FURY
Etats-Unis, Chine – 2014
Support : UHD 4K
Genre : Guerre
Réalisateur : David Ayer
Acteurs : Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Peña, Jon Bernthal, Jason Isaacs
Musique : Steven Price
Image : 2.40 16/9
Son : Dolby Atmos et DTS HD Master Audio 5.1 anglais, Dolby Audio 5.1 français, allemand, espagnol…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, espagnol…
Durée : 134 minutes
Editeur : Sony
Date de sortie : 03 mai 2023
LE PITCH
Avril 1945. Les Alliés mènent leur ultime offensive en Europe. À bord d’un tank Sherman, le sergent Wardaddy et ses quatre hommes s’engagent dans une mission à très haut risque bien au-delà des lignes ennemies. Face à un adversaire dont le nombre et la puissance de feu les dépassent, Wardaddy et son équipage vont devoir tout tenter pour frapper l’Allemagne nazie en plein cœur…
Machine de morts
Avant d’aller se perdre dans les limbes de l’univers DC comics, David Ayer affichait une ambition beaucoup plus enthousiasmante. Après le néo-noir Au bout de la nuit et le fiévreux End of Watch il s’engouffrait dans les dernières heures de la Seconde Guerre Mondiale, accompagnant l’équipage d’un Tank Sherman jusqu’au bout de l’enfer.
Un tank mythique, massif, destructeur, inarrêtable (malgré son homologue allemand plus mobile) qui protège autant qu’il expose sa troupe alors qu’elle traverse les dernières frontières allemandes. La guerre touche à sa fin, les soldats sont exsangues, les armées constituées de bric et de broc (et même d’enfants chez les Allemands) tandis que les paysages semblent éventrés, laissant encore apparaitre quelques villes comme des mâchoires brisées. L’apocalypse en bout de course pour une guerre qui n’a que trop rarement été montrée avec autant de brutalité et de réalisme. Les balles ne font pas de gentils trous proprets mais perforent, explosent et démembrent les corps réduits à de la charpie qui s’évacuent par chargement entiers ou se font rouler dessus par manque de temps… et de considérations. Au-delà de la démarche terriblement spectaculaire de reconstitution de batailles blindés destructrices, le film cherche surtout à renouer avec des héros de guerre qui ont peu à peu perdu pied avec la lucidité et la moralité qui fut la leur.
Un dernier combat
Des survivants échappés des batailles africaines et européennes, qui trainent derrières eux une montagne de visions apocalyptiques, des compagnons d’armes perdus et qui cachent derrière un humour lourdingue et un comportement grossier des blessures béantes et aliénantes. La présence de têtes d’affiches comme Brad Pitt ou Shia LaBoeuf (avant qu’il parte en vrille pour de vrai) ou des solides Logan Lerman (Le Monde de Charlie), Michael Peña (End of Watch) et Jon Bernthal (The Punisher) n’est pas là que pour attirer le chaland mais aussi pour assurer une solidité considérable à des personnages dont l’animalité et le rage constamment au bord de la folie pourrait facilement tomber dans le ridicule et la caricature. C’est là le talent de David Ayer qui met constamment ses personnages au premier plan, dessinant leurs contours ambigus, leur camaraderie mais aussi leurs aspects les plus inquiétants avec une même intensité. D’ailleurs même si le film s’achève par une dernière bobine éprouvante où le tank, immobilisé, devient autant un ultime fort qu’une tombe en fer forgé face à des assaillants allemands en surnombre, la séquence la plus marquante et la plus tendue de Fury reste cette inespérée tentative de respiration que s’offre l’officier « Wardaddy » (Brad Pitt) en compagnie du jeune Norman (Logan Lerman) dans un appartement habité par deux allemandes. Un court instant volé à la mort et la fatalité qui se retransforme en douloureux chemin de croix et en repas malaisant lorsque le reste de la bande s’impose à table, comme des bœufs, et viennent évoquer pour ajouter au malaise l’un de leur pire souvenir du front. Une odeur de putréfaction qui colle à la peau et aux hommes.
Image
Fury est un film idéal pour un transfert UHD. Ne serait-ce que par son tournage qui fut effectué sur pellicule 35mm ensuite scannée en 4K pour la post-production et pour le transfert présenté anciennement sur Bluray puis sur UHD. Mais aussi parce que l’omniprésence de teintes maronnasses, de gris effacés, de plans désaturés et le grand final baigné dans le noir et un brouillard rougeâtre, ne pouvait véritablement prendre totalement corps que sur ce support très haute définition. Même si le Bluray se montrait particulièrement solide et généreux, l’UHD le dépasse d’une bonne tête avec une définition beaucoup plus poussée, des matières largement mieux tenues et une colorimétrie plus ample aux dégradés plus généreusement dessinés. Plus quoi.
Son
Un peu triste pour la version française toujours bloquée en Dolby Digital 5.1, désormais un peu daté, là où la version originale en plus d’un DTS HD Master Audio 5.1 tonitruant décuple largement ses effets avec un impressionnant Dolby Atmos. Comme toujours celui-ci permet une immersion sans pareil combinant une spatialisation énergique et une minutie de détails sonores dont le réalisme correspond parfaitement à la démarche du film. Les balles fusent dans tous les sens, les explosions font vriller les tympans et le caisson de basses, trop oublié ces derniers temps, fait trembler les fondations de la maison.
Interactivité
Seconde édition UHD avec donc comme souvent la disparition de la copie Bluray du film qui là aussi comportait quelques suppléments uniques dont les scènes coupées du film. Un peu dommage même s’il reste tout de même sur le disque UHD le plus gros du matériel avec un mélange de documentaires de bonnes tailles et de sujets plus courts qui mélangent constamment les véritables éléments historiques, les origines des tanks, leurs fonctionnements, la violence des batailles de la Seconde Guerre Mondiale, les armes et costumes utilisés, en les rapprochant des motivations du film et de leur reconstitution poussée. Les acteurs sont donc souvent en retrait laissant la place au réalisateur, aux responsables des accessoires, décorateurs, mais aussi à quelques spécialistes et historiens. Une approche qui change effectivement des making of promo.
Liste des bonus
« Les chars blindés de Fury » (46’), « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire : L’horreur des combats » (28’), « Le Tiger 131 » (5’), « Au coeur de Fury » (6’), « Affrontement de blindés » (7’), Bandes-annonce.