FALLING
Etats-Unis – 2020
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Viggo Mortensen
Acteurs : Lance Henriksen, Viggo Mortensen, Sverrir Gudnason, Hannah Gross, Laura Linney…
Musique : Viggo Mortensen
Durée : 112 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan Vidéo
Date de sortie : 20 septembre 2021
LE PITCH
John est pilote de ligne, gay et papa d’une petite fille adoptée. Alors qu’il accueille son vieux père, atteint de démence sénile, à son domicile, ses souvenirs d’enfance, douloureux, resurgissent.
Une enfance éveillée
Hasard du calendrier, c’est le jour même de la sortie de Prison en bluray, un des premiers films de Viggo Mortensen en tant qu’acteur, que sort Falling, son premier film en tant que réalisateur. Si le résultat, malgré certaines qualités indéniables, n’échappe pas aux pièges du film dramatique calibré pour Sundance, il est surtout l’occasion de vérifier, en l’espace des trente ans qui séparent ces deux œuvres, l’évolution d’un artiste hors du commun qui se hisse bien au-delà de son inoubliable incarnation d’Aragorn.
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Viggo Mortensen n’est pas qu’acteur. Bien sûr, à l’occasion de son film en tant que réalisateur, il est aussi scénariste et même musicien (la BO au piano c’est lui). Mais à la ville, il est aussi peintre, photographe et poète. Des violons d’ingres qu’il partage avec le défunt Dennis Hopper, autre acteur/réalisateur d’exception, qui lui conseillera d’ailleurs d’exposer ses travaux. Une appétence et une sensibilité artistiques qui remontent probablement à son enfance, où il connut de multiples déménagements avec ses parents qui lui permirent de découvrir, très jeune, différentes cultures sur plusieurs continents. Rien d’étonnant, alors, qu’il soit aussi engagé dans certaines causes politiques (comme l’écologie) et que transpire, de tous les pores de son film, cette fameuse conscience « woke » qui en fait bondir certains. Dans ce cas, peut-être plus que jamais, impossible de séparer l’homme de son œuvre.
La Mémoire dans la peau
Mais avant de brosser un portrait de la société actuelle, Falling est d’abord un portrait de l’histoire même de son auteur. Dédié à ses deux frères, le film raconte l’histoire d’un homme sombrant lentement dans la démence, comme les Mortensen la connurent avec leurs deux parents. A ce thème déjà difficile, il décide d’ajouter celui des fractures sociales actuelles. Ainsi le vieux père sénile, seul depuis la disparition de ses deux épouses successives, s’entête à rester dans sa vieille ferme isolée, loin de la ville et de ses deux enfants. Lorsqu’il arrive enfin chez eux pour quelques jours, c’est pour mieux leur reprocher leurs choix de vie, leur orientation sexuelle, faire des remarques racistes, exploser de colère et être odieux. Avant de replonger dans un monde intérieur fait des bribes de son passé qu’il est le seul à voir.
On avait pas vu Lance Henriksen dans un rôle aussi sérieux et sombre depuis Millennium (la série de Chris Carter, qui mériterait une belle sortie en bluray tiens!). L’acteur, souvent sous-exploité, trouve ici un très beau rôle qui lui permet enfin de s’exprimer face à un Viggo Mortensen lui aussi parfait dans la peau d’un fils tentant tout pour venir en aide à son père.
Leurs empoignades, rythmées par les souvenirs d’enfance du fils et les flashbacks sensitifs du père, constituent la moelle épinière du film. Mais à tel point que tous les autres personnages, certes secondaires, sont à peine effleurés. Et que l’ensemble du film, sur près de deux heures, ne proposent finalement qu’une poignée de scènes en intérieur, souvent autour d’une table, où s’affrontent les points de vue de l’un et de l’autre. Le rythme s’en ressent grandement. Quant au conflit générationnel et sociétal (la fameuse conscience woke), il est tellement asséné à la truelle (un fils gay, un gendre d’origine asiatique et tatoué, une petite fille adoptive portoricaine, un petit fils aux cheveux bleus, une autre petite fille percée tout ça après l’arrivée d’Obama… ça commence à faire beaucoup !) qu’il finit par atteindre la crédibilité du film.
Mais si Falling pêche parfois par excès, le film sait aussi se faire le vaisseau de la sensibilité de son auteur. La réalisation est simple, au plus près de ses deux personnages, et grandement aidée par une très belle photo. La direction d’acteurs est juste, les regards sont touchants, les relations poignantes. Et impossible de ne pas prendre en considération le fait que Viggo Mortensen lui-même ait vécut cet enfer, qu’on ne souhaite à personne. Difficile, dès lors, de lui en vouloir mais peut être est ce, finalement, sa plus grande faiblesse.
Image
Absolument parfaite. Les scènes de flashbacks et leurs plans fixes naturalistes sont magnifiques, l’introduction et son alternance de lumière vive et de noir profond très belle. Un régal pour l’œil.
Son
L’unique piste DTS-HD 5.1 (surtout en VO !) est particulièrement travaillée. Beaucoup de bruitages (le vent dans les champs, dans les arbres, l’eau d’une rivière) évoquent les souvenirs et participent grandement à l’immersion.
Interactivité
Un entretien mené par Didier Allouch à Lyon à l’occasion du Festival Lumière permet au réalisateur de s’exprimer (en Français !) sur la genèse du film, la difficulté de la production, son choix de Lance Henriksen… Très intéressant. Un making of permet lui de donner la parole à plusieurs techniciens et à quelques acteurs sur le film et la méthode de travail de Viggo Mortensen lors du tournage.
Liste des bonus
Rencontre à Lyon (14’09), Making of (20’02).