GHANDI
Royaume Uni, Inde – 1982
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Drame, Biopic
Réalisateur : Richard Attenborough
Acteurs : Ben Kingsley, Candice Bergen, Edward Fox, John Gielgud, Trevor Howard, John Mills, …
Musique : Ravi Shankar
Durée : 190 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS-HD Master Audio 5.1, Anglais Dolby Atmos, Dolby True HD 5.1 et Stéréo DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français, Anglais…
Editeur : Sony Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 7 juillet 2021
LE PITCH
De ses premiers coups d’éclats en Afrique du Sud en 1893 jusqu’à son assassinat après l’indépendance de l’Inde en 1948, la vie et les luttes de Mohandas Gandhi, avocat puis apôtre de la non-violence…
La route des indes
C’est la Rolls Royce des biopics. Avec ses 8 oscars (dont meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur), sa reconstitution d’orfèvre et son académisme exemplaire, Gandhi dépasse le cadre du « simple » récit historique pour décupler l’aura mythologique d’une des personnalité religieuse, politique et philosophique parmi les plus significative du siècle passé.
Seconde réalisation de feu Sir Richard Attenborough, Young Winston (sorti en France sous le titre Les griffes du lion) pose, dès 1972, les bases de ce que sera Gandhi. Si le parallèle entre le jeune Winston Churchill et Mohandas Gandhi n’est pas forcément évident – l’unique rencontre entre les deux hommes, en 1906, est d’ailleurs absente du film – l’anglais et l’indien partagent aux yeux d’Attenborough un point commun précieux : leur anticonformisme, leur incapacité à rentrer dans le rang. Cet anticonformisme, le cinéaste l’illustre par une mise en image en apparence très sage, alternant séquences intimistes, intrigues politiques et grandes scènes épiques où la caméra embrasse mouvements de foule et vastes paysages avec un sens du détail et de la lumière qui évoque les peintures de Turner. Mis à l’épreuve avec brio sur Young Winston, l’académisme (puisqu’il faut l’appeler ainsi) d’Attenborough s’épanouit dans Gandhi, la caméra se faisant aussi discrète que possible.
Si le style d’Attenborough se retrouve presque en conflit avec la fougue d’un Winston Churchill avide de reconnaissance paternelle et d’aventures, il est en harmonie totale avec la philosophie souvent déconcertante du Mahatma Gandhi. Son message de paix, universel et inconditionnel, consiste à opposer l’immobilité puis la marche en avant face à des vagues de violence qui ne cessent de reculer dans les bords du cadre. Jusqu’à ce Gandhi se retrouve au centre, petit homme devenu icône et symbole. Combinés à une narration en flashbacks, les partis pris de Richard Attenborough achèvent de transfigurer Gandhi. La biographie se fait hagiographie.
Le petit frère des pauvres
Anglais jusqu’au bout des ongles, Sir Richard Attenborough aurait aisément pu se prendre les pieds dans le tapis en s’attaquant au mythe d’une nation pas encore tout à fait remise de sa très longue occupation par l’empire colonial britannique, s’exposant ainsi à de vives critiques. Et pourtant, les indiens firent un triomphe à Gandhi, satisfaits et honorés du respect et du sens du détail dont le cinéaste fit preuve à leur égard. Si le troisième acte souligne avec justesse l’horreur des émeutes religieuses et le faux-pas de la scission avec le Pakistan, le pardon et l’espoir de lendemains apaisés dominent, notamment au travers d’une scène magnifique où un homme, le visage rongé par la haine et la honte, avoue avoir fracassé le crâne d’un enfant à un Gandhi épuisé par une énième grève de la faim.
Le métissage de l’Inde se reflète dans la confection du film. Confier le rôle de Gandhi à Ben Kingsley, anglais d’origine indienne (son nom de naissance est Krishna Pandit Banjhi), fut une idée de génie. Misant sur une gestuelle minimaliste et un stupéfiant travail de mimétisme vocal, l’acteur s’approprie le personnage avec une aisance hypnotique, s’effaçant derrière la transformation physique et livrant une prestation qu’il n’ait jamais parvenu à égaler par la suite. Il est aussi très bien entouré par un casting où se croisent de grands noms de la scène britannique (John Gielgud, Edward Fox), quelques américains de passage (Candice Bergen, Martin Sheen) et des acteurs indiens méconnus du public international mais dont le charisme emporte tout sur son passage (les fabuleux Roshan Seth et Amrish Puri, réunis deux ans plus tard dans Indiana Jones et le temple du maudit de Steven Spielberg). Dans la peau d’un jeune raciste, on peut également se réjouir des débuts d’un certain Daniel Day-Lewis au jeu dèjà très intense. Dernier point important, la musique a été confiée à George Fenton et Ravi Shankar, la sensibilité occidentale du premier complétant les textures orientales et envoutantes du virtuose du sitar.
Chef d’oeuvre presque absolu de la biographie sur grand écran, fresque exaltante réaffirmant les valeurs de paix, de justice et d’indépendance, Gandhi développe sur plus de trois heures et sans un seul temps mort une leçon de vie d’utilité publique.
Image
Prenant en compte la très longue durée du film, l’éditeur a eu la bonne idée de le répartir sur deux galettes, la première partie s ‘achevant sur la scène éprouvante du massacre de Jallianwala Bagh en 1919. L’apport du HDR se fait particulièrement sentir sur les couleurs et le traitement des sources de lumière, sortant enfin le film de la naphtaline numérique dans laquelle les précédentes éditions avaient fini par l’enfermer et pour en révéler toute la beauté picturale. Des défauts persistent, toutefois, notamment en termes de grain et de bruit vidéo et la profondeur de champ s’en retrouve impacté.
Son
Sobre mais ample sur les scènes foules et précise et enveloppante sur la piste musicale, le Dolby Atmos de la version originale prend sans efforts l’ascendant sur des pistes DTS trop frontales. La version française, où le doublage de Ben Kingsley est assuré par le regretté Med Hondo demeure une curiosité.
Interactivité
Les suppléments sont réservés au blu-ray de 2009 et ne proposent donc rien que nous ne connaissions déjà, à savoir les interventions de Sir Richard Attenborough, son commentaire audio et une sélection de featurettes à vocation historique. C’est bien dommage et l’UHD doit se contenter d’une paire de bandes-annonces. L’argument technique prime donc sur le contenu et c’est sur ce point que les collectionneurs devront faire leur choix. On remerciera tout de même Sony de ne pas avoir inclus des blurays totalement nus.
Liste des bonus
Présentation du film avec Richard Attenborough, Commentaire audio de Richard Attenborough, « L’héritage de Gandhi » (bonus visibles pendant le film) : Le calme et la tempête (une perspective historique), Un héritage visuel (des photos du vrai Gandhi et de ses associés), Le chemin spirituel du Mahatma (cartes des voyages de Gandhi), Le père de la nation (d’après le écrits de Gandhi), Bandes-annonces.