FLIC ET REBELLE
Renegades – Etats-Unis – 1989
Support : Bluray & DVD
Genre : Policer, Action
Réalisateur : Jack Sholder
Acteurs : Kiefer Sutherland, Lou Diamond Phillips, Jami Gertz, Robert Knepper, Bill Smitrovich…
Musique : Michael Kamen
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 106 minutes
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 06 mars 2024
LE PITCH
Buster McHenry travaille comme agent infiltré dans la police locale. En temps normal, il enquête sur les affaires de corruption. Mais cette fois-ci, il va enfreindre la loi en participant à un cambriolage.
Pow Wow
Entre deux épisodes des westerns teen cultes Young Guns, les jeunes espoirs du cinéma d’action américain Kiefer Sutherland (Génération perdue, L’Expérience interdite…) et Lou Diamond Phillips (La Bamba) se retrouvent pour un petit buddy movie un peu mineur soit, mais sympa tout de même.
Les années 80, c’est un peu l’âge d’or du fameux buddy movie, polar tourné action mettant en avant un duo improbable de héros qui finiront par s’adonner aux accolades viriles. Du jeune chien fou imposé au vétéran « trop vieux pour ces conneries » dans L’Arme fatale à la petite fripouille Eddie Murphy que se trimbale le dur à cuir Nick Nolte dans 48H et sa suite, le genre sait aussi jouer sur la confrontation communautariste comme dans le présent Flic et Rebelle. Ici donc la grande originalité de la proposition est d’associer, malgré eux cela va de soi, Buster un flic undercover dans les emmerdes jusqu’au cou avec un représentant d’une tribu indienne, Hank, mais que tout le monde, gentil ou méchant, appelle « chef » ou « l’indien ». Non, on n’échappera pas à l’imagerie du brave guerrier doté d’une « magie » mystique que l’homme blanc ne peut comprendre. Le but de l’un est de faire tomber un gang mafieux et de trouver les ripoux qui leur protège les miches (le spectateur a deviné dès sa première apparition), tandis que l’autre doit retrouver une lance sacrée volée pendant le braquage et venger son frère. Deux renégats qui ne se plient qu’à leurs propres règles et qui se tirent largement la bourre jusqu’à finalement tomber en amitié pour la dernière bobine.
Calumet de la paix
Comme en attestent les musiques de Michael Kamen qui se contente de reprendre plus où moins les thèmes de Leathal Weapon en y ajoutant quelques échos amérindiens, Flic et rebelle n’est pas là pour bousculer les habitudes du spectateur, mais bien pour répondre docilement au cahier des charges. Scénariste très vite (re)circonscrit à la télévision, Davi Rich (MacGyver) n’a clairement pas les talents de Shane Black, et se contente du strict minimum dans la caractérisation de ses personnages, n’hésitant pas à tomber dans les bons clichés de l’époque (les tueurs en costards et leurs petites queues de cheval) et les incongruités bien pratiques (comme cette balle dans le thorax qui guérie en 24 heures) afin de ne surtout pas laisser faiblir l’entreprise. Plein de défaut, mais allant à l’essentiel, le script évite du coup les sempiternels dialogues à rallonges, les vannes pas maitrisées et l’humour lourdauds de bien d’autres sous-buddy movies, permettant alors au réalisateur d’assurer un spectacle plus sec que la moyenne et essentiellement tourné vers l’action, les castagnes, les gunfights et les poursuites en bagnoles. Ce réalisateur, c’est le solide faiseur Jack Sholder tout juste sorti d’une excellente trilogie fantastique composée de Alone in the Dark, La Revanche de Freddy, et Hidden et qui pense alors certainement détenir enfin son ticket pour le cinéma mainstream. Avec pas grand-chose (le film a été tourné à Toronto en guise de Philadelphie) et un montage (sa spécialité) percutant, il réussit à livrer un spectacle bien musclé et divertissant, et à offrir un peu d’étoffe et de style à ces deux protagonistes interprétés par les charismatiques Kiefer Sutherland (oui même avec une moustache) et Lou Diamond Phillips, alors en pleine ascension.
Cela ne suffira pas bien entendu à en faire un carton au box-office, le film sortit la même année que Tango & Cash et Turner & Hooch, annonçant lui aussi les limites d’un genre arrivé un peu en bout de course. Cependant, souvent considéré comme un échec total, voir un navet, Flic et rebelle est plutôt une très honnête série B carrée et bien menée. Un bon moment, c’est déjà ça non ?
Image
Renegades n’a jamais été un gros succès, ni au cinéma ni en vidéo, ce qui n’a sans doute pas motivé les ayants droits et les éditeurs à investir dans une restauration poussée et couteuse. ESC reprend ici le master observé chez Mill Creek en 2021 lui-même hérité d’une source vidéo un peu vieillissante et dont on peut voir toutes les faiblesses dans le générique d’ouverture, très abimé avec son grain éclaté et ses blancs baveux. Heureusement les choses s’arrangent bien par la suite avec des cadres plutôt stables, des défauts de pellicules assez rares et des couleurs bien campés, même si pas franchement intenses. Le grain reste toujours présent, mais bien plus sage, le piqué s’efforce de faire au mieux mais la profondeur et la définition générale ne feront pas de prouesse. Un petit Bluray en somme, honorable, mais qui en 2024 subit forcément la comparaison avec les récentes restaurations 2K ou 4K d’autres buddy movies des 80’s.
Son
Le DTS HD Master Audio 2.0 est plutôt efficace avec forcément une mise en avant des dialogues et des sources frontales, mais aussi avec un réel effort de dynamisme latéral venant souligner l’efficacité des nombreuses scènes d’action du film. Plutôt sympa et sans trop de scories.
Interactivité
ESC fait largement mieux que le cousin US, qui se contentait de la bande annonce comme unique bonus, en dégottant les deux présentations promo des acteurs et le making of d’époque. On n’y apprend certes pas grand-chose, l’optique étant ici d’attirer le chaland dans les salles, mais la featurette permet tout de même d’observer quelques images de tournages en cours de route.
Autre bonne initiative, inviter le vétéran (oui on peut le dire) Christophe Lemaire pour faire un petit sujet sur la carrière inégale de Jack Sholder, un topo sur le buddy movie et un élan de soutien à cette sympathique série B souvent boudée même par les amateurs.
Liste des bonus
« La nostalgie de Jack Sholder » par Christophe Lemaire (20’), Making of d’époque (10’), Portraits des acteurs Kiefer Sutherland et Lou Diamond Phillips (6’), Bande-annonce (2’).