FLICS EN JEANS
Squadra antiscippo – Italie – 1976
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Bruno Corbucci
Acteurs : Tomas Milian, Jack Palance, Maria Rosaria Omaggio, Guido Mannari…
Musique : Guido De Angelis, Maurizio De Angelis
Durée : 92 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Italien et français LPCM 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 07 septembre 2021
LE PITCH
Mal rasé et mal fringué, l’inspecteur Nico Giraldi, à la tête de son équipe de motards, fait la chasse aux truands de la ville en employant des méthodes peu orthodoxes. Alors qu’il est sur le point d’arrêter un voyou, celui-ci dérobe une mallette pleine d’argent à un gangster américain. Les voyous se font alors éliminer l’un après l’autre, ce qui va mener Giraldi à s’occuper de l’affaire.
Antivol rital
Acteur monstre du cinéma populaire italien, Tomás Milián est particulièrement célébré là-bas pour son incarnation du Maréchal des logis de la brigade anti-fauche Nico Giraldi, flic aux airs de voyou, qui connaîtra pas moins de onze itérations sur grand écran. Un mélange typiquement rital de polar et de comédie entamé par l’amusant Flics en jeans.
Le poliziotteschi n’en est plus à un énergumène près, mais il est vrai que ce Nico Giraldi est certainement l’un des personnages récurrents les plus marquants de ce polar à l’italienne. Un genre florissant dans les années 70, venant refléter la violence même de la rue et l’explosion de la criminalité, mais que ce héros prend presque à contre-pied, déjouant les habituelles vision du justicier droitier, voir même les traitements très sérieux et politisés de ses contemporains. Bonnet multicolore vissé sur la tête, pantalon à patte d’éph crado, chaussettes arc-en-ciel, cheveux hirsutes, barbe d’une bonne semaine et garde-robe de toute façon très improbable pour un membre des services de l’ordre, Nico est un ancien petit truand, fils de prostitué et gamin des quartier pauvres dont il a gardé une démarche chaloupée et un vocabulaire fleuri typiquement romain. Haut en couleur, roublard, bavard, prolétaire, et hautement sympathique et profitant du charisme animal de l’acteur, ce dernier est une authentique création de l’acteur (largement inspiré d’un proche et de Serpico) qui se chargea même de l’écriture des dialogues les plus corsés et des expressions les plus redoutables. Nico parle directement à l’italien des quartiers (et plus) et impose son énergie propre à un divertissement plutôt engageant. Une petite enquête pour sauver la peau de quelques voyous et mettre la main sur un blanchisseur américain (Jack Palance, 10 minutes à l’écran mais qui en imposent), qui est surtout l’occasion pour ce dernier de visiter les ruelles de la ville, de castagner quelques voleurs en levant la jambe et surtout d’enchainer les poursuites en moto aussi nerveuses que fantaisistes.
Les mains en l’air !
Frère de Sergio et artisan honorable mais beaucoup moins inspiré, Bruno Corbucci (Les Super flics de Miami, Deux Corniaux dans la brousse, Quand les femmes font Ding Dong…) reste un grand spécialiste de la comédie italienne, parfois très lourde, ou en tout cas d’un cinéma assez léger et pas prise de tête dont on reconnaît aisément les qualités ici, autant que les limites. Sympathique, le scénario se suit sans déplaisir mais n’affiche pas un suspense insoutenable ou d’amorce de seconde lecture, et la mise en scène scrute plus facilement le bordel ambiant (la très drôle scène d’humiliation de la petite amie dans la boite de nuit, le passage à tabac par les passants…), qu’une rigueur des cadres exemplaires. L’essentiel de l’opération consiste donc bel et bien ici à suivre le show d’un Tomas Milian imparable, vif et poseur, enchaînant les vannes plus qu’imagées, crapahutant sur les toits, se moquant de ses supérieurs hiérarchiques avant de balancer un bon coup dans les parties d’une légende hollywoodienne. Carton plein. A tel point donc que le bougre reviendra, toujours dirigé par Bruno Corbbuci et coscénarisé par Mario Amendola (Salut l’ami, adieu le trésor !), pour de nouvelles aventures étalées sur un peu moins de dix ans avec : Un flic très spécial (Squadra antifurto), Nico l’arnaqueur (Squadra antitruffa), Brigade antimafia (Squadra antimafia), Brigade antigang (Squadra antigangsters), Meurtre sur le Tibre (Assassinio sul Tevere), Crime à Milan (Delitto a Porta Romana), Delitto al ristorante cinese, Delitto sull’autostrada, Crime en Formule 1 (Delitto in Formula Uno) et Pas folle, le flic (Delitto al Blue Gay).
Une saga de plus en plus humoristique, voir poussive, un Thomas Milian en roue libre et même dans un double rôle (Delitto al ristorante cinese et son faux chinois pas du tout woke), pour le plus grand plaisir des fans et du box-office.
Image
Nouveau master 2K pour Flics en jeans, mais une restauration à priori uniquement numérique. L’image est donc très propre avec une disparition remarquable du moindre défaut de pellicule et profite de cadres très stables, mais on note une définition pas toujours aussi pointue qu’elle devrait l’être. Un défaut dû autant à la captation d’origine, mais aussi à des filtres un peu lourds, particulièrement visibles dans les séquences sombres ou dans la boite de nuit. La photographie austère et grisâtre d’origine répond présent.
Son
Pas forcément des plus mémorables, le doublage français en fait des caisses et le mixage le met bien trop en avant, écrasant le reste. La version originale italienne mono, plus naturelle (malgré la post-synchro), plus colorée et naturelle profite d’une piste LPCM 2.0 propre et très claire.
Interactivité
Présenté dans un joli digipack cartonné, Flics en jeans est accompagné d’une présentation du film par le fidèle collaborateur Curd Ridel. Il fait d’ailleurs directement référence à son passage sur le DVD de Tire Djanjo, Tire ! édité en 2020 par Artus dans lequel il avait exploré plus avant la carrière complète du réalisateur Bruno Corbucci. Voilà qui laisse donc plus de place pour brasser la longue et fructueuse filmographie de Tomas Milian, faire un détour du côté de celle toute aussi vaste de Jack Palance et surtout de décrypter la série des Nico Giraldi, et en particulier la genèse du personnage et ses évolutions. Complet.
Liste des bonus
« Une taille sur mesure » : présentation du film par Curd Ridel (33’), Diaporama (1’), Bande-annonce.