FUNNY PEOPLE
Etats-Unis – 2009
Support : Bluray
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Judd Apatow
Acteurs : Adam Sandler, Seth Rogen, Leslie Mann, Eric Bana, Jonah Hill, Jason Schwartzman, …
Musique : Michael Andrews, Jason Schwartzman
Durée : 146 minutes
Images : 1.85 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 22 septembre 2021
LE PITCH
Comédien de stand-up devenu star du cinéma, George Simmons mène la vie solitaire d’un célibataire endurci. Lorsque son médecin lui annonce qu’il est atteint d’une très rare maladie du sang le condamnant à une mort certaine, il décide de retourner aux racines de son art et se lie d’amitié avec un débutant à qui il demande d’écrire des blagues pour une nouvelle tournée, …
La Politesse du désespoir
Roi de la comédie US depuis le début des années 2000 au travers de ses (nombreuses) productions et réalisations, Judd Apatow a puisé sans réserve dans le vivier du stand-up, les improvisations sans filet de ses comédiens lui ayant permis de déconstruire avec succès les standards rigoureux de la comédie sur grand écran. Avec Funny People, il s’intéresse aux coulisses de la discipline et aux travers de ses stars. Le rire n’est plus l’objectif premier mais la tendresse demeure.
Se résumant pour l’essentiel à de longs monologues sans effets de scène où un artiste flingue le monde qui l’entoure en alignant les vannes les plus agressives qui soient, le stand up s’est imposé au fil des décennies comme le tremplin privilégié des aspirants comédiens, ringardisant par sa simplicité apparente les vieux « truc » du music-hall tels qu’on les concevait encore jusqu’au début des années 70. Pas de musique, pas de costumes, pas de mise en scène, juste un tabouret et un micro. Jerry Seinfeld, Richard Pryor, Eddie Murphy, Chris Rock et tant d’autres y ont fait leurs armes. Revers de la médaille, le stand up inspire peu, voire pas du tout, les cinéastes. Bob Fosse et Milos Forman sont à vrai dire les seuls à s’y être réellement intéressé, notamment au regard de son pouvoir de subversion, avec des biopics consacrés à Lenny Bruce (Lenny, 1974) et Andy Kaufman (Man on the Moon, 1999). Deux films formidables mais auxquels Judd Apatow ne tente pas de se mesurer, son Funny People jonglant entre la fiction, l’hommage et la fable humaniste.
Le personnage de George Simmons est une créature hybride, à la fois construite autour de la personnalité de son interprète Adam Sandler (dans son meilleur rôle, ni plus, ni moins) et d’Apatow lui-même. Comme bon nombre de héros imaginés par Judd Apatow, Simmons n’est pas franchement un type bien et son immaturité chronique l’enferme dans une forme d’autosatisfaction de plus en plus pathétique. Deux traits de caractère le distinguent pourtant du Ron Burgundy d’Anchorman ou du Andy Stilzer de 40 ans, toujours puceau : son cynisme et sa solitude. S’il n’y a rien d’inédit à décrire un artiste comme un être solitaire et asociale, Apatow a l’idée lumineuse de recentrer très vite ses enjeux autour de l’amitié et de l’épanouissement familial plutôt que vers l’accomplissement artistique, le retour de Simmons vers la scène qui l’a révélé au grand public se révélant plus symbolique qu’autre chose.
La vie est belle ?
Trop souvent réduits à un humour trash jouant avec gourmandise en dessous de la ceinture, les films d’Apatow ont toujours fait preuve d’un mélange de bienveillance et de mélancolie hérités du cinéma de Frank Capra. Très ouvert sur la question d’une sexualité festive, crue et décomplexé, l’auteur reste néanmoins convaincu que le succès d’une relation amoureuse ne se mesure pas à la valeur d’une partie de jambes en l’air. Ces convictions et ces valeurs servaient auparavant de valeurs ajoutées à ses comédies mais elles passent au premier plan de Funny People. Il faut le répéter, ce film n’est pas une comédie, quand bien même certains moments peuvent se révéler hilarants. Funny People parle de la mort, de l’amitié, de l’amour et de la famille, les abordant sur un ton calme, apaisé. Ayant réussi l’exploit de débaucher Janusz Kaminski, chef op attitré et très exclusif de Steven Spielberg depuis La Liste de Schindler, Judd Apatow soigne la forme plus qu’à l’accoutumée et coupe littéralement son film en deux, tant d’un point de vue chromatique que sur le rythme et le montage. La première partie enchaîne les scènes courtes et les coupes volontairement frustrantes (les numéros de stand up sont abrégés au moment où ils deviennent drôles) et souligne le teint de plus en plus blafard de son protagoniste principal, affaibli par une leucémie et le traitement expérimental qui l’accompagne. La seconde est presque entièrement phagocytée par un week-end chez l’ex-compagne de George Simmons, le doux rêve d’un nouveau départ baignant dans une lumière solaire. Dans un premier temps, Apatow filme ses amis et ses collègues, les saluant avec autant de respect que d’amertume. Dans un deuxième temps, il s’attarde sur sa propre famille (Leslie Mann, sa compagne à la ville, et ses deux filles). On pourrait accuser Judd Apatow de se complaire dans l’entre-soi et de se regarder le nombril et pourtant, Funny People est un film ouvert sur son public, foncièrement attachant par sa sincérité et son refus d’une quelconque pudeur.
Critiqué pour sa durée (presque 2h30 !) et pour sa bande annonce mensongère, déception au box-office, Funny People propose au spectateur une odyssée émotionnelle plus exigeante que prévue et qui amène à réfléchir à la nature même du rire et des sacrifices (consenties ou non) par des comédiens dont on se refuse à voir la normalité. Car, et qu’on le veuille ou non, rire n’est jamais innocent et le clown finit toujours par y laisser des plumes.
Image
Disponible depuis plus de dix ans outre-Atlantique, Funny People débarque enfin en France sur support haute-définition. Le master, lui, ne change pas. Et c’est tant mieux puisque le blu-ray US était déjà au-dessus de tout reproche. On retrouve ici sa gestion miraculeuse du grain cinéma et sa définition très agréable. Toutes les nuances de la très belle photographie de Janusz Kaminski y sont restituées sans accrocs notables.
Son
Il ne faut pas s’attendre à du grand spectacle mais l’équilibre entre les dialogues et la (très jolie) bande son vient se reposer sur une spatialisation discrète mais très efficace, en particulier lors des scènes de cabaret pendant la première heure.
Interactivité
: L’incompréhension est totale. Il vous faudra conserver précieusement votre ancienne édition DVD car ce bluray nous arrive sans le moindre petit supplément, fut-ce une simple bande-annonce. Pire encore, la version longue a été laissée sur le carreau. La faute à qui ? On aimerait bien le savoir …
Liste des bonus
Aucun.