FANTÔMES CONTRE FANTÔMES
The Frighteners – États-Unis, Nouvelle Zélande – 1996
Support : Bluray
Genre : Fantastique, comédie
Réalisateur : Peter Jackson
Acteurs : Michael J. Fox, Trini Alvarado, Peter Dobson, John Astin, Jeffrey Combs, Dee Wallace-Stone, Jake Busey…
Musique : Danny Elfman
Image : 2.35 16/9
Son : Version Director’s cut : Anglais DTS-HD Master Audio 5.1. et DTS-HD Master Audio 2.0. Version cinéma : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 5.1 et DTS-HD Master Audio 2.0.
Sous-titres : Français
Durée : 123 minutes
Éditeur : ESC Editions
Date de sortie : 18 mai 2022
LE PITCH
Un architecte médium arnaque les habitants de sa ville avec l’aide de ses amis revenants. Lorsque plusieurs habitants ont des infarctus, il est le coupable idéal aux yeux de la population. Il va devoir faire appel aux fantômes pour s’en sortir et affronter un véritable spectre-tueur…
Fantômes en fête
Jeune réalisateur presque inconnu sur le marché international en ce début en ce milieu des années 90, Peter Jackson (un Néo-zélandais ?) avait pourtant déjà séduit les cœurs des fans d’horreur avec des péloches frappadingues et grotesques comme Bad Taste, Braindead, The Feebles… et curieusement un très sensible et émouvant Heavenly Creature.
Rien cependant qui lui permette de traverser durablement les océans et débarquer avec son rêve de remake de King Kong sous le bras. C’est souvent là où on ne l’attend pas que les chose commence puisque sur un simple pitch de deux pages envoyé à Robert Zemeckis pour inspirer un épisodes des Contes de la crypte va naitre le long métrage The Frighteners, film fantastique (dans tous les sens du terme) qui opère comme un tournant dans la carrière du bonhomme, une mise en bouche technique, une carte de visite qui lui permettra de lancer Le Seigneur des anneaux, mais aussi un échec commercial qui repoussera pendant huit ans encore son King Kong. Car s’il parait incroyable que ce divertissement survolté n’ait connu en son temps qu’un vague succès d’estime, il est d’autant plus troublant de lire certaines critiques (généralistes) de l’époque, boudant le film pour son « manque d’imagination » (?!?). Car s’il y a bien une chose dont Fantômes contre fantômes ne manque pas, c’est bien d’imagination.
Soul collector
Concocté par Jackson et sa moitié Fran Walsh, le script est un modèle d’écriture qui combine forcément des dialogues finement ciselés, mais surtout s’amuse à superposer en couche extrêmement fine des trames qui chacune auraient permet de construire un film unique : un homme hanté par la mort mystérieuse de sa femme, des fantômes servant de manutentionnaires à un charlatan, un serial killer qui revient d’entre les morts pour battre son record (qui doit, comme il se doit revenir aux américains) ou une jeune femme qui craque pour le médium qu’elle a contacté pour communiquer avec son mari… Tout cela s’imbrique à la perfection et conditionne le rythme effréné d’un film qui saute entre les genres comme une puce funambule, tour à tour film d’horreur jubilatoire, comédie burlesque hilarante, œuvre au romantisme échevelé, ou action trépidante, le tout avec une maestria, une fluidité rare dans la mise en scène. Et qui de mieux bien évidement pour illustrer tout cela en musique que Danny Elfman ? Un compositeur adepte chevronné de l’horreur boomstick et décalée (voir ses collaborations avec Sam Raimi), qui souligne ici à mainte reprise la proximité du film avec la rythmique du cartoon.
Unforgotten silver
Entre deux éclats de rires, on y reconnait à quelques reprises des figures qui reviendront en versions surdimensionnés dans les blockbusters suivants (le travelling volant en descente de la colline), ou carrément le design des futurs Nazgul dans l’apparence flippante de la faucheuse récalcitrante. Jackson est en forme, exulte, expérimente des séquences particulièrement complexe avec des effets spéciaux réels mais aussi numériques alors avant-gardistes (rares sont ceux qui ont pris quelques rides) et offre au passage une participation particulièrement inoubliable de la part de Michael J. Fox. Cet acteur qui nous manque temps y retrouve d’une certaine façon la juvénilité maline de Retour vers le futur, mais étoffée d’une maturité insolente et aussi complexe que le métrage. Mais au-delà de toutes ces réussites majeures, celle qui sans aucun doute doit rester dans les mémoires, est la performance hallucinée de Jeffrey Combs (Re-animator, multiples personnages dans les séries Star Trek), totalement dément en agent du FBI à la coiffure hitlérienne, psalmodiant des incantations incompréhensibles et fuyant les femmes qui hurlent. De très, très, grands moments de cinéma et l’une des œuvres majeurs de Jackson… s’il en existe des mineurs.
