FLIRTING SCHOLAR & FROM BEIJING WITH LOVE
唐伯虎點秋香, 國產凌凌漆 – Hong-Kong – 1993, 1994
Support : Bluray
Genre : Comédie, Espionnage
Réalisateur : Stephen Chow, Lik-Chi Lee
Acteurs : Stephen Chow, Gong Li, James Wong, Cheng Pei-Pei, Anita Yuen, Kar-Ying Law, Yat-Fei Wong, Rongguang Yu, Gordon Liu
Musique : Wai Lap Wu
Image : 1.85 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 2.0 et 5.1, Mandarin DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 102 et 84 minutes
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 04 août 2023
LE PITCH
From Beijing with Love : Après avoir contribué à l’arrestation d’un chef de triade, l’infiltré Hoi Sang retrouve enfin son statut de vrai policier. Mais il s’aperçoit vite que ses collègues ne lui font pas confiance, et qu’il est suivi dans ses moindres faits et gestes…
Flirting Scholar : Tong Pak Fu est un artiste réputé et vénéré dans les domaines de la peinture, la calligraphie et la poésie. Alors qu’il pourrait tout avoir pour être heureux, il est entouré de huit épouses qui passent leurs journées à jouer au mah jong et n’ont aucune considération pour ses grands talents. Un beau jour, il croise Chou Heung et en tombe éperdument amoureux. Dame de compagnie dans une grande maison, il n’a d’autre choix que de se vendre en tant que valet afin de pouvoir l’approcher et la séduire…
Double farce pour Stephen Chow
Stephen Chow enfin à l’honneur en France ? Alors qu’on attend toujours une ressortie du cultissime Shaolin Soccer, son énorme carton international, Spectrum redonne à découvrir deux opus précurseurs du roi de la comédie chinoise : Flirting Scholar et From Beijing With Love. Deux parodies délirantes et deux des plus gros succès du bonhomme à Hong-Kong.
Malgré quelques rares tentatives d’apparitions plus sérieuses (Just Heroes de John Woo par exemple), Stephen Chow est rapidement devenu synonyme de renouveau du Mo Lei Tau (« ça ne veut rien dire ») genre comique rejouant les grands thèmes classiques chinois à la sauce absurde et parodique à grand renfort, souvent, d’art martiaux. Des débuts remarqués à la télévision, une carrière cinéma grandissante et c’est au début des années 90, que le phénomène explose en accumulant les cartons, tournant au passage plus de dix films entre 1991 et 1992 (Fight Back to School, Royal Tramp 1&2, Un Couple explosif…). Au sommet de la vague il poursuit sa collaboration avec le metteur en scène Lik-Chi Lee (ils œuvraient déjà ensemble sur le petit écran) quitte à imposer de plus en plus sa place en arrière-plan, devenant scénariste, producteur mais aussi peu à peu réalisateur à son tour. Si cette nouvelle orientation est officialisée en 1994 avec From Beijing With Love, c’est un cheminement naturel entamé depuis un moment déjà et qui amènera Chow à signer plus tard seul ses films (Crazy Kung Fu, CJ17) voir à s’effacer totalement de l’écran (Journey to the West, The Mermaid). En 1993/1994 on en est encore loin puisque l’acteur occupe clairement tout l’espace, est le moteur des meilleurs gags et impulse son esprit déluré et son univers frappé et cartoonesque à chaque seconde de ses films. Ses partenaires féminines résistent comme elles peuvent. Difficilement pour la grande Gong Li (Le Sorgho rouge, Épouses et concubines…) plus naturellement pour Anita Yuen (Le Festin chinois) beaucoup plus rompue à l’exercice.
La classe HK
Plus célèbre par chez nous car déjà distribué un temps par HK Vidéo sous le titre français de Bon Baiser de Pékin, From Beijing With Love est donc comme son nom l’indique une pure parodie de James Bond. Un double de Requin pointe son nez, un vilain au Pistolet d’or se double d’une armure de vieux comics, les collègues sont des agents doubles qui tentent de l’éliminer et le scientifique fou Vinci ne propose que des gadgets plus pourris les uns que les autres (la lampe-torche solaire qui ne fonctionne qu’à la lumière !). Au milieu d’une trame parfaitement décousue et d’un décorum parfois étonnement sombre voir violent, Stephen Chow campe un 007 réserviste, totalement à côté de la plaque, mais maniant le hachoir de boucher avec une dextérité surhumaine. Son jeu pince sans rire et son regard frisant le débile dans les instants les plus sérieux, font forcément mouche, même s’il faut reconnaitre qu’une fois passer une première partie bourrée de quiproquo, de dialogues douteux et crétins et d’utilisation totalement foiré d’accessoires improbables (le pistolet qui tire alternativement devant ou derrière, la valise censée projeté le héros par-dessus un muret…), le rythme s’essouffle un peu dans sa seconde moitié plus portée vers l’action.
L’âme d’un poète
Un souci que ne connait absolument pas l’incontournable Flirting Scholar tourné un an plus tôt. Inspiré cette fois-ci d’un personnage historique connu pour sa culture et sa poésie, Ton Pak Foo, et de sa romance avec la sublime Chau Heung déjà exploité de multiples fois à l’écran, le métrage s’avère une comédie d’une folie redoutable, quasiment hystérique dans sa multiplication de renversements de situations, de doubles jeux, de quiproquo (toujours) et de gags en contre-pied façon manga. Récit classique d’un lettré se faisant passer pour un simple serviteur afin de séduire sa dulcinée, Flirting Scholar s’empare à merveille de l’époque qu’il dépeint pour s’engouffrer dans des performances élégantes de peintures corporelles généreusement chorégraphiées ou de duels poétiques jouant sur la rythmique et les doubles sens. Surtout, l’opus est une nouvelle fois l’occasion pour Stephen Chow de déclamer sa passion du cinéma d’arts martiaux, officiant ici un gigantesque et chaleureux hommage à la grande époque de la Shaw Brother. Difficile de résister à ses tronches pas possibles, à son mélange constant de personnages à la fois benêt et brillants… Difficile aussi de résister aux apparitions des légendes vieillissantes Cheng Pei Pei (L’Hirondelle d’or) et Gordon Liu (La 36ème chambre de Shaolin) qui se jettent, comble du bonheur, dans un combat admirablement orchestré, spectaculaire et intensément drôle. Clairement l’un des sommets de la filmographie déconnante de Stephen Chow.
Image
Les deux films sont présentés dans de toutes nouvelles copies HD. Peu de précision sur la restauration proprement dite, mais clairement le résultat est là avec dans les deux cas une image consciencieusement et solidement nettoyée, des bords bien stabilités et des couleurs qui retrouvent toute leur fraicheur et leur énergie. Les masters travaillent même un petit grain très naturel et des reflets argentiques agréables, alliés à une définition bien creusée. De très belles surprises.
Son
Les films sont proposés à chaque fois avec le même choix. Une version en Mandarin qui nous prive de la vraie voix de Stephen Chow, et une version cantonaise disponible en DTS HD Master Audio 2.0 ou 5.1. Les sources ont été nettoyées et harmonisées et seuls quelques rares effets d’ambiances ou plus spatialisés viennent creuser sensiblement la dynamique pour la seconde proposition. Rien de renversant mais une petite modernisation assez bien intégrée et sans artificialité gênante.
Interactivité
Fin fourreau cartonné, boitier bluray classique mais avec jaquette réversible (une pour chaque film), Spectrum préserve sa formule gagnante. Naturellement on retrouve aussi pour introduire chaque film le journaliste Arnaud Lanuque qui retrace en quelques lignes la carrière de Stephen Chow, ses collaborations avec Lik-Chi Lee, les genres qu’il aborde dans chacun des deux films et la présence de ses partenaires féminines. Sobre et comme toujours instructif et très efficace. Autre habitué de l’éditeur, Frédéric Ambroisine qui propose ici deux interviews récupérées dans ses archives. Le chorégraphe Poon Kin-Kwan discute essentiellement de son travail sur The Flirting Scholar, ses collaborations avec Stephen Chow et la passion de celui-ci pour les arts-martiaux et pour le foot (il était en effet déjà question de ce que deviendra Shaolin Soccer). Disposé sur From Beijing With Love, la rencontre avec le réalisateur Lee Lik-Chi permet d’évoquer l’évolution de ses rapports professionnels avec la star, sa place de plus en plus prépondérante à la mise en scène, mais aussi sa propre vision de la comédie et un regard très pro sur le genre et ses mécaniques. Intéressant.
Liste des bonus
Presentation des films par Arnaud Lanuque, King of Mo Lei Tau : Entretien avec Lee Lik-Chi, Action Nonsensique : Entretien avec Poon Kin-Kwan, Bandes-annonces.