FARANG
France – 2022
Support : Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Xavier Gens
Acteurs : Nassim Lyes, Loryn, Nouney, Olivier Gourmet…
Musique : Jean-Pierre Taieb
Durée : 99 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : StudioCanal
Date de sortie : 08 novembre 2023
LE PITCH
Sam est un détenu exemplaire. À quelques mois de sa sortie de prison, il prépare assidûment sa réinsertion sociale. Lors d’une permission, son passé le rattrape et il commet un meurtre qui ne lui laisse qu’un seul choix : la fuite. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a enfin fondé la famille dont il a toujours rêvé. Mais Narong, le parrain local, le fait plonger à nouveau dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong massacre sa famille et le laisse pour mort. Sam va traverser la Thaïlande pour se venger de son bourreau.
Dans ta face
Le cinéma social français ne se résume pas qu’aux frères Dardenne surtout qu’ils sont belges. Le cinéma d’action ne se contente pas d’être américain surtout lorsqu’on préfère ceux asiatiques. Dans ce bourbier, certains veulent faire les choses bien tout en gardant leur propre identité nationale, c’est le cas du chaînon manquant made in France, Xavier Gens.
La dernière fois que nous avons entendu parler du metteur en scène, c’était il y a déjà trois ans sur la formidable série Gangs of London (que nous ne pouvons que vous conseiller) aux côtés de Gareth Evans. Il faut dire que la série avait révolutionné les standards télé par une violence rarement vue sur le petit écran. Un uppercut. C’est d’ailleurs sur le tournage que le cinéaste concrétise un scénario qui dormait depuis un certain temps dans son tiroir. Tout comme son copain Gareth avec The Raid, il s’envole en direction de la Thaïlande pour matérialiser son projet qui a vite trouvé preneur. Il quitte ainsi les plages dunkerquoises où il est né pour celles plus paradisiaques et bien plus dangereuses de ce pays asiatique.
L’histoire est simple mais efficace. En mode John Wick, un expat’ (Farang en thaï) est obligé de retomber dans ses vieux travers face à une situation qui va mal tourner. Sa femme chérie sera égorgée et sa fille adorée kidnappée. La douleur appelle vengeance et les rues de Bangkok et de Thaïlande serviront de défouloir pour botter les fesses à tous ceux qui ont détruit sa vie.
Cocoriboom
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Xavier Gens lèche son film. Photos, décors et ambiances sont particulièrement bien travaillés. S’il n’est pas son premier choix, l’étoile de Nassim Lyes (champion de France junior de kick-boxing en son temps) se met à briller. L’acteur peut être heureux du désistement du comédien pressenti. Abandonnant sa carrière de sportif pour devenir acteur, il assure comme une bête dans les séquences d’action ; il a bien fait de ne pas arrêter l’entraînement. En taiseux au grand cœur meurtri, son personnage traverse le film dans des scènes allant crescendo dans la violence physique et graphique. Olivier Gourmet le rejoint en salaud. Lui plus habitué au film à tendance intimiste, livre une prestation surprenante dans ce long-métrage. Patibulaire, imbu de lui-même, sa présence suffit. Il est parfait dans son rôle de bad guy. Si l’action est virevoltante et d’une violence inouïe, elle met malheureusement du temps à arriver. Il faut effectivement attendre la dernière demi-heure du film pour que celle-ci s’enchaîne sans temps mort. Avant cela, le metteur en scène s’attarde sur la vie amoureuse et professionnelle de son personnage. Gens revendique dans les bonus son esprit typiquement français à valeur sociale. Il souhaite créer de l’empathie pour investir le spectateur dans sa dramaturgie. Ce mélange des genres est louable, mais on ne peut que rester sur notre faim malgré la virtuosité technique et les chorégraphies du film. L’équipe technique, habituée aux Donnie Yen et Jackie Chan joue pleinement de sa liberté pour dynamiter les scènes d’action, pour finir en apothéose par une séquence d’anthologie dans un ascenseur.
Farang ne va sans doute pas aussi loin qu’on aurait pu l’espérer comme pour Gangs of London. Xavier Gens veut faire les choses bien, trop même. Son passage sur la série télé lui a permis de faire un reboot dans sa mise en scène. Il a la sagesse de l’admettre et de nous le prouver. La suite de sa carrière risque d’être passionnante. Destiné pour le marché international, Farang risque de faire grand bruit. Il montre que le cinéma français peut faire d’autres drames que ceux sur deux personnes chuchotant dans une cuisine en philosophant sur leurs nombrils coincés dans la faune parisienne.
Image
La copie HD rend les éclairages et l’étalonnage de couleurs magnifiques. Les contrastes sont particulièrement probants dans les scènes nocturnes (l’incendie de la maison). Les détails sur les visages tuméfiés suintant rendent la qualité de la copie encore plus frappante.
Son
Un bel exercice de contrastes. Si on s’y attend sur les scènes de baston, le travail est aussi probant sur les scènes plus intimistes. Les bruits des vagues, du vent ou des ambiances urbaines sont proposés avec une belle spatialité.
Interactivité
Nassim Lyes a la parole dans les bonus. Bien que champion de France kickboxing junior, il revient sur l’entraînement physique intense qu’il a subi pour le tournage ; ce que confirme Xavier Gens dans un second bonus. On y apprend que celui-ci, jeune papa, voulait retranscrire à l’écran cette angoisse de la paternité. Il tenait également à réaliser un mélange d’action et de film social afin de donner une identité bien française au film.
Liste des bonus
Interview de Nassim Lyes (10’), Interview de Xavier Gens (8’), Bande-annonce (1’).