Image
: Cette nouvelle édition vidéo de Fantômes contre Fantômes signée ESC revient plus endiablée que jamais, soulignant un peu plus encore l’importance du film dans l’œuvre de Peter Jackson. Évidemment, on a droit à un traitement technique de belle qualité, avec une image haute définition percutante et qui respire le cinéma. On y retrouve une granulation très présente et bien agréable, qui apporte un aspect organique à l’image. Les contrastes sont réglés au top, avec des noirs très profonds dans les scènes nocturnes, des jeux de couleurs (du froid au chaud d’une scène à l’autre,bien dans le style Jackson) qui varient sans baisse d’intensité. Le niveau de détail affiché est bluffant, notamment dans les gros plans typiquement Jacksoniens sur les visages des comédiens, qui offrent d’innombrables petits éléments très certainement indiscernables auparavant.
Aucun défaut d’image à l’horizon, les griffures et autres tâches de pellicule sont de l’histoire ancienne, la définition est excellente, mais, revers de la médaille, trahit néanmoins l’âge de certains effets numériques. Précurseur et époustouflant avec ses CGI à l’époque de sa sortie, alors que la technologie n’en était qu’à ses débuts, le film de Peter Jackson accuse quelque peu son âge sur quelques menus détails avec ce nouvel écrin vidéo. Quelques incrustations affichent leurs limites, les effets visuels de la faucheuse ainsi que les apparitions ondulantes dans les murs, qui laissaient bouche bée à l’époque, apparaissent aujourd’hui plus laborieux, ce qui est bien normal vu les progrès réalisés en la matière. Par ailleurs, certains plans à effets perdent assez logiquement en définition, mais franchement, ces constats restent de l’ordre de la broutille, et n’empêchent absolument pas d’apprécier le film.
Son
Côté sonore, cette édition étale une puissance remarquable, notamment concernant la version Director’s Cut. Ce montage bénéficie de deux pistes anglaises (pas de doublage français), l’une en DTS HD Master audio 2.0 sur laquelle on ne s’appesantit pas, pour se concentrer sur la seconde, plus imposante, en DTS HD Master audio 5.1 pour un rendu carrément béton, avec une place de choix accordée à la musique de Danny Elfman qui fait résonner les enceintes. Mais l’ensemble de l’ambiance sonore du film n’est pas en reste, dialogues et bruitages sont également très pêchus. Pour ce qui est de la version cinéma, on retrouve cette fois-ci deux versions françaises (en DTS HD Master audio 2.0 et 5.1), et bien évidemment deux versions originales logées à la même enseigne. Le rendu global reste d’excellente qualité.
Interactivité
Tout d’abord, à noter que cette édition spéciale comporte à enfin en HD (ce qui n’était pas le cas sur la galette Universal en France) le montage cinéma du film (110’) et le Director’s Cut longue de quinze minutes supplémentaires (123’). Une version longue qui ne vient pas bouleverser l’intrigue et ne révolutionne pas le ressenti et l’émoi que procure déjà la vision du film, mais travail un meilleur équilibre entre l’humour potache, la poésie et l’horreur plus crue.
Par ailleurs, deux bonus ont été spécialement concoctés par ESC pour cette édition. Le premier, long d’une vingtaine de minutes, est une présentation du film par le journaliste et critique Rafik Djoumi (Ex-Mad Movies, Capture Mag). Spécialiste du cinéma de Peter Jackson, il revient sur la conception du projet et décortique notamment les liens étroits que celui-ci entretient avec un autre film du cinéaste, Créatures Célestes, sorti en 1994, les deux œuvres s’étant nourries l’une de l’autre sur des thèmes similaires. Le second supplément exclusif est un entretien mené par le journaliste Alexandre Poncet (Mad Movies) avec Richard Taylor, fondateur et directeur de Weta Workshop, société d’effets spéciaux néo-zélandaise ayant collaboré avec Peter Jackson sur plusieurs films et devenue orfèvre en la matière. Taylor y évoque les effets visuels de Fantômes contre Fantômes et révèle nombre d’astuces et d’anecdotes parfois hilarantes sur le tournage.
A ces deux bonus s’ajoutent une présentation du film par Peter Jackson, mais aussi et surtout, le célèbre making-of de près de 3h45, présent sur la vénérable édition Laser Disc. Ce documentaire, voulu à l’époque du tournage par Jackson lui-même, est un met de choix, gargantuesque, scindé en plusieurs parties. Avec une telle durée au compteur (qui annoncera d’ailleurs les contenus gargantuesques des éditions de la Trilogie de l’Anneau), inutile de dire que tous les aspects du film sont évoqués avec force détails, accompagnés de nombreux témoignages. Un bonus XXL qui correspond finalement assez bien au cinéma de Peter Jackson : d’une générosité et d’une richesse sans équivalent. Presque trop, serait-on tenté de dire…
A noter que le film est proposé dans plusieurs éditions avec un collector au fourreau métallique mais aussi et avant tout une VHS Box limitée comprenant quelques goodies comme un livret de 32 pages, un poster, un jeu de 10 photos et un magnet phosphorescent.
Liste des bonus
Entretien avec Rafik Djoumi (journaliste spécialiste de Peter Jackson) ; Entretien avec Alexandre Poncet (journaliste & réalisateur) & Richard Taylor (fondateur et directeur de Weta Workshop) ; Making Of (3h45, en 33 modules – VOSTFR) ; Présentation par Peter Jackson ; Bande annonce.