Nouvelle révélation musclée échappée du monde du catch, John Cena (« You Can’t See Me ») a effectivement toutes les armes en main pour prendre la relève d’une illustre tradition de gros bras sympathiques à l’américaine. Surtout qu’en peu de temps, le bonhomme a enchainé deux participations à la tristement incontournable licence Fast & Furious (le 9 et le 10 aux cas où vous vous demandiez), une apparition en sirène dans l’énorme succès Barbie, mais a surtout imposé sa marque pleine d’ironie avec le personnage de Peacemaker chez DC Comics, dans l’excellent The Suicide Squad puis dans sa série dédiée. De quoi démontrer que ce dernier, au-delà d’assurer ses scènes d’action a aussi de réelles capacités d’acteur, dramatique ou de comédie. Dommage alors de le voir prendre déjà le chemin du DTV et surtout de la production de série vite emballée pour le marché du streaming. Effectivement sur le papier Freelance coche gentiment toutes les cases attendues du petit divertissement pas cassant avec son vieux baroudeur grincheux qui revient sur le terrain, la jolie journaliste qu’il doit protéger, aussi séduisante que casse-pied, et un vilain dictateur d’Amérique du Sud cible agaçante, mais tout en charmes bright, d’un coup d’état foireux. Déjà vu certainement, mais après tout avec une réalisation musclée et un humour bien senti l’affaire pouvait s’avérer une bonne surprise.

Pris pour cible

Peut-être n’aurait-il pas fallu alors chercher Pierre Morel, ancien dauphin de Luc Besson et fausse fierté nationale qui base depuis les années 2000 toute sa gloire sur le succès du premier Taken. Yes man par excellence, et même pas un bon en plus, il se montre une nouvelle fois incapable de livrer une seule séquence d’action convenable, toujours molles et figées, ou un pauvre combat mano-a-mano avec ne serait-ce qu’un soupçon de chorégraphie inspirée. Tout y est mécanique, mais lourd, sans âme et sans intensité. Pas beaucoup plus de sensation non plus du coté du trio de personnages, antagonistes obligés de collaborer tout en se chamaillant dans leur fuite. Difficile en effet de ressentir une quelconque alchimie entre John Cena et la toujours charmante, et normalement pleine d’esprit, Alison Brie (Glow, Community…) et le dictateur de BD incarné par Juan Pablo Raba (Narcos, Six…). Problème de direction d’acteurs, d’écriture, de mise en scène ? Sans doute un peu tout ça, mais aussi ce besoin d’enquiller tous les passages attendus, prévisibles, comme cette sortie nue de la douche, où les trois compères tombent les uns sur les autres, pour un moment bien moins drôle que gênant car vide et gratuit. On note cependant quelques amorces plus pertinentes dans l’évocation d’un pays latin à la dictature téléguidée et instrumentalisée par les USA et les consortiums économiques, mais cela reste bien timide à coté de la célébration du Second Amendement et des milices militaires. Sinon, on y aperçoit aussi Christian Slater qui vient chercher son chèque.