FREAKS OUT
Italie, Belgique – 2021
Support : Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : Gabriele Mainetti
Acteurs : Claudio Santamaria, Aurora Giovinazzo, Pietro Castellitto, Giancarlo Martini, , Giorgio Tirabassi, Franz Rogowski
Musique : Gabriele Mainetti, Michele Braga
Durée : 141 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Italien et Français en DTS-HD Master 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan
Date de sortie : 11 août 2022
LE PITCH
Rome, 1943, sous occupation nazie, la Ville éternelle accueille le cirque où travaillent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario comme phénomènes de foire. Israel, le propriétaire du cirque et figure paternelle de cette petite famille, tente d’organiser leur fuite vers l’Amérique, mais il disparaît. Privés de foyer et de protection, dans une société où ils n’ont plus leur place, les quatre « monstres » vont tenter de survivre dans un monde en guerre…
i fantastici quattro
Et si le meilleur film de super-héros de l’année 2021 était italien ? Après le surprenant On l’appelle Jeeg Robot, Gabriele Mainetti continue de renouveler un genre empêtré dans la machinerie industrielle américaine. Un peu d’âme, de fantaisie et beaucoup de libertés surtout.
Révélé donc par un petit film secouant les codes des super-héros dans un mode plus terre-à-terre et surtout beaucoup plus italien, Gabriele Mainetti est devenu le nouvel espoir d’un cinéma populaire local que l’on croyait tristement enterré. Désormais doté d’un budget bien plus conséquent, digne de ses ambitions (le film dure 2h20 comme un gros Marvel), le jeune réalisateur pousse bien plus loin sa logique en s’inscrivant plus encore dans ses origines culturelles et dans les racines européennes plongeant directement dans le chaos de l’Italie fasciste de la Seconde Guerre Mondiale. Dans ce contexte dramatique, la figure des montres de foire dont le cirque est littéralement détruit après une superbe introduction illustrant leur show tout en plan séquence et en poésie, apparait immédiatement comme une extrapolation de la traque de la moindre différence, de l’étranger, de l’autre. A l’instar des X-Men et de leurs premières itérations cinématographiques, il est naturellement question ici de la différence et de la nécessité de l’assumer et de l’accepter dans son entièreté. Tout d’abord au banc de la société, isolés, traqués, Matilde dont le corps généré de l’électricité, Fulvio l’homme loup à la force herculéenne, Cencio l’albinos qui commande les insectes et Mario le nain maitrisant le magnétisme, vont peu à peu prendre la mesure de leur force et devenir les (super) héros attendus.
Free Circus
Une ligne classique pour ce type de récit, initiatique et hyperbolique, mais que Gabriele Mainetti traite avec énormément de soin, de passion et de sincérité, multipliant les détails qui inscrivent parfaitement son univers (foisonnant) dans l’arrière-plan historique, jusqu’un antagoniste, Franz, « mutant » que les six doigts à chaque main et la capacité de voir l’avenir, range du coté des freaks, lui qui se rêvait modèle aryen. Un petit univers entre le Alex de la Iglesia de Balada Triste et le merveilleux d’un Guillermo del Toro qui réussit constamment à mélanger les détails les plus truculents (la sexualité et la violence y sont affichés), l’humour doucement décalé, la féerie latine, avec une véritable dimension de spectacle grand publique, voir ado, d’aventure à grande échelle. Le climax du film, autour du sauvetage du mentor de la troupe, Israel magicien juif, enfermé dans l’un de ces trains envoyés vers un camp de concentration rappelle aussi bien l’horreur de l’holocauste, la maturation de personnage en pleine affirmation de leurs pouvoirs et un esprit pulp pas loin des Indiana Jones. Forcément entre la multiplication des personnages secondaires, dont d’inoubliables maquisards éclopés, des anachronismes totalement assumés (Franz qui joue Creep de Radiohead au piano devant un parterre de nazi) et une construction épisodique, Freaks Out a un peu tendance à partir dans tous les sens, à frôler le trop plein. Mais c’est aussi cet aspect vivant qui fait la différence à côté d’une école américaine qui a tendance à se standardiser de plus en plus. Freaks Out fait beaucoup de bien au cinéma Italien… et aux spectateurs.
Image
Capturé en numérique au format 2.8K et transféré en 2K Freaks Out a cependant fort à faire avec de longues séquences nocturnes, des contrastes très marqués et surtout une photographie jouant volontiers des nappes brumeuses et des sources tamisées. Bien entendu les cadres sont d’une propreté limpide, la définition précise et bien tendue, les couleurs chaudes et vives, mais quelques passages mettent un peu à mal la source d’origine. On aurait été curieux de voir ce que donne l’UHD italien, forcément upscallé, mais peut-être plus performant et stable sur les noirs.
Son
Extrêmement puissante et ultra dynamique la piste DTS HD Master Audio 5.1 italienne donne tout ce qu’elle a, jouant à merveille sur l’énergie du film et sa magie, accompagnant les scènes plus spectaculaires comme les plus lyriques avec une ferveur bienvenue. Tout y est clair, équilibré et enveloppant.
Interactivité
Pas mal de segments sont annoncés pour le Bluray de Freaks Out, mais malheureusement ceux-ci restent assez courts et parfois même assez anecdotiques comme les comparatifs avant / après pour les effets visuels ou les prises ratées. Les deux vrais making of, l’un résumant tout le tournage en moins de quinze minutes, l’autre s’attardant avec plus de précision sur l’écriture et l’enregistrement de la bande originale, ne font pas oublier l’absence d’un documentaire plus complet et creusé. Pas désagréables mais un peu juste. Les cinq minutes de scènes coupées délivrent quelques articulations plus étendues (par exemple sur l’implication de la femme à barbe dans l’évasion du cirque), mais ont été évidement retirés du montage pour maintenir le rythme.
Liste des bonus
Making of, Conception des effets spéciaux, Scènes coupées, Scènes ratées, À propos de la bande originale, Comparaison scénario/storyboard, Galerie de photos, Bandes-annonces.