GARRINGO
Espagne, Italie – 1969
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Rafael Romero Marchent
Acteurs : Anthony Steffen, Peter Lee Lawrence, Solvi Stubing, José Bodalo, Raf Baldassarre, Luis Marin…
Musique : Marcello Giombini
Durée : 90 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 Français, Italien, Anglais
Sous-titres : Français, anglais
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 5 novembre 2024
LE PITCH
Traumatisé très jeune après avoir assisté à l’execution de son père par des soldats, Johnny grandit auprès d’un shérif et de sa fille. Devenu un hors-la-loi, la folie et l’envie de vengeance le poussent à assassiner les soldats sur son passage. Bien décidé à l’arrêter, le shérif fait alors appel au lieutenant Garringo.
La vengeance cahin-caha
Éléphant Films nous propose un petit western spaghetti oublié jusqu’à aujourd’hui et qui a acquis une solide petite réputation grâce à la présence au générique de deux petites stars du genre, à savoir Anthony Steffen (Un Ange pour Satan, Un Train pour Durango, L’Appel de la chair…) et Peter Lee Lawrence (Furie au Missouri, Calibre 32, Amour et mort dans le jardin des dieux).
Derrière la caméra, le réalisateur espagnol Rafael Romero Marchent a déjà derrière lui quelques autres petits westerns, il avait immédiatement profité du succès de Pour une poignée de dollars, réalisé par un certain Sergio Leone, en tournant environ une bonne quinzaine de westerns en profitant des décors ayant accueillis des productions italiennes. Et à l’époque où un certain Trinita venait changer la face du western spaghetti en y ajoutant une bonne dose d’humour et où les affrontements, pistolets à la main, sanglants laissaient place à de bons gros bourres pifs et des bagarres homériques dignes d’un album d’Astérix, le réalisateur ibérique déboule et livre un western violent sur fond de vengeance avec Garringo, une péloche à la réalisation parfois maladroite, assez inégale, mais sauvé par son aspect tragique.
Johnny voit rouge quand il aperçoit une tunique bleue
Le plaisir ressenti au visionnage de ce long-métrage pourtant imparfait tient d’ailleurs dans l’opposition entre les deux acteurs. On apprécie tout d’abord le fait qu’aucun protagonistes ne soient irréprochables. Ainsi, le blond Peter Lee Lawrence possède la beauté du diable mais souffre d’une psychose provoquée par l’assassinat de son père au cours de son enfance. Désormais, la simple vue d’un uniforme le pousse au meurtre, dans des accès de violence qui tétanisent encore. Mais face à lui, le représentant de la loi incarné par Anthony Steffen ne paraît pas beaucoup plus équilibré, puisqu’il n’hésite pas à descendre les criminels de manière sadique, en y prenant visiblement beaucoup de plaisir. Cette approche brouille de manière intelligente les repères du spectateur. Il est donc dommage que l’ensemble du script ne soit pas à la hauteur, sacrifiant notamment les personnages secondaires qui ressortent tous du cliché le plus éculé. Ainsi, les femmes écopent de rôles insignifiants, et généralement joués de façons approximatives. On préfère largement l’implication de l’espagnol José Bodalo (Un Train pour Durango, Professionnels pour un massacre, Adios Caballero) qui possède l’autorité nécessaire à son rôle de patriarche. De même, Peter Lee Lawrence réussit à rendre son personnage attachant, et ceci malgré son évidente folie. Quelques petites séquences humoristiques viennent toutefois tempérer notre enthousiasme. De plus, la réalisation de Rafael Romero Marchent est parfois trop datée, trop cliché, la faute à un usage immodéré du zoom. Il ne parvient pas toujours à compenser le manque de moyens, mais se sert habilement d’une bonne partition signée Marcello Giombini.
Au final, il est très loin d’être une référence en la matière, mais il s’en tire plutôt bien par rapport à d’autres productions bien plus piteuses qui se tournaient à la va-vite. Car s’il est imparfait et parfois maladroit dans sa réalisation, la façon dont sont traités les personnages secondaires, des petites séquences humoristiques qui n’ont rien à faire là, et malgré un manque de moyens évident, le film n’est jamais ennuyeux, notamment grâce à ses deux acteurs principaux qui se révèlent être très bons en incarnant deux personnages ambigus, ce qui fait de Garringo un divertissement sympathique et hautement recommandable, et où les scénaristes se sont amusés à brouiller les pistes. Et la photographie d’Aldo Ricci est sublime.
Image
La copie affiche une assez bonne tenue, malgré quelques toutes petites défaillances, le grain d’origine est au rendez-vous, le piqué manque un peu de précision par moment, mais globalement, dans l’ensemble c’est quand même plus que satisfaisant.
Son
L’éditeur a eu l’excellente initiative d’inclure en plus de la VF, la version italienne, espagnole et anglaise, ces versions ont en plus chacune une piste de sous-titres bien spécifiques, ce qui est plus qu’appréciable pour les puristes.
Parmi les versions proposées, les versions française, italienne et espagnole sont au coude à coude, chaque bruitage est parfaitement restitué, idem pour les dialogues, il n’y a que la version anglaise qui s’avère plus faiblarde et beaucoup moins dynamique.
Interactivité
Nous avons droit à un entretien avec Romain Vandestiche, co-auteur notamment du très bon livre Mario Bava, le magicien des couleurs. Pendant une bonne trentaine de minutes, c’est de façon très ludique et passionnante qu’il revient assez rapidement sur la carrière du réalisateur, celle de son frère, Joaquin Luis Romero Marchent, coscénariste du film, pour ensuite se prêter au jeu de l’analyse en abordant le film avec beaucoup de profondeur et de pertinence.
Liste des bonus
Livret de 24 pages rédigé par Alain Petit, entretien avec Romain Vandestiche, bandes-annonces.