FORT MASSACRE
Etats-Unis – 1958
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Joseph Newman
Acteurs : Joel McCrea, Forrest Tucker, Susan Cabot, John Russell…
Musique : Marlin Skiles
Durée : 80 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Sydonis Calista
Date de sortie : 06 janvier 2022
LE PITCH
Ses officiers décimés par les Indiens, le sergent Vinson prend le commandement des survivants d’une colonne de cavalerie. Son objectif : atteindre Fort Crane situé en plein territoire hostile. À cours d’eau, sous la menace constante d’une nouvelle attaque, Vinson ne souhaite pas vraiment se replier. Hanté par la mort de sa femme et de ses enfants, massacrés par les Apaches, il perd peu à peu le sens des responsabilités pour mieux assouvir une vengeance personnelle. Désormais, pour ses hommes, le danger, c’est d’abord lui…
Les deux mercenaires
Nouvel arrivé dans la collection Western De Légende de Sydonis Calista, Fort Massacre nous propose un western encore atypique pour l’époque. S’écartant de la lignée aventureuse et naïve des productions contemporaines, le film se pose à l’avant-garde des récits crépusculaires et désenchantés d’un Sam Peckinpah.
Sur le papier rien ne devrait distinguer Fort Massacre des innombrables westerns tournés à la chaine par les studios, grands ou petits, dans les années 50. Son réalisateur, Joseph Newman, fait partie de cette génération de réalisateurs qui a passé sa vie sur des plateaux, de « office boy » (garçon de courrier, de café) à réalisateur, en passant par accessoiriste et assistant-réalisateur. C’est un pur artisan de studio « Tout-terrain » capable d’enchainer de la science-fiction, des aventures maritimes ou des westerns, sans se fatiguer.
Des films très souvent oubliables (et beaucoup l’ont été) car, pour la plupart, uniquement pensé pour être consommé sur le moment, en suivant des recettes toutes faites (gentils-méchants-romances) par des scénaristes tout aussi mercenaires que leurs collègues metteurs en scène (comme quoi les choses n’ont pas beaucoup évolué 70 ans plus tard). Mais parfois certains scénaristes tirent leurs épingles du jeu par l’univers qu’ils proposent. C’est le cas de Martin Goldsmith qui commença sa carrière d’abord en tant qu’écrivain de roman pour devenir scénariste à temps plein quand son second roman fut acheté par Hollywood et qu’il s’occupa de son adaptation. Ce qui donna Détour, d’Edgar G. Ulmer, en 1944, devenu une référence du film noir malgré son budget minuscule, grâce à son scénario implacable où un seul mauvais choix (une route à prendre) va entrainer un homme dans une nuit qui changera toute sa vie.
C’est donc sur Fort Massacre que la rencontre entre Martin Goldsmith et Joseph Newman a lieu, et le gout du film noir, et ses personnages torturés, du scénariste va fortement inspirer le réalisateur pour mettre en scène son histoire.
Rendez-Vous Avec La Mort
L’ouverture du film donne tout de suite le ton, puisque le générique est illustré par l’image fixe d’une tombe de fortune d’un soldat où le fusil remplace la croix et le chapeau du défunt est posé dessus, dans une symbolique implacable, la guerre déshumanise, les hommes deviennent des armes ou meurent au combat. Cette morbidité continue dans le plan d’ouverture du film qui voit un petit groupe de soldats marcher dans le désert, surplombé par une colline où un rocher en forme de rapace semble les surveiller. Faisant une très bonne utilisation du format scope, Newman filme « l’oiseau » au premier plan alors que les soldats, d’abord au fond du cadre, vont petit à petit s’avancer, grandir et quitter le cadre, constamment sous le regard de la statue. La vie et la mort dans un décor intemporel, une jolie allégorie du western. Et la mort sera omniprésente dans Fort Massacre, elle frappera souvent pendant le voyage qui amène les soldats jusqu’au fort, elle hante les personnages et surtout le sergent Vinson, protagoniste principal et complètement habité par Joel McCréa. Vinson est un personnage tragique qui a perdu toute sa famille dans la guerre contre les indiens et, est obsédé par la mort au point qu’il garde constamment sur lui les montres de ses hommes, tués au combat. Plus il en perd (principalement par sa faute), plus le bruit des tic-tacs s’intensifie, une superbe idée pour caractériser cet homme perdu depuis bien longtemps. Pas vraiment de contrepoint lumineux pour s’opposer à lui, c’est un soldat fatigué par la guerre et désillusionné sur l’armée, qui n’a que trop vu ce genre de comportement autodestructeur, qui lui servira d’antagoniste.
Peu d’optimisme donc dans ce Fort Massacre, juste un constat amer sur ce que la guerre et la violence font aux hommes. Une tendance qui s’amplifiera la décennie suivante dans le renouveau du Western avec les grands classiques que l’on connait, Italien et Américain, mais revoir Fort Massacre nous donne l’occasion de nous rappeler que c’est très souvent dans les petites séries B du cinéma que sont plantées les graines des futurs classiques.
Image
Si le master utilisé n’est pas de première jeunesse, manquant parfois de définition sur certains plans et possédant quelques points et griffures, il reste tout à fait convenable pour un film de cette époque et permet d’apprécier à sa juste valeur la très belle photographie du film et la mise en scène efficace de Joseph Newman.
Son
Les deux pistes proposées, version originale et version française, sont mixées en DTS master audio 2.0 mais la VF reste inférieure à l’écoute avec des voix étouffés qui couvrent les ambiances sonores. La VO elle, est parfaitement claire avec un très bon équilibrage des différentes sources sonores.
Interactivité
Le film bénéficie de trois présentations, une par le regretté Bertrand Tavernier, qui loue la qualité du scénario et de ses dialogues ainsi que les acteurs du film, il évoque notamment une anecdote morbide sur le destin de Susan Cabot. C’est ensuite Patrick Brion qui s’occupe de nous présenter la filmographie du réalisateur Joseph Newman et pour finir Jean-François Ciré nous présente le film mais hélas son intervention est plutôt redondante avec les deux précédentes. Les bonus se terminent avec la bande annonce d’époque de Fort Massacre.
Liste des bonus
Présentation de Bertrand Tavernier (14’), Présentation de Patrick Brion (10’), Présentation de Jean-François Ciré (13’), Bande annonce (2’).