GENEVIÈVE DE BRABANT
Genoveffa di Brabante – Italie-Espagne – 1964
Support : DVD
Genre : Aventure
Réalisateur : Riccardo Freda, José Luis Monter
Acteurs : Maria José Alfonso, Alberto Lupo, Stephen Forsyth, Franco Balducci…
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 86 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Italien Dolby Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 4 mai 2021
LE PITCH
Au XIIème siècle, le comte Siegfried part pour les croisades, abandonnant son épouse, enceinte sans le savoir, aux mains de l’intendant Golo. Ce dernier se voit refuser ses avances et emprisonne la malheureuse. Geneviève parvient à s’enfuir et se réfugie dans la forêt avec son nourrisson…
Riccardo, Chevalier du Bis
Considéré comme l’un des grands artisans du cinéma populaire italien, Riccardo Freda est ici mis à l’honneur avec la sortie de Geneviève de Brabant. Inédit en France, ce film de chevalerie nous permet de nous rendre compte de l’extraordinaire diversité de la carrière d’un réalisateur qui inspira notamment un certain Bertrand Tavernier.
Bien que somnolent depuis les années 1980, le cinéma italien, et plus particulièrement le cinéma de genre, fût durant longtemps une véritable locomotive avec parfois jusqu’à une centaine de films par an pendant les années 1960. Parmi ses artisans de talent ayant traversé les décennies, difficile de passer à côté de Riccardo Freda, qui œuvra de 1942 à 1981 réalisant pas moins d’une quarantaine de films. D’ailleurs, en cette année 1964, il ne tourna pas moins de trois films avec Geneviève de Brabant, Roméo et Juliette et Deux orphelines. Reconnu comme un auteur de talent, malgré un côté Bis indéniable, il fut par exemple une source d’inspiration pour deux grands réalisateurs français, Yves Boisset et Bertrand Tavernier. Le premier fut son assistant réalisateur sur le western Quand l’heure de la vengeance sonne en 1967 et sur les polars Roger la Honte et Coplan ouvre le feu à Mexico tous deux sortis en 1966. Quant au second, il fut scénariste de Freda sur le Coplan de 1966 et il embaucha son aîné comme assistant réalisateur sur La passion Béatrice en 1987 et sur La fille de D’Artagnan en 1994. Véritable touche-à-tout, Freda passa allégrement du genre historique (Les misérables en 1948…), au péplum (Maciste en enfer en 1962…), en passant par le polar (Chasse à la drogue en 1961…), le giallo (Liz et Helen en 1969…), le western… Si c’est dans le registre fantastico-gothique qu’il excella (Le château des amants maudits en 1956, même sujet que La passion Béatrice, avec Micheline Presle, L’effroyable secret du Docteur Hichcock en 1962 avec Barbara Steele…), ses films de cape et d’épée et de chevalerie méritent aussi le coup d’œil (La fille de D’artagnan, déjà, en 1949). Comme ce Geneviève de Brabant, qui sans les éditions Artus, n’aurait jamais été diffusé en France, le long-métrage n’étant pas sorti en salles à l’époque. Il ne s’agit clairement pas du meilleur film de Freda, ni d’un must du genre, mais il demeure un beau témoignage du cinéma populaire d’alors.
Co-production italo-espagnole, Freda est ici assisté du quasiment inconnu José-Luis Monter, qui œuvra surtout en assistant-réalisateur, notamment cette même année 1964 avec encore Freda pour Roméo et Juliette. Il assista également Giulio Questi sur un véritable OFNI du western italien, Tire encore si tu peux avec Tomas Milian. Notons aussi la présence de Stelvio Massi, qui aura ses heures de gloire dans les années 1970 dans le genre poliziottesco, en directeur de la photographie.
Le bon, la brute et… la biche !
Avant d’être adapté à l’écran, l’histoire de Geneviève de Brabant était une légende médiévale dont les premiers écrits remontent au 15ème siècle. A travers les siècles, cette histoire folklorique, sans doute inspirée de la véritable histoire de Marie de Brabant, fut reprise et utilisée à maintes reprises notamment dans un but religieux, avec la figure de Geneviève la pieuse qui à force de prier Dieu trouvera le salut… Notons entre autres un nombre important de représentations picturales, de bandes-dessinées, une adaptation en opéra-bouffe d’Offenbach au 19ème siècle, ou un film, déjà italien, de Primo Zeglio en 1947… Freda et Monter signent ici une adaptation assez libre, avec une happy-end n’existant pas dans le mythe et un Siegfried bien moins ambigu que dans la légende où c’est bien lui qui ordonne à Golo, sur la base de fausses accusations, de tuer sa femme et l’enfant… Il est au contraire ici représenté comme un homme bon en quête de paix, tourné vers les autres… Les lieux de tournage, sans doute en Espagne (on croit reconnaître certains décors des futurs westerns italiens), sont aussi un peu hors-sujet, l’action étant censée se dérouler en Allemagne. L’une des scènes les plus marquantes, et des plus drôles, où une biche vient donner son lait à la pauvre Geneviève et son enfant, rend par contre hommage à la légende qui dit que pendant près de trois ans ce sympathique animal passera tous les jours donner le couvert et finalement permettra à Siegfried, durant une partie de chasse, de découvrir sa femme qu’il pensait morte !
Les deux cinéastes parviennent ainsi à rendre une copie mi-figue, mi-raisin, mais remplissent parfaitement le cahier des charges : de l’amour courtois, de la morale, de jolies femmes (pas mal violentées tout de même…), de la violence et de la cruauté (mais bien souvent hors-champ pour réunir un public large), de la piété… Si les comédiens ne sont pas excellents (Maria José Alfonso en fait des tonnes, Stephen Forsyth joue une brute, qu’on identifiera directement, très caricaturale), on remarquera une ressemblance (volontaire ?) entre le duo Lupo-Alfonso et celui d’un grand succès sorti la même année, Angélique, joué par Robert Hossein et Michèle Mercier…
Image
Plutôt de très bonne facture, hormis lors de la scène d’ouverture où un morceau non restauré nous frappera la rétine (image saturée, couleurs criardes…) ! Une bonne chose cependant puisque cela nous permet de comparer la qualité de l’image sur le reste du film ! Un joli boulot de Stelvio Massi, directeur de la photo, qui une décennie plus tard filmera plutôt les décors urbains dans des polars mettant en vedette Maurizio Merli, Tomas Milian ou encore le français Luc Merenda.
Son
Rien à signaler, le master proposé, uniquement en version originale, est net, certes un peu feutré comme souvent dans ce genre de cas, postsynchronisation oblige. La belle musique du vétéran Carlo Rustichelli, près de 400 musiques de films, est parfaitement restituée.
Interactivité
Aucun bonus vidéo, un fait regrettable… On aurait par exemple apprécié un éclairage sur la vaste carrière de Freda ou sur son collègue inconnu José-Luis Monter. Toutefois, ne faisons pas nos difficiles, la sortie de ce film totalement inconnu dans nos contrées est déjà un événement.
Liste des bonus
Livret de 24 pages rédigé par François Amy de la Bretèque ; diaporama d’affiches et photos.