin d’aider les Etats-Unis à traquer le monstre qui est à l’origine de ces désastres mystérieux.
Godzilla Vs USA
Les Etats-Unis et Godzilla c’est une longue et difficile histoire d’amour. Point culminant (pour l’instant) d’un mariage impossible, le film de 1998 continue d’apparaitre comme une terrible trahison du matériel originel, transformé en film catastrophe estival, en Independance Day bis.
Le projet par lui-même avait pourtant débuté quelques années plus tôt et sous les meilleurs auspices avec une Toho laissant (enfin ?) Hollywood jouer officiellement avec sa mascotte radioactive quarante ans après un remontage / remake tristement célèbre du film original avec Raymond Burr. Une approche d’ailleurs plutôt fidèle cette fois-ci à toute la mythologie de la créature, quitte à piocher dans un large bestiaire de kaiju et à faire appel à une menace extraterrestre. Malheureusement refroidis par un budget jugé trop important pour une licence considérée comme une cible pour niche, la Columbia fait marche arrière et le Godzilla de Jan de Bont (Speed) tombe à l’eau et ce dernier part tourner son Twister en embarquant son couple de héros Bill Paxton et Helen Hunt. Déjà approché quelques années plus tôt, Rolan Emmerich, désormais propulsé star des films de destructions massives et de grosses artilleries à SFX après les cartons au box-office de Stargate et surtout d’Indépendance Day, finit par accepter la mission, mais presque en rechignant. Il faut dire que ce dernier (tout comme son acolyte scénariste Dean Devlin) n’a jamais caché sa méconnaissance de l’« historique » de Gozdilla et un certains mépris pour les films japonais, leurs costumes en latex et même l’original d’Inoshiro Honda. Un comble ! Il préfère alors citer comme référence les grands classiques du cinéma de monstres américains des années 40/50 comme Them ou Tarantula, mais on reconnaitra surtout une énorme inspiration du côté de l’œuvre de Steven Spielberg.
Le Monstre des temps perdus
Les Dents de la mer forcément par le détournement de la célèbre phrase « We gonna need a bigger boat » et la répétition inlassable de travellings compensés, mais aussi et surtout Jurrassic Park, carton planétaire dont la suite était sortie l’année précédente, qu’il ne va cesser de singer tout au long des 2h10 du spectacle. Exit donc le look particulièrement reconnaissable du véritable Godzilla, transformé ici en classique dinosaure galopeur géant irradié par les essais nucléaires français dans le Pacifique (seule bonne idée du film), rapidement bazardé en pleine rue de New York pour quelques séquences de destructions généreuse, avant d’aller se planquer dans les égouts de la ville (euh…). Et au cas où le rapprochement ne soit pas évident, le Zilla se met à pondre des œufs pour donner naissance à des versions moins colossales permettant à Emmerich de faire sa propre séquence de traque des raptors. Bien entendu la réalisation n’est jamais à la hauteur de Spielby et le scénario prétexte et terriblement basique, les personnages assez crétins (Jean Reno est français et ne parle donc que de café et de bouffe), l’amourette centrale franchement stupide et l’humour raz des pâquerettes, ne font que creuser le vide d’une entreprise aussi opportuniste que balourde. Cette dernière n’arrivera même pas à convaincre la cible américaine qui lui inflige un sacré camouflet du coté des chiffres de fréquentation, anéantissant l’idée alors évoquée par la Columbia d’une trilogie (ouf).
Véritable trahison de l’identité « Gojira » et de toute façon assez mauvais film catastrophe à l’arrivée, le Godzilla de 1998 reste effectivement un cas d’école sur la bêtise de l’américanisation des produits cinématographiques (même les récents essais du Monsterverse ne sont pas allé aussi loin) mais permettra ironiquement à la saga japonaise de reprendre du poil de la bête avec un besoin de réaffirmation concrétisé dans leur Godzilla 2000. La Toho tournera même l’affaire à une vaste blague dans le joyeusement bordélique Godzilla : Final Wars en envoyant bouler dans le décor le lézard moche en image de synthèse d’un simple coup de queue du seul et unique Godzilla.
Image
Cas plutôt rare pour le support UHD, cette nouvelle sortie de Godzilla n’est pas qu’une réédition avec boitier steelbook mais bel et bien une réédition proposant une nouvelle copie. Cette dernière utilise bien évidemment la même source que la galette de 2019 (soit une restauration 4K datant du Bluray de 2013) mais avec cette fois un traitement des couleurs Dolby Vision en plus de premier travail effectué en HDR10. La différence n’est pas forcément renversante, et pourtant dans le détail on remarque clairement une photo plus claire et lumineuse et des teintes beaucoup plus naturelles, moins artificiellement saturées. Un petit plus certainement, mais les autres menus défauts préexistants (plans légèrement bruités, cadres parfois un poil flou, images de synthèses très visibles…) sont toujours à l’écran. Toujours pas parfait, mais dans les grandes lignes le master 4K reste très solide.
Son
La prestation sonore de ce Godzilla a toujours été assez exceptionnelle. Une démesure et une puissance plus flagrante encore avec le Dolby Atmos de la version originale, aussi tonitruant qu’ample et minutieux, et qui donne véritablement au film ses meilleurs sensations de grand film catastrophe. Toutes les apparitions du Godzilla sont ainsi de sacrés morceaux de bravoure avec un mixage qui occupe et écrase tout l’espace sous les pas de la créature et fait trembler les murs à chaque hurlement. Un grand spectacle un peu amoindri dans le DTS HD Master Audio 5.1 de la version française, au moins très efficace, déjà présent sur les anciens bluray.
Interactivité
Toujours pas de nouveaux suppléments à se mettre sous les crocs. Ces derniers sont bien entendu laissés sur le Bluray de l’édition (le disque de 2013 donc). Soit le commentaire audio très technique et informatif (mais parfois vide) des responsables des effets spéciaux, un très rapide détour par les coulisses du film et le clip de la triste reprise molle du sublime « Heroes » de David Bowie (autre sacrilège !). Un vrai documentaire sur la longue gestation du film et le regard américains sur le mythe Godzilla aurait été parfait… mais là on peut rêver.
Liste des bonus
Commentaire audio du superviseur des effets spéciaux, « Dans les coulisses de Godzilla » avec Charles Caiman (6’), Le meilleur des scènes de combat de Godzilla, Clip: « Heroes » de The Wallflowers.