S’il fallait synthétiser toutes les dérives du cinéma d’horreur actuel, s’il fallait personnaliser l’impasse créative et mettre en évidence l’opportunisme du genre horrifique moderne, Follow_Dead pourrait apparaître comme un excellent représentant. Dear David en VO présente tous les stigmates du projet pensé et conçu par des exécutifs désirant cocher des cases de contenu et surfer sur la vague de la mode du film d’horreur du moment, comme peut le faire, avec un peu plus de panache cependant, une boîte comme Blumhouse. On a beau aimer se faire mal, il arrive néanmoins un moment où les limites sont atteintes. D’autant que Follow_Dead sent mauvais dès le départ. Porté par le site d’information américain Buzzfeed, dont toute la nature et la pertinence est résumée dans le nom (ce qui est déjà une note d’intention en soi), le film de John McPhail est un pur produit marketing pelliculé, qui n’a rien d’autre à offrir que des lieux-communs du genre, du déjà-vu et rabattu, sans proposer quoi que ce soit de nouveau ou de pertinent. On se retrouve face à une énième histoire de fantômes, un esprit torturé qui ne trouve pas la paix éternelle et revient hanter les vivants, bla bla bla. Astuce cependant : le spectre interagit par le vecteur des réseaux sociaux, et surtout : c’est inspiré d’une histoire vraie ! Voilà une belle occasion de faire frissonner la jeunesse geek et de développer un discours un peu bas de plafond sur les dangers d’internet… Un côté méta évidemment trop peu développé quand bien même les auteurs de la chose avaient un tant soit peu des idées à faire passer. Sur la forme, Follow_Dead ne s’extirpe pas de la masse grouillante des petites productions horrifiques lambda. Pire, la photographie du film, aux couleurs orangées vives, inspirée des sitcoms télévisés, agresse bien plus souvent l’œil qu’elle le le flatte, au sein d’une image qui recrache son origine numérique en diable.

Frisson low cost

Côté frissons, parce que c’est aussi pour cela qu’on l’attend, Follow_Dead frémit de temps à autres, avec une apparition, un jump-scare, une ambiance angoissante qui commence à se mettre en place. Mais tout est trop insuffisant pour provoquer le bel effroi sensé nous coller au siège, pas aidé par des effets numériques un peu ratés sur les bords qui trahissent un budget anémique. On ne pourra pas reprocher au réalisateur John McPhail de tenter certaines choses et de produire quelques idées et images marquantes (l’enfant devant son PC dans une pièce obscure, ses apparitions nocturnes sur un rocking-chair, l’idée plutôt bien vue et exécutée de l’appartement déformé lorsque le mal s’insinue), mais on ne peut qu’être dépité par un manque aussi flagrant d’audace dans le récit, et ce ne sont pas les postures de dénonciation que le film met en avant qui sauvent les apparences. On notera cependant la prestation du comédien principal, Augustus Prew (Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de pouvoir), qui se débat comme il peut avec un personnage de geek/influenceur/gay, globalement assez mal dans sa peau, qui cherche un sens à son existence (ronpchit!), et qui trouve donc le moyen d’être persécuté par le fantôme d’un gamin au crane défoncé. Si on garde bien les yeux ouverts, on retrouvera un Justin Long (Jeepers Creepers, Barbare), qui ne sait pas bien ce qu’il fait là, et qui cachetonne faute de mieux…

Follow_Dead est un produit destiné à satisfaire un public ado peut regardant, désirant frissonner devant une série B horrifique qui souhaite se donner bonne conscience dans ses thèmes abordés. Mais de frayeurs, il n’y en a jamais réellement dans cette comédie dramatique d’horreur très oubliable…