FORMULE POUR UN MEURTRE
7 Hyden Park : la casa maledetta – Italie – 1985
Support : Bluray
Genre : Thriller, Horreur
Réalisateur : Alberto De Martino
Acteurs : Christina Nagy, David Warbeck, Carroll Blumenberg, Rossano Brazzi, Andrea Bosic…
Musique : Francesco De Masi
Image : 2.35 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 88 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 30 juin 2023
LE PITCH
Boston, 1985 – Ayant chuté, enfant, voici vingt-cinq ans, dans un escalier pour échapper à l’agression d’un homme travesti en prêtre, trauma qu’elle a effacé de sa mémoire, Joanna se retrouve clouée dans un fauteuil. Ayant hérité de la fortune de ses parents, ses journées se partagent entre sa villa et le centre sportif pour handicapés qu’elle a contribué à monter. Son amie Ruth gère son quotidien, tandis que Craig fait d’elle une sportive handisport accomplie. Alors qu’approche la date de signature d’une forte dotation à sa paroisse, les prêtres chargés de cette tâche disparaissent. Craig, l’entraîneur de Joanna, la pousse à l’épouser. Elle finit par lui céder, pour le meilleur et pour le pire…
La Mort en col blanc
Faisant partie des derniers rejetons d’un genre devenu moribond dans son pays d’origine, le giallo donc, et surtout ultime réalisation de l’un des très sympathiques artisans transalpins, Alberto De Martino donc, Formule pour un meurtre joue les cartes classiques du complot sadique et du trauma obsessionnel.
Était-il vraiment pertinent de tourner un nouveau Giallo en cette belle année 1985 ? Pas vraiment tant le genre lui-même est clairement arrivée en bout de courses, digéré et réinterprété jusqu’aux cinéma américain et tant son père le plus célèbre, Dario Argento, avouait être arrivé au bout d’un cycle avec Ténèbres sorti trois ans plus tôt. D’autant plus étrangement Formule pour un meurtre n’entend surtout pas révolutionner la « formule » et opérerait plutôt un inattendu retour aux sources, se débarrassant de tous les excès propres à la décadence : accumulation d’érotisme facile, de gore gratuit et d’effets de style qui tournent en rond. Le film en question se montre ainsi plutôt économe laissant rejaillir de manière sanglante la violence contenue mais uniquement dans trois meurtres aussi graphiques que sans détour, et travaille une mise en scène carrée et ferme plutôt que roublarde. Parfois considéré comme l’un des plus américains des cinéastes italiens, Alberto Di Martino y apporte un professionnalisme féru et une maitrise solide. Lui qui avait connu ses premières gloires du côté du péplum (Le Gladiateur invincible, Les 7 Gladiateurs…), offert quelques westerns sympathiques (Django tire le premier…), porté sa pierre à l’édifice du polar local (Le Nouveau boss de la Mafia, Le Conseiller), a surtout marqué les esprits par ses deux productions les plus tournées vers l’internationale : L’Antéchrist, variation réussie autour de L’Exorciste et consorts et l’apocalyptique Holocaust 2000 avec Kirk Douglas.
Jaune pâle
Si ici les moyens sont bien plus restreints, Formule pour un meurtre tente lui aussi de cacher ses origines ritales sous des pseudos américanisants (De Martino devenant Martin Herbert), un casting anglo-saxon peu charismatique incarné par David Warbeck et Christina Nagy dans les rôles principaux, et un drame censé se dérouler aux alentours de Boston. Las espoir, l’objet est italien jusqu’au trognon et croise directement les pulsions psychanalytiques du giallo des années 70 avec les grands récits de traquenards sentimentaux des années 60. Petits soucis, si les premières bobines donnent une bonne impulsion à l’ensemble avec une ouverture en flashback laissant entendre par fortes symboliques le viol d’une petite fille par un prêtre, et que la menace qui place sur la riche Joanna devenue adulte se fait d’autant plus intriguante qu’elle semble désormais couler le parfois amour avec le prof de sport de son institut, Alberto De Martino choisit de tout expliquer, ou presque, au bout d’une petite demi-heure. Une fois les motivations de chacun bien établies et les amants criminels révélés le film est forcément beaucoup moins palpitant et l’identité de la silhouette noire qui vient hanter la pauvre femme peine à faire frissonner. Il faut attendre les dernières séquences pour que Formule pour un meurtre ne retrouve de son efficacité, confrontant l’héroïne en chaise roulante, avec son bourreau, hystérique et grimaçant, se trainant au sol, la jambe perforée par un javelot.
Pas forcément un incontournable du genre, surtout alourdi par quelques artifices archi-rabattus et un déroulé on ne peut plus prévisible, Formule pour un meurtre reste tout de même un petit Giallo plutôt plaisant et très honnêtement troussé et le dernier témoignage avec le délire SF Miami Golem du cinéma encore vaillant de l’artisan Alberto De Martino.
Image
Pas franchement le film de De Martino le mieux distribué jusque-là, et qui plus est en France, Formule pour un meurtre nous revient grâce au matou dans une copie d’excellente facture. La restauration est évidente, délivrant des cadres intensément propres et stables, avec un gain assez spectaculaire du coté des couleurs, des contrastes et de la tenue des noirs. Le grain de pellicule et les argentiques affleurent avec élégances et la définition générale se montre bien solide.
Son
Comme souvent la version doublée français n’est pas forcément la piste la plus agréable pour découvrir le film. Les acteurs ne sont pas toujours très concernés et surtout le mixage général, pousse le volume des dialogues quitte à écraser tout autre élément sonore. Bien plus équilibrée et sobre, la version originale italienne propose un mix sans défauts majeurs et bien mieux balancé.
Interactivité
Digipack et fourreau cartonné, visuel sobre et efficace, les connaisseurs apprécient la méthode du chat, tout autant que les interviews que l’éditeur dégotte souvent pour éclairer la grande époque du cinéma populaire italien. Ici on retrouve donc l’acteur Loris Loddi et le chef opérateur Gianlorenzo Battaglia, tous deux collaborateurs récurrents d’Alberto de Martino et qui reviennent justement sur leurs souvenirs du bonhomme, qu’ils décrivent comme un excellent professionnel mais aussi un homme assez colérique, et bien entendu consacrent une grande part du propos à quelques anecdotes entourant le tournage de Formule pour un meurtre. Rien de vraiment renversant, mais les rencontres restent très sympathiques.
Liste des bonus
« Meurtre dans la sacristie »: interview de l’acteur Loris Loddi (14’), « La douceur du foyer » : interview du chef opérateur Gianlorenzo Battaglia (20’).