EXPENDABLES 4
Expend4bles – Etats-Unis – 2023
Support : 4K UHD & Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Scott Waugh
Acteurs : Jason Statham, Sylvester Stallone, 50 Cent, Megan Fox, Randy Couture, Dolph Lundgren, Andy Garcia, …
Musique : Guillaume Roussel
Durée : 103 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos, Français DTS-HD Master Audio 7.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan
Date de sortie : 15 février 2024
LE PITCH
L’équipe de mercenaires menée par Barney Ross est engagée par la CIA pour empêcher le vol de détonateurs nucléaires dans une base militaire en Lybie ainsi que pour découvrir l’identité d’un terroriste internationale surnommé Ocelot, …
Commando Z
Plombé par une mise en image timide et paresseuse et un casting de jeunes recrues fadasses, Expendables 3 avait largement déçu les amateurs de films d’actions old school, au point de semer le doute sur les futures aventures de nos gueules cassées préférées. Produit au rabais, d’une laideur et d’une bêtise inexcusables, Expendables 4 termine le travail et enterre (sans doute) définitivement la franchise initiée en 2010 par Sly Stallone.
Inutile de feindre la surprise, Expendables 4 était une affaire mal engagée dès le départ. Malgré les chiffres décevants d’Expendables 3 au box-office de l’été 2014, Stallone ne manquait pourtant pas d’ambitions pour un quatrième volet où il envisage alors de passer pour de bon le relais à Jason Statham. En outre, il sait qu’il doit se faire pardonner auprès des fans de la première heure d’un blockbuster estampillé PG-13 où les talents de sa distribution en béton armé sont si mal exploités. En 2015 et en 2016 Sly conditionne son retour à un droit de regard sur le scénario et annonce avoir pris contact avec Pierce Brosnan et Jackie Chan pour rejoindre l’équipe. Du lourd. Mais le projet a très vite échoué dans les limbes du development hell.
Flashforward à l’automne 2021 lorsque Sylvester Stallone annonce sur les réseaux sociaux avoir fini sa portion du tournage d’Expendables 4. Tourné à Londres, en Bulgarie et en Grèce pour un budget de 100 millions de dollars (mais où est passé l’argent !?), le film, réalisé par Scott Waugh (Need for Speed) débute sa promotion au printemps suivant avec une affiche flashy et une tagline hilarante (« They’ll die when they’re dead », littéralement « ils mourront lorsqu’ils seront morts »). Accompagné d’un teaser insistant sur le retour à un classement R, la bande-annonce laisse dubitatif. D’une part, on se demande bien ce que Megan Fox (et son look de prostituée hongroise ayant abusé des liftings), Andy Garcia, 50 Cent et Jacob Scipio foutent là. D’autre part, l’absence de Jet Li, Terry Crews et Antonio Banderas, pourtant attachés au projet, ne passe pas inaperçue. Enfin, des CGI et des incrustations à peine dignes d’une production The Asylum soulèvent de nombreuses questions sur une post-production entamée il y a presque six mois et semble-t-il toujours en cours. Pas besoin d’avoir le nez fin pour sentir la catastrophe industrielle … ce que la sortie fin septembre vient malheureusement confirmer.
« You’re fired ! »
Hommage à la fois sincère, généreux, drôle et teinté d’amertume aux gloires vieillissantes du cinéma d’action des années 80, Expendables méritait-il seulement de se transformer en franchise sur le temps long ? La question mérite d’être posée. Bien qu’inégal et un peu décevant sur la forme (un constat toutefois atténué par un director’s cut salvateur), Expendables se suