FALL
États-Unis – 2022
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Scott Mann
Acteurs : Grace Caroline Currey, Virginia Gardner, Mason Gooding, Jeffrey Dean Morgan, …
Musique : Tim Despic
Durée : 107 minutes
Image : 2.00:1, 16/9ème
Son : Anglais & Français DTS-HD 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur. : Wild Side Video
Date de sortie : 7 décembre 2022
LE PITCH
Deux jeunes femmes avides de sensations fortes escaladent une tour de communications de plus de 600m de haut en plein désert. Au moment de redescendre, une large portion de l’échelle se détache, piégeant les malheureuses sans eau et sans moyen de joindre les secours…
Vertigo
Après s’être rendu coupable d’une poignée de DTV pas franchement transcendants (The Tournament, Bus 657, Final Score), le britannique Scott Mann tente de muscler son jeu en s’essayant au thriller high concept, un exercice de style forcément casse-gueule mais qui peut aussi rapporter gros. D’où ce bien nommé Fall, survival au féminin à 600m au-dessus du plancher des vaches. Acrophobes, s’abstenir !
La peur du vide est un ressort dramatique puissant. Qui n’a jamais eu des palpitations et les mains moites au sommet d’une tour ou d’un gratte-ciel, dans une cabine de téléphérique ou au bord d’un précipice ? Ainsi, pour illustrer la phobie de James Stewart dans Sueurs Froides en 1958, Hitchcock invente le travelling compensé. Dans The Walk : rêver plus haut, Robert Zemeckis repousse les limites de la 3D et des images de synthèse pour exacerber la sensation de vertige chez le spectateur alors que Joseph Gordon-Levitt effectue des allers-retours sur un fil tendu entre les deux tours du World Trade Center. Et les exemples ne manquent pas. Pour autant, Scott Mann est probablement le premier cinéaste à en faire le sujet central d’un long-métrage, si l’on met de côté le Vertige d’Abel Ferry, sympathique série B française millésime 2009 et mélange d’aventure et d’horreur. Né d’une banale discussion sur le tournage de Final Shot après une série de prises de vue sur une grue surplombant un stade à Londres, Fall se concentre donc 107 minutes durant sur la peur de tomber et joue la carte de la simplicité. Un seul décor, deux personnages principaux, une narration resserrée sur une une période de 72 heures et un enjeu tout à fait limpide : comment redescendre de son perchoir avant de crever de faim et de soif et sans faire une chute mortelle ? Très concrètement, Mann inscrit son nouveau bébé dans un courant cinématographique allant du plan séquence de La Corde d’Hitchcock (encore lui!) au Buried de Rodrigo Cortès et son Ryan Reynolds enterré vivant en passant par les péloches interactives de William Castle et le found footage, entre la recherche du gimmick qui tue et l’immersion absolue du public dans l’illusion d’une (fausse) simplicité.
Chute libre
Passé un premier quart d’heure qui rejoue (en beaucoup moins viscéral) l’intro de Cliffhanger et qui noie son héroïne sous les clichés d’un trauma exprimé sans une once de finesse, Fall décolle enfin, au propre comme au figuré. Jouant sur un sound design redoutable d’efficacité et un mélange bluffant de CGI et d’effets pratiques, l’ascension de la tour par les deux héroïnes est un sommet de tension au cours duquel Scott Mann sème les indices des emmerdes à venir avec un sadisme consommé. Pendant une bonne heure, le réalisateur parvient à ne pas relâcher son emprise et refuse les effets faciles. Les menaces que sont la faim, la soif, le vent et bien évidemment l’altitude sont exploitées méticuleusement.
Rattrapé par de sérieux défauts d’écriture et de caractérisation, le soufflet retombe malheureusement à la faveur d’un coup de théâtre tout droit sorti d’un mauvais soap opera. Très impliquées physiquement Grace Caroline Currey et Virginia Gardner étaient parvenues à nous faire oublier la superficialité des personnages qu’elles interprètent, mauvaise copie pour millenials des deux héroïnes/antagonistes de The Descent de Neil Marshall. Becky la brune est déprimée et paralysée par la peur tandis qu’Hunter la blonde est une youtubeuse de l’extrême. La première va devoir relever la tête et survivre, la seconde va devoir payer pour un adultère et son insouciance. Et voilà, c’est tout, ça n’ira jamais plus loin. Pire encore, la situation dans laquelle elles se retrouvent n’est en fin de compte pas le fruit du destin ou de la malchance mais de la stupidité et de l’impréparation. S’il n’avait pas fait l’erreur de tirer à la ligne, Scott Mann avait toutes les cartes en main pour faire passer la pillule (ou presque). Mais lorsque Fall tente un twist totalement hors-sujet à la Fight Club pour amorcer son ultime virage , on frise le péché d’orgueil. Ne reste plus qu’un hommage – probablement involontaire – à Conan le Barbare (!) pour nous faire sourire et tenir le coup jusqu’à un épilogue tristement anecdotique.
Image
Une copie haute-définition en tous point exemplaire, tout particulièrement dans le traitement de la luminosité et des contrastes entre les scènes de jour et les scènes de nuit. Jouant pour beaucoup dans la sensation de vertige, la profondeur de champ est saisissante.
Son
Le grincement d’une échelle bouffée par la rouille, le vent qui se balade d’une enceinte à l’autre, la tension et le poids qui menacent de faire rompre une corde : rien ne nous est épargné et l’acoustique est incroyablement immersive et sans jamais avoir à en faire des caisses. Les deux mixages sont davantage des modèles d’équilibre et de réalisme que de puissance.
Interactivité
Sans tirer tout à fait un trait sur les superlatifs et l’aspect promo, le making-of de quinze minutes est plutôt riche en images de tournage et révèle quantité d’informations sur la préparation physique des actrices et les caprices de la météo qui ont compliqué les prises de vues en extérieur sur une structure reproduisant fidèlement les 30 derniers mètres de la structure au centre de l’histoire. La parenthèse sur l’utilisation d’un deep fake pour supprimer tous les « fuck » des dialogues afin de viser un PG-13 vaut aussi son pesant de cacahuètes. Si toutes les featurettes de DTV pouvait ressembler à celle-ci !
Liste des bonus
Making-Of (15 minutes), Bande-annonce