FENÊTRE SUR PACIFIQUE
Pacific Heights – Etats-Unis – 1990
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller
Réalisateur : John Schlesinger
Acteurs : Matthew Modine, Melanie Griffith, Michael Keaton, Dan Hedaya, Beverly D’Angelo, Makoto, Tippi Hedren…
Musique : Hans Zimmer
Durée : 102mn
Image : 1.85 16/9
Son : Français DTS-HD Master Audio 2.0, Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC Editions
Date de sortie : 06 mars 2024
LE PITCH
Un couple achète une vieille maison à louer dans le quartier hyper côté des hauts de San Francisco et se retrouve pris au piège d’un locataire bien décidé à leur faire vivre l’enfer.
La Formule Roploplo / Saxo
Après trois décennies marquées par des films aussi essentiels que Macadam Cowboy, Marathon Man ou le moins connu mais tout aussi marquant Les Envoûtés, John Schlesinger attaque les années 90 comme nombre de ses collègues : avec un film de commande. Mais plutôt que de se contenter de cocher les cases du cahier des charges, le réalisateur anglais va y apposer sa griffe et livrer un produit fini qui, malgré quelques rares fautes de goût, va se hisser sans mal vers le haut du panier du thriller imposé par l’époque voire lui donner des accents hitchcockiens.
Car les années 90 sont bien l’époque du thriller. Le sombre, le sanglant, le sulfureux. Une Sainte Trinité annoncée par les inévitables plaintes d’un saxophone et la générosité de quelques poitrines libérées de toute entrave. Une mode qui s’annonce peut être malgré elle avec les cultissimes Liaison Fatale et L’Arme Fatale, sortis tous les deux la même année (1987) et qui vont, avec le succès qu’on leur connaît, donner naissance à une multitude de rejetons plus ou moins fréquentables. Si on peut considérer que Fenêtre sur Pacifique en fait partie (le saxo et la poitrine opulente sont bien là), plusieurs éléments du scénario l’en éloigne pourtant.
D’abord avec son couple de héros très propres sur eux incarnés par le jeune Matthew Modine et la très digne Melanie Griffith. Ensuite parce qu’il n’y est pas question de crime, mais d’une histoire de location qui tourne mal avec, dans le rôle du méchant de service, un Michael Keaton qui vient juste de raccrocher sa cape de chauve-souris et encore une fois parfait dans le rôle d’un sociopathe. Et il faut bien admettre qu’une grande partie du film repose sur sa prestation. Mais pas que. Le film cachant, dans les meilleures pages de son script, une critique sociale et politique des plus intéressantes.
Alfred Hitchcock présente
Au-delà de son histoire de locataire mystérieux, troublant puis réellement dangereux, Fenêtre sur Pacifique raconte aussi, en creux, les méfaits du capitalisme reaganien. Si le jeune couple Griffith/Modine est bien la victime de l’histoire, le scénario met plusieurs fois l’accent sur ses méthodes peu scrupuleuses et ses valeurs douteuses pour obtenir ce qu’il veut. A commencer par le dossier qu’il présente à la banque qui ment sur leur situation financière. Ensuite par le choix du personnage de Keaton comme locataire à la seule raison que celui-ci semble plein aux as. Enfin lorsque le personnage de Melanie Griffith est à deux doigts de récompenser une femme de chambres avec une enveloppe pleine de billets avant de se raviser et de ne laisser finalement que deux ou trois coupures à l’employée. On aurait presque envie de dire qu’ils méritent un peu ce qui leur arrive. A cela vont s’ajouter quelques éléments empruntés rien de moins qu’à Hitchcock et qui vont modifier, eux aussi, la physionomie générale du film. La présence de Tippi Hedren, muse du grand Hitch en son temps (et mère de Melanie Griffith!) et un cameo de Schlesinger lui-même dans une des scènes les plus tendues du film, à la manière du Maître dans nombre de ses plus grandes réalisations. Sans compter le titre français du film qui renvoie évidemment à Fenêtre sur Cour.
Et même si on insiste sur son climax expédié dans une confrontation mano à mano peu crédible et mal chorégraphiée, jusqu’à un final un tantinet grand-guignolesque, Fenêtre sur Pacifique reste bien un des meilleurs représentants du genre de l’époque et l’occasion de prolonger la découverte du savoir-faire d’un réalisateurs qui aura su, avec brio, traverser les décennies.
Image
Une belle définition d’images qui sert une somme de détails dont nos souvenirs VHS avaient été privés. Cependant, la copie manque clairement d’éclat et de reliefs et n’a pas eu les honneurs d’une véritable restauration. Les petits défauts de pellicules sont encore très présent et la définition est trop fluctuante pour satisfaire pleinement.
Son
Une piste DTS-HD 5.1 en Anglais qui sait se montrer ample, nerveuse et immersive.
La piste française a quant à elle les défauts habituels inhérents au mixage et doublage : un résultat un peu trop propre qui manque de naturel et d’ampleur, imposés en plus par le mono.
Interactivité
Un unique entretien mais riche en informations, où le critique Samuel Blumenfeld revient rapidement sur la carrière de John Schlesinger avant de fournir une analyse éclairée sur le film lui-même, tout en le situant dans la carrière du réalisateur. On y apprend par exemple que le rôle de Michael Keaton était auparavant prévu pour Christopher Reeve. Sûr que ça n’aurait pas du tout donné le même résultat.
Liste des bonus
Entretien avec Samuel Blumenfeld (21’54).