F/X EFFET DE CHOC & F/X 2 : EFFETS TRÈS SPÉCIAUX
F/X, F/X2 – États-Unis – 1986, 1991
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Robert Mandel, Richard Franklin
Acteurs : Bryan Brown, Brian Dennehy, Dinae Venora, Cliff De Young, Rachel Ticotin, Joanna Gleason
Musique : Bill Conti, Lalo Schifrin
Durée : 109 + 108 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et Français en DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : L’Atelier de l’image
Date de sortie : 23 août 2022
LE PITCH
Rollie Tyler est le meilleur technicien d’effets spéciaux du tout Hollywood. Un jour, le département de la justice l’engage pour mettre en scène le faux meurtre d’un important témoin. Après avoir créé l’illusion et aidé le témoin à disparaître, Rollie se retrouve accusé de meurtre. Trahi et pourchassé par ceux qui l’ont engagé, Rollie comprend vite qu’il ne peut faire confiance à personne.
Enquêtes en trompe-l’œil
Joli petit succès de la seconde moitié des années 80, qui sera même perpétué par une sympathique série en 1996, F/X est un dytique policier rondement mené, au casting solide, dont la grande particularité est de célébrer le métier de spécialiste des maquillages et effets spéciaux. Une madeleine de Proust pour les nostalgiques d’un cinéma sans image de synthèses.
Véritable carrefour et certainement âge d’or d’une certaine vision des effets spéciaux au cinéma, les années 80 hissaient régulièrement les grands artisans des effets spéciaux au rang de stars pouvant même être mentionné sur l’affiche comme le dernier acteur en vogue. Tom Savini, Rob Bottin, Stan Winston, Screaming Mad George et d’autres repoussaient alors les possibles sur grands écrans autant dans les films d’horreurs bien sanglants que dans des productions bien plus mainstream. D’où sans doute l’idée à priori saugrenue de transformer l’un d’eux en véritable héros de cinéma. Rollie Tyler donc, profitant du charme brut et de l’accent plein de l’acteur australien Bryan Brown (Héros ou salopards, Cocktails, Gorille dans la brume…), dont l’atelier vient citer généreusement des décennies de série B et dont les multiples talents vont attirer l’intérêt du département de la justice. Sa mission : maquiller le faux meurtre d’un ex-membre de la mafia, témoin menacé par ses anciens confrères. Une séquence qui met brillamment en avant les différentes techniques utilisées (dont la fabrication de différentes prothèses) et vient faire directement écho avec un réalisme plus poussée à l’ouverture du film, montrant justement le tournage d’un carnage dans un film de gangster un peu bourrin. Le cinéma dans le cinéma, et bien entendu l’illusion va se retourner contre le protagoniste, victime d’un complot orchestré par quelques flics véreux. Seules sa débrouillardise et l’enquête de l’obstiné policier Leo McCarthy (excellent comme toujours Brian Dennehy) vont lui permettre de s’en sortir.
Double effet Kiss Cool
Malgré le gimmick initial, F/X reste un pur film policier classique de son époque, où l’action, le suspense et l’humour sont parfaitement équilibré par un Robert Mandel (The Substitute) à la mise en scène carrée qui mise avant tout sur les personnages, aussi bien campés qu’écrits, et un réalisme bienvenu qui prend même un malin plaisir à ne faire se rencontrer les deux têtes d’affiche que lors du final. Un divertissement des plus sympathiques qui connait une suite attendue cinq ans plus tard. Tellement fidèle à l’original qu’elle n’hésite pas à reprendre directement la structure (ouverture en forme de feu d’artifice, mission qui tourne au drame et enquête / survie) où finalement une sombre affaire de trafics d’œuvres d’art vient simplement remplacer l’affaire de corruption initiale. Autre différence ici la collaboration bien plus poussée entre le maître des SFX et l’ancien flic retraité, appuyant une alchimie déjà aperçue dans le premier film et digne ici parfois d’un vrai buddy movie. L’affaire proprement dite se montre d’ailleurs légèrement plus complexe, avec son lot de révélations et de trahisons prévisibles, et plus généreuses encore dans la place des effets spéciaux visibles que ce soient l’appât à base de maquillage et d’écran de projections utilisés pour appréhender un pervers sexuel, que dans la multitude de gadgets utilisés par Rollie Tyler tout au long de l’aventure, faisant de lui parfois un McGyver du grand écran. Une surabondance mettant un peu à mal la suspension de crédibilité (le clown animatronic téléguidé par exemple) qui n’est certainement pas étranger à la présence de Richard Franklin derrière la caméra. Un autre australien signataire de réussites comme Patrick, Déviation mortelle, Link ou Psychose II qui apporte en l’occurrence une efficacité bien plus musclée dans la construction du thriller et, naturellement, quelques allusions coutumières au cinéma d’Alfred Hitchcock. Une suite qui ne démérite pas bien au contraire, et préserve avec bonheur la nature profondément honnête et divertissante du premier film.
Image
Sont présentés ici les seuls masters HD existants des films, déjà exploités de par le monde et en particulier du côté des Américains de Kino Lorber. La restauration est évidente avec une quasi-disparition des différents défauts de pellicules (même si quelques artefacts persistent) et l’apport de cadre stables et homogènes. Mais tout ce travail a uniquement été effectué numériquement à partir de sources vidéo plus toutes jeunes. Les couleurs ne sont donc pas aussi intenses qu’elles devraient l’être, la profondeur quasiment absente et les séquences en basses lumières font irrémédiablement apparaître des noirs grisonnants et neigeux. Propre donc, mais assez terne.
Son
Aucun reproche à faire cependant aux pistes sonores DTS HD Master Audio 2.0 qui imposent une clarté bien posée et surtout une dynamique frontale et latérale bien marquée et naturelle. Même les versions françaises d’excellente facture (la voix française de Dennehy y est pour beaucoup) retrouve les sensations d’autrefois sans se perdre sous la poussière.
Interactivité
Proposé pour l’instant en édition double (les éditions singles suivront dans quelques semaines), les deux opus de F/X sont accompagnés des bonus de l’édition américaine… excepté la featurette d’époque de F/X2. Reste donc celle du premier film avec pas mal d’images de tournages et de rencontres on set dans la plus pure tradition de la promotion américaine et surtout une bonne interview du réalisateur, enregistrée en 2015, où il revient avec plaisir sur cette expérience un peu à part dans sa carrière, sa collaboration avec les acteurs, son apprentissage des scènes d’action et son refus de signer la suite.
Mais L’Atelier d’image a décidé d’y ajouter deux suppléments maison avec une présentation des films et un retour sur cette époque bénies des SFX par un journaliste de Mad Movies et un entretien exclusif avec l’excellent Bryan Brown. Il y discute essentiellement du premier film, qu’il considère comme plus réussi, son opportunité de l’installer en tête d’affiche d’un film d’action américain, sa collaboration avec Dennehy et même un potentiel troisième opus enterré après l’accident mortel du producteur Dodi Al-Fayed.
Liste des bonus
Livret photo de 24 pages, Entretien avec le réalisateur Robert Mandel (14’), Making of d’époque (14’), Entretien avec Bryan Brown (17’), « Comme au cinéma » par alexandre Poncet, Bandes annonces.