FLAG DAY
États-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Sean Penn
Acteurs : Sean Penn, Dylan Penn, Josh Brolin, Norbert Leo Butz, Dale Dickey, Eddie Marsan, Bailey Noble, Hopper Jack Penn…
Musique : Joseph Vitarelli
Image : 1.85, 16/9
Son: Anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 109 minutes
Editeur : Le Pacte
Date de sortie: 2 février 2022
LE PITCH
Inspirée d’une histoire vraie, la relation conflictuelle entre la journaliste Jennifer Vogel et son père John Vogel, escroc notoire et géniteur dysfonctionnel.
Sean à la peine
Passé quasi inaperçu au dernier Festival de Cannes et plutôt mal reçu par la critique, Flag Day ne jouit pas d’une aura resplendissante. Un constat d’autant plus délicat que le film est signé d’un mec qu’on adore : Sean Penn. En l’état, le long-métrage est loin d’être un four. Plutôt un semi-échec. Ou une semi-réussite. Au choix. Car cette œuvre a du cœur. À l’image de son auteur.
Bon ok, de tous les films du Sean Penn cinéaste, Flag Day est de loin le plus anecdotique. Le moins intense, le plus effacé. Chien fou révélé au début des 80’s, l’acteur-réalisateur a pourtant su enthousiasmer plus d’un cinéphile. En tant que comédien au jeu furieux et instinctif, son palmarès est juste dantesque : il fut mémorable chez James Foley (Comme un chien enragé), Brian De Palma (Outrages, L’impasse), Phil Joanou (Les anges de la nuit), Terrence Malick (La ligne rouge), Clint Eastwood (Mystic River), Gus Van Sant (Harvey Milk) ou plus récemment Paul Thomas Anderson (Licorice Pizza). En tant que metteur-en-scène, c’est pareil. Penn a réalisé peu de films mais la plupart sont devenus des petits classiques : The Indian Runner (variation burinée autour d’une chanson de Springsteen), Into the Wild (road-movie en ligne directe avec la pulsation de la «Beat Generation») et bien évidemment Crossing Guard et The Pledge qui offraient deux rôles de platine à Jack Nicholson. D’ailleurs, la scène d’ouverture de Crossing Guard, avec cette balade lancinante du Boss en arrière-fond, demeure l’une des intros les plus immédiatement reconnaissables du cinoche ricain des 90’s. Ex-æquo avec celle du Casino de Scorsese.
Drapeau en berne
Problème, Flag Day est loin de distiller le même bouillonnement créatif. Certes, le film est parfois très émouvant, grâce notamment à l’interprétation subtile et tout en retenue de Dylan Penn, sa propre fille. Mais il semble entaché par de vaines boursouflures stylistiques (trop de cadrages contemplatifs) et une fâcheuse tendance au mélo larmoyant. Au niveau des thèmes abordés, nous sommes pourtant à la sève du cinéma de Penn: les rapports familiaux bordéliques, le père absent, borderline, et cet affect immuable pour la marginalité, la clope, l’alcool et les personnages en tôle ondulée. On notera également la présence d’une pellicule analogique, du 18 mm, censée renforcée l’aspect réaliste de l’ensemble.
C’est acquis, Sean Penn est un être de passion sur grand écran comme dans la vie de tous les jours. Et en héritier revendiqué de John Cassavetes et des géants du « Nouvel Hollywood » qu’il n’a jamais cessé d’admirer et de côtoyer, l’artiste a toujours pris un malin plaisir à distiller pas mal de son propre background au fil de sa filmo. Jonglant férocement entre la fiction et la réalité. Le faux et le vrai. Le romanesque échevelé et la vision documentaire (en plus de sa fille, on croise aussi son fils). Ses précédents longs-métrages transpiraient l’authenticité. Ça débordait de partout, ça titubait, ça franchissait la bande d’arrêt d’urgence, ça suintait le grand et beau cinéma. Flag Day s’avère bien plus factice, préfabriqué, paresseux. Et ce même s’il s’inspire d’une histoire vraie. Dans les bonus, on apprend que le rôle de John Vogel devait à l’origine échoir à Matt Damon. Sean Penn a finalement décidé de l’interpréter. Qui sait, Flag Day aurait peut-être eu une autre teneur ? C’est la première fois qu’il apparaît en tant qu’acteur dans l’un de ses films. Et bien que l’on prenne plaisir à revoir cette gueule de plus en plus rocailleuse, il frôle souvent le cabotinage (la tare des plus grands) sous les traits de ce papa hâbleur, menteur et voleur. Mais l’homme qu’il dépeint était lui-même un arlequin ouvertement grimé, mystificateur, outrancier, adepte du fake et des postiches. Bref, l’erreur est humaine. Et Flag Day, un modeste coup manqué… TKT Sean, on t’aime toujours va.
Image
Filmé à l’ancienne, avec une caméra analogique, Flag Day expose une signature visuelle volontairement granuleuse, surexposée, imparfaite. Cette inexactitude colle bien à l’histoire, succession de soubresauts, de lignes de fuite et de chassés-croisés. C’est un peu le bordel, comme dans la vraie vie.
Son
Le score est sobre, parsemé d’un ou deux tubes «old school» qui font du bien aux tympans. Au niveau de l’étalonnage, c’est tout à fait correct, puissant et contrasté quand il le faut. Plus mesuré si besoin.
Interactivité
Nous n’avons droit qu’à une interview-éclair issue du passage de Sean Penn au dernier Festival de Cannes. Il répond à une série de questions sans intérêt, typiques des entretiens à la chaîne. Et l’on devine qu’il n’a qu’un souhait : s’enfuir au plus vite pour aller se jeter un mojito bien tassé au bar du Martinez.
Liste des bonus
Entretien avec Sean Penn (10′), bande-annonce.