FUNKY FOREST & THE WARP FOREST
ナイスの森 The First Contact, あさっての森 – Japon – 2005/2011
Support : Bluray
Genre : Fantastique, Comédie
Réalisateur : Katsuhito Ishii, Miki Shunichiro, Hajime Hishimine
Acteurs : Hideaki Anno, Tadanobu Asano, Shihori Kanjiya, Ryô Kase, Rinko Kikuchi, Yoshiyuki Morishita, Fumi Nikaidô, Susumu Terajima
Musique : Aniki, Toru Midorikawa, Eiko Sakurai,
Durée : 150 + 82 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 28 avril 2022
LE PITCH
Funky Forest est un film complètement déjanté, plein d’humour, de body horror surréaliste et… de danse. Trois réalisateurs – Katsuhito Ishii, Hajime Ishimine et Shunichiro Miki – ont combiné leurs visions dans une combinaison de sketches comiques burlesques, de séquences animées et d’êtres extraterrestres juteux qui rappellent la nature sauvage de l’écrivain William S Burroughs.
Allons cueillir des champignons
Parce qu’au Japon on découvre encore de nos jours des vrais forêts magiques où se croisent aliens en perditions, bestioles organiques libidineuses, adolescents se lançant dans des chorées endiablées avec une géante animée, voici le doublé Funky Forest et The Warped Forest. Deux œuvres WTF ? qui nous font sérieusement penser que la fameuse forêt, ils ont dû la fumer.
Né de l’esprit déjà bien décalé de Katsuhito Isshi réalisateur d’objets comme Party 7, The Taste of Tea ou de l’anime Trava : First Planet, Funky Forest se veut comme une expérience collective où, accompagné des deux collègues réalisateurs Miki Shunichiro (Custom Made 10.30, mais aussi scénariste sur The Evil Within 2) et Hajime Hishimine (Sarasoi mais aussi une parodie SD officielle d’Evangelion), il laisse une nouvelle fois libre cour à une imagination débordante et à un humour nonsensique aussi gamin que désarmant. Sans début ni fin, et pas franchement de milieu non plus, le film ressemble à un gigantesque potpourri de scénettes qui s’enchainent avec plus ou moins de logique, un peu à la manière d’un cadavre exquis où chacun viendrait plaquer ses petits univers, ses petites obsessions, où le seul lien finalement serait un petit patelin nippon graduellement contaminé par une folie ambiante. Si le film s’ouvre ainsi par un catastrophique duo comique Manzai enchainant grimaces et grosses baffes (ils reviendront régulièrement par des inserts de plus en plus frénétiques), ils laissent ensuite place à un étrange jeune homme, pilote d’un vaisseau traversant un univers cosmique kawai, lui-même devenant le simple écho d’une anecdote raconté par une adolescente à son meilleur ami (mais très intéressé). Un jeu de poupée russe qui oscille constamment entre la SF Pop, la comédie musicale, la chronique presque naïve de personnages marginaux (les trois frangins dépareillés, le club des cœurs solitaires…), le sketch télévisé (la salle de classe totalement hystérique où s’invite le créateur d’Evangelion), les apartés animées (qu’on nous dit imaginées par un chien) et les envolés absolument grotesques mariant les déviances du boddy horror avec une candeur tout simplement hallucinante.
Plug In Baby
Des instruments de musique qui se caressent à des endroits embarrassants ou se greffent sur l’anus, des comiques troupiers qui crée un remake ridicule de Videodrome ou une jeune joueuse de tennis qui tente d’exploser en plein vol des sangsues s’échappant du corps d’un homme aux tétons turgescents… Vaste programme pour quelques performances visuelles assez fascinantes et qui tranchent parfois violement avec le rythme presque contemplatif du reste du métrage et ses petits décalages loufoques. Un long métrage totalement autre où le spectateur prend plaisir à picorer tout du long des 2h20 de spectacle, dans ces petits tableaux autistiques façon Wes Anderson signant un épisode de Twin Peaks, secoués avec une bonne dose de rythmique d’anime et de Cronenberg en couche culotte. Responsable en l’occurrence de ces débordements les plus organiques, Shunichiro Miki tente d’offrir à Funky Forest un prolongement inattendu avec The Warped Forest.
Sept ans après les premières exactions, le voici en solitaire pour une œuvre entièrement financée par ses économies personnelles grâce à ses réalisations publicitaires, et sur certains points bien plus radical que le premier. Un nouveau film, un nouveau village cette fois-ci totalement sous le joug d’une présence alien, mais totalement intégrée dans la vie quotidienne, voir « normalisée ». Alors qu’un gigantesque monolithe plane au-dessus des montagnes, les habitants répartis en géants et mini-gents (les effets collages et maquettes sont particulièrement réussis), dégustent d’étrange fruits vulves cueillis à l’entre jambes d’arbres à l’apparence de jolies femmes nues, sortent leurs économies de leurs nombrils, se lancent dans d’étrange danses masturbatoires ou chasse les méduses terrestres avec des pistolet-pénis crachant un appât blanchâtre. Un microcosme joyeusement déviant qui se crée sa propre logique insaisissable et potache où là encore les scénettes connectées se succèdent avec une mollesse suave. Un érotisme cotonneux qui s’avère sans doute encore plus bancal et désarticulé que le premier long métrage, mais séduit forcément par sa personnalité unique, dégingandé et ses partis-pris constamment assumés, jusqu’au concert végétal et ses supers sentais bios en guise de final.
Presque uniquement diffusés dans des festivals spécialisés aimant les curiosités et les œuvres singulières, Funky Forest et The Warp Forest restent deux propositions à expérimenter, et désormais à déguster dans un nuage de fumée à la maison grâce aux éditions Spectrum Films.
Image
Pas tout à fait logé à la même enseigne les deux films séparés par quelques années dans leur production, n’affichent pas forcément des masters du même acabit. Le premier Funky Forest, malgré une copie très propre et stable, est issu d’une source vidéo aujourd’hui un peu vieillissante et reste marqué par une image souvent trop douce et à la définition légèrement en retrait. Bien plus percutant, The Warped Forest est directement issu de la source numérique et impose pour le coup une définition pointue, des teintes plus pimpantes et une tenue générale plus performante.
Son
Très généreux dans ses ambiances sonores Funky Forest profite pleinement d’un DTS HD Master Audio 5.1 qui sait jouer habilement sur les décalages du film, rebondissant sur les sonorités bizarroïdes tout en délivrant quelques atmosphères plus fines. Les dialogues sont clairs et équilibrés. A côté, le simple DTS HD Master audio 2.0 de Warped Forest, très peu diffusé en salle, semble un peu plus étriqué, devant se contenter d’une dynamique bien plus frontale, mais tout à fait efficace.
Interactivité
Proposé en deux éditions séparées, les deux films jouent assez naturellement sur un design très proche dans leur jaquette / fourreau. A l’intérieur ils reprennent ni plus ni moins tous les suppléments disposés sur les éditions anglaises et japonaises avec des commentaires audios collectifs en vost, de longs making of à la japonaise consistant le plus souvent en une suite de B-Roll suivant les jours de tournages, plus ou moins interrompus par quelques interventions de l’équipes et des scènes coupées / alternatives / préparatoires à la pelle pour Funky Forest. The Warped Forest profite de son coté d’une interview plus approfondie avec le réalisateur Miki Shunichiro qui revient sur le financement entièrement sur fonds personnels du projet, son travail avec les acteurs, les effets spéciaux et malheureusement son absence des écrans depuis.
A ce programme, Spectrum a apporté sa petite graine en demandant deux introductions maison signées Fabien Mauro. Des présentations qui brassent les grandes particularités loufoques des films et les rapprochent de diverses traditions nippones ou de quelques références occidentales.
Liste des bonus
The Funky Forest : Commentaire audio, Présentation de Fabien Mauro (20′), Making of (68′), Scènes coupées (21′), Scènes alternatives (12′).
Liste des bonus The Warped Forest : Commentaire audio, Présentation de Fabien Mauro (16′), Interview du réalisateur (23′), Introduction du réalisateur (1′), Making of (12′), Storyboard (3′), Les Merveilleux habitants de Funky Forest (23′), Bande annonce (1′).