GALLANTS
打擂台 – Hong-Kong – 2010
Support : Bluray
Genre : Action, Comédie
Réalisateur : Derek Kowk, Clement Cheng
Acteurs : Wong Yau-Nam, Chen Kuan-Tai, Bruce Leung, Teddy Robin Kwan, Michael Chan, Susan Yam-Yam Shaw
Musique : Teddy Robin Kwan, Tommy Wai
Durée : 97 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 21 décembre 2021
LE PITCH
Cheung travaille dans une agence immobilière. Avec ses grosses lunettes et ses cheveux frisés, il est la risée de son entourage. Envoyé dans un petit village pour régler des problèmes immobiliers, il tombe sur deux anciens maîtres du kung-fu, Dragon et Tiger, qui veillent jour et nuit, leur maitre plongé dans le coma depuis 30 ans. Pour réaliser son rêve, il devra sauver leur école de Kung fu de la saisie.
Tigre & Dragon Reloaded
Moribond depuis presque vingt ans, le film d’arts martiaux hongkongais a disparu sous le rouleau compresseur de la Chine continentale. Mais motivé par l’impact du très fun Crazy Kung Fu de Stephen Show, les jeunes Derek Kowk et Clement Cheng tentèrent de lui offrir un retour en grâce avec le très attachant Gallants.
Désormais uniquement abordé sous la forme de coûteuses fresques en costumes, bardées d’images de synthèses et d’affrontements fantaisistes et câblés, le film d’art martiaux chinois a presque totalement oublié sa longue tradition plus proche des préceptes ancestraux et des véritables techniques de combats. En dehors de la saga Ip Man, comme une exception qui confirme la règle, seule finalement une mini vague d’hommages aux vétérans au mitan des années 2000 aura pu laisser apercevoir le potentiel toujours évident de ce type de productions. Forcément inspiré par le fameux Crazy Kung Fu où déjà l’impeccable Bruce Leung (Les Bras violents du kung-fu, La Chaîne infernale du Ka-Tang, Les 2 intrépides du karaté) s’offrait un retour en force en vilain charismatique, Derek Kowk, Clement Cheng paye ici forcément un peu leur tribu au roi de la comédie, en particulier dans un humour nonsensique, une certaine fascination pour la baffe dans la tronche et un Teddy Robin Kwan (fameux producteur, compositeur et acteur de l’âge d’or HK) jamais très loin d’un maître d’arts-martiaux échappé d’un anime. Mais autant question de budget que de sensibilités personnelles, ils préfèrent de tout façon revenir à un univers plus simple, plus modeste, plus proche justement des grandes classiques où la relation tissée avec le grand maître de l’école, la transmission des mouvements autant que des valeurs d’honneur et de respect sont primordiales.
Le sens de l’élégance
C’est ce que va découvrir Cheung, jeune employé d’une boite d’immobilier, timide et pas bien courageux, lorsqu’il rencontre Tigre (Bruce Leung donc) et Dragon (Chen Kuan Tai vu dans Le Combat des maîtres, Les exécuteurs de Shaolin…) qui attendent depuis des décennies le réveil de leur ancien maître, Ben Law, dans le coma depuis un affrontement digne d’une production de la Shaw Brothers. Le réveil ne se fera pas sans mal, Teddy Robin Kwan appuyant avec allégresse sur les aspects séniles, un poil pervers et totalement intransigeant de son personnage. Entre opposition avec une école adverse qui n’attendait que cela pour récupérer les droits de propriété et un tournois d’arts martiaux organisé dans la salle super-moderne du coin, Gallants rejoue sans s’en cacher, mais toujours avec un léger décalage référencé, les grandes lignes de l’entraînement extrême où les aptitudes de chacun ne se révéleront qu’au dernier moment. Avec son défilé de figures plus ou moins connues de la belle époque du cinéma d’art martiaux (on reconnaît même, entre autres, l’ancienne petite reine du glamour Susan Yam-Yam Shaw en infirmière très dévouée) et des chorégraphies à la fois vives, réalistes, spectaculaires et intenses signées Yuen Tak (Il était une fois en chine 3, The Defender…), le film réussit à marier nostalgie et désir de transmission et redonne à ses « retraités » de vraies belles séquences entre performances physiques (ils tiennent vraiment bien la route), ironie et émotion. Un joli petit film, terriblement attachant et sincère.
Image
Spectrum propose une jolie copie HD de Gallants. Le film ne datant que d’une dizaine d’année, le transfert est bien entendu plus aisé que pour d’autres titres du catalogue de l’éditeur. Les cadres sont parfaitement propres, les couleurs pleines et contrastées, les noirs solides et l’ensemble profite d’une définition bien ancrée offrant profondeur et détails. Seuls un ou deux plans d’ensemble fugaces paraissent légèrement plus flous.
Son
Pas de version française forcément, ce qui n’est vraiment pas dommage quand on entend les doublages habituels de films asiatiques. Surtout que la version originale cantonaise n’a rien à se reprocher avec une source bien claire et dynamique dans un DTS HD Master Audio 2.0 qui n’en fait pas des caisses et reste au plus près des personnages et de leurs coups échangés.
Interactivité
Voici une édition française plutôt bien chargée. Spectrum ne déroge bien entendu pas à sa tradition et offre en ouverture une nouvelle présentation d’Arnaud Lanuque. Un exercice presque indispensable pour comprendre les enjeux d’un film comme Gallants qui certes rend hommage à tout un pan du cinéma d’art martiaux mais qui aussi tentait de redorer l’industrie filmique hongkongaise totalement cannibalisée depuis les années 2000 par la Chine continentale. Il passe ensuite la main au journaliste Frédéric Ambroisine, spécialiste du cinéma asiatique, qui a compilé en trois segments de ses diverses rencontres avec les deux réalisateurs lors de la promo du film. Une première rencontre uniquement sonore avec Clement Cheng, une autre presque aussi longue avec le duo et une petite vidéo supplémentaire pour prendre le pouls de la projection au FEFF d’Udine. Les deux réalisateurs se montrent d’ailleurs très chaleureux et ravis de partager leur film sur lequel ils reviennent volontiers, évoquant une première version plus portée sur le monde musicale, leurs propres souvenirs de cinéphiles, leur collaboration avec quelques légendes locales et bien entendu leur travail collaboratif. Et pour bien clore le programme, un vrai making of de près de 50 minutes (plutôt rare à Hongkong) qui délivre de nombreuses images de tournages et de répétitions, entrecoupées de témoignages de toute l’équipe du film qui évoque une expérience manifestement enjouée et collégiale.
Liste des bonus
Présentation du film par Arnaud Lanuque (18′), Gallants au FEFF de Udine par Frédéric Ambroisine (16′), Entretien avec les réalisateurs (36′), Scènes commentées par Clement Cheng (40′), Making of (49′), Bandes annonces.