GÉANT
Giant – États-Unis – 1956
Support : UHD
Genre : Drame
Réalisateur : George Stevens
Acteurs : James Dean, Elizabeth Taylor, Rock Hudson, Caroll Baker, Jane Withers, Dennis Hopper
Musique : Dimitri Tiomkin
Durée : 193 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : DTS-HD Master Audio 2.0 mono Anglais, Français, Italien, Allemand…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, italien…
Éditeur : Warner Home Video
Date de sortie : 22 juin 2022
LE PITCH
À l’époque où naissent les grandes fortunes du pétrole au Texas, Bick Benedict et sa sœur Luz règnent en souverains absolus sur un immense ranch. Bick y installe Leslie, la fille d’une famille aristocratique rencontrée en Virginie et devenue son épouse, sous le regard hostile de Luz et des texans…
Monuments
Symbole des derniers sursauts glorieux d’un Hollywood qui multipliait alors les fresques cinématographiques luxueuses, à durées étendues et dans un Technicolor rageux, Géant est aussi le troisième et déjà dernier film du jeune espoir James Dean. Une ombre funeste pour un film qui avait déjà un pied dans la tombe.
Le film porte parfaitement son nom. Non pas parce qu’il affirme impérieusement les qualités d’un cinéma gigantesque, symbole de l’âge d’or des grands studios américain, mais parce qu’il parait dès ses origines emprunt d’un gigantisme embarrassant. Censé retrouver la flamboyance du mythique Autant en emporte le vent, Géant adapte le roman éponyme d’Edna Ferber, chronique à travers les années d’une grande famille de propriétaires terriens texans confrontés à l’ascension parallèle d’un jeune concurrent devenant le roi du pétrole. D’un sud à l’autre, d’une époque à l’autre, d’un mélodrame à l’autre avec une affaire de couple dont les différences de regard sur le monde et les caractères entrainent les crispations, séparations et retrouvailles larmoyantes attendues. Et à l’instar du premier, qui déjà faillit couler la Warner, Géant se baigne dans un budget monstrueux, autant expliqué par le cachet de ses stars (qui en coulisses n’étaient pas à un scandale près) que par le voyage de décors imposants du film en camion d’Hollywood aux lieux de tournage en plein désert. Toute une époque ! Mais aussi tout une vision d’une nation où vont s’affronter deux piliers du capitalisme, l’éleveur de bœuf contre l’extracteur d’or noir, tout autant qu’une honorable famille historiquement implantée dans le paysage et le jeune parvenu, certes prenant sa revanche face à l’existence, mais devenant plus amer et immoral que ceux qu’il voulait narguer. Chacun à sa place ma petite dame et même si le film est traversé de beaux élans remettant en question le racisme primaire (anti-mexicain) et le sexisme patriarcal des bourrins texans, le discours penche plus volontiers vers les bons sentiments mélos (la rédemption tardive du paternel) que vers le brûlot politique et idéologique.
Un univers impitoyable
Le problème de Géant est que ce qui d’habitude pouvait sauver les errements sirupeux et douteux hollywoodiens de ce type d’entreprise (Autant empote le vent n’en manque pas justement) lui manque ici cruellement. Réalisateur honorable de L’Homme des vallées perdues ou D’une place au soleil, George Stevens, qui ne s’est pas encore définitivement fait engloutir par le boursouflé La Plus grande histoire jamais contée, aborde ce grand tableau digne de la série Dallas avec un académisme trop poli, une construction trop sage, des cadrages propres et une mise en scène qui ne sait jamais vraiment s’emparer de son environnement. Le film manque de souffle, d’énergie, de fougue, de puissance justement restant le plus souvent enfermé dans des intérieurs certes richement décorés, mais statiques qui au spectacle purement cinématographique préfère la succession de grandes séquences presque théâtrales. Une lourde machine pas toujours palpitante où heureusement s’imposent avec fermeté quelques-unes des plus grandes stars de l’époque. Le couple éblouissant formé par Rock Hudon, tout en puissance, et Elizabeth Taylor, d’une féminité et d’une fougue renversante, mais il est aussi amusant aussi de croiser là un tout jeune Dennis Hopper, dans le rôle du fils refusant l’héritage de son père en devenant médecin et en épousant une latino. Mais malgré son rôle légèrement plus secondaire, c’est sans aucun James Dean qui reste dans toutes les mémoires, tout simplement éclatant de charisme, la beauté du diable, la jeunesse torturée affirmant un jeu d’acteur d’une modernité dévastatrice dans ce cadre pourtant si sage. Promis à une carrière fulgurante, l’acteur meurt à 24 ans dans un accident de voiture trois jours après la fin des prises de vue principales. Le Géant c’est lui.
Image
Les éditeurs ont beau retourner à la source, ici un négatif 35 mm, la scanner en 4K et proposer une restauration appuyée, le résultat n’est pas toujours parfait. Giant fait partie de ceux-là puisque le copie est encore habitée par quelques soucis techniques déjà croisés mais certes moins handicapants sur Bluray : quelques plans plus softs dû à l’utilisation de sources temporaires de moins bonnes qualités, des fondus enchainés à la définition réduite et des contours parfois tremblants. Des moments souvent fugaces mais qui sautent d’autant plus aux yeux que l’essentiel du film (3h20 tout de même !) impose une image limpide, impérialement dessinée, creusée et finement détaillée et désormais dotée d’un grain délicat et de couleurs certes pas explosives mais richement nuancées.
Son
Les deux monos d’origine sont disposés ici en DTS HD Master Audio 2.0. Si le doublage français, très solide est bien incarné, manque souvent de rondeur et à tendance à écraser les arrière-plans, la version originale profite d’un vrai nettoyage et d’un bon rééquilibrage qui lui donne une agréable clarté et un rendu naturel.
Interactivité
Géant ressort donc un peu partout dans le monde sur galette UHD, mais uniquement en édition single. Un simple boitier Amaray, un seul disque et donc… totale disparition des suppléments autrefois présentés le Bluray et sur le double DVD collector. Des longs documentaires, making of rétrospectifs, portrait étendus et images d’archives, il ne reste plus que le commentaire audio combinant les interventions de l’assistant George Stevens Jr, du scénariste Ivan Moffat et de l’historien du cinéma Stephen Farber. Une proposition qui manque d’éclat vu le casting de stars du film, mais qui délivre heureusement quelques informations, assez sages, sur les coulisses. Il faut se contenter de peu.
Liste des bonus
Commentaire audio du critique cinéma Stephen Farber, Ivan Moffat et George Stevens Jr.