FORT YUMA
Etats-Unis – 1955
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Lesley Selander
Acteurs : Peter Graves, Joan Vohs, John Hudson, Joan Taylor, Abel Fernandez…
Musique : Paul Dunlap
Durée : 78 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 06 janvier 2022
LE PITCH
Au cœur de l’Arizona, sous l’emprise de la peur, un commerçant abat un chef Apache venu parler de paix. Désormais, son fils, Mangas, ne vit plus que pour le venger. Conscient que toute la région sera bientôt mise à feu et à sang, le commandant de Fort Yuma envoie à Fort Apache un messager demander des renforts. Avant d’y arriver, il est abattu par les hommes de Mangas. Au même moment, une colonne de ravitaillement fait route vers Fort Apache. Son commandant, le lieutenant Keegan, ignore encore que lui et ses soldats se jettent dans la gueule du loup…
La Caravane passe
Produit au sein de la société indépendante Bel-Air Productions avec un budget modeste, un casting étriqué et quelques semaines de tournage dans les terres arides de l’Utah, Fort Yuma pourrait être un western de série B comme un autre. Mais sa violence et son écriture adulte en font un spectacle assez étonnant.
Il est toujours aussi incroyable de voir le nombre de westerns américains qui purent être tournés durant les années 40-50. C’est qu’au-delà des grosses productions hollywoodiennes servies par les grands noms du genre, de nombreuses petites productions tentaient de grappiller leur part du gâteau. Dans ce milieu légèrement en marge, on trouve bien souvent le nom de Lesley Selander, mercenaire du double programme et de la pelloche économique a qui ont doit plus d’une centaine de westerns sur 145 réalisations créditées. Impressionnant. Mais si celui qui se fera sans doute encore mieux connaître en signant une cinquantaine d’épisodes de la série culte Lassie affiche une telle productivité, c’est souvent au détriment d’un certain niveau de qualité. Fort Yuma par exemple n’affiche pas vraiment une réalisation particulièrement inspirée (en dehors d’une très efficace attaque de chariot à bride abattue), enchaîne les longs tunnels dialogués, doit composer avec une direction d’acteurs très aléatoire et plus généralement manque cruellement d’ampleur et de puissance. La forme, déjà télévisuelle, est sans doute accentuée pour les connaisseurs par la présence au générique de Peter Graves (Mission Impossible) et Abel Fernandez (Les Incorruptibles).
Hostiles
Mais avec sa durée très resserrée et ses enjeux droits comme un i, on ne s’ennuie jamais vraiment dans Fort Yuma. Il faut dire que Lesley Selander était alors plutôt connu pour ses excès et sa tendance à accentuer la violence et la brutalité de ses westerns. Un soldat transpercé par une lance, un indien pendu sans une ombre de procès, une troupe entière massacrée en quelques minute à peine … Il semblerait même que la première version du film, avant les coupes du comité de censures, était beaucoup plus corsée et complaisante. Une tonalité que l’on retrouve aussi dans les personnages du film, plus réalistes dans leur écriture qu’à l’accoutumé comme ce Lt. Ben Keegan, qui passe rapidement de figure de héros de la cavalerie à salopard xénophobe, traitant comme un rien sa maîtresse, une jolie indienne. Illustrée avec autant de crudité que le permettait le cinéma des années 50, cette relation trouve un écho dans celle qui va lier l’éclaireur Jonas et la blanche missionnaire (agaçante à force de bienveillance maladroite), ce qui aboutit à pas moins de deux couples interraciaux pour le même film. D’autant plus admirable que ces « romances » n’ont rien d’ingénues, venant souvent souligner cette haine de l’autre présente dans les deux camps, mais aussi et surtout cette haine qui se retourne contre son propre peuple pour les deux indiens.
Suivant les traces laissées par les classiques La Flèche brisée et La Porte du diable, Fort Yuma apporte avec ses moyens modestes, son propre éclairage sur la condition indienne et les mauvais agissements de l’armée américaine, et peut d’ailleurs se vanter d’être l’un des rares films de l’époque à faire appel à de véritables amérindiens pour jouer le gros des assaillants.
Image
Déjà plutôt bien traité lors de sa sortie DVD il y a dix ans chez le même éditeur Sidonis, Fort Yuma se voit désormais présenté sous la forme d’une toute nouvelle copie HD, manifestement héritée d’un scan 2K à la source. Et même si bien évidement il reste quelques points blancs, quelques contours moins stables et autres accents neigeux lors des fondus enchaînés, la restauration redonne une vraie matière au film, accompagnée par un grain très marqué mais naturel, de très jolis reflets argentiques et surtout des couleurs riches, pleines et contrastées, superbement Technicolor.
Son
Le doublage français, bien trop récent, ne convainc toujours pas, là où la version originale se dévoile désormais avec une clarté inédite. Rares sont les imperfections de cette pistes DTS HD Master Audio 2.0, et le mono d’origine retrouve toute son efficacité d’antan.
Interactivité
Intégré dans la vaste collection Western de Sidonis, Fort Yuma s’offre naturellement ses propres interventions de Patrick Brion et François Giré. Nos deux spécialistes incontournables qui viennent chacun à leur manière souligner le traitement original de la question indienne, évoquer la violence du film et les coupes subies et plus largement redorer un peu le blason du réalisateur Lesley Selander. Classique mais efficace.
Liste des bonus
Présentations du film par Patrick Brion (10’), Présenation du film par Jean-François Giré (11’), Bandes-annonces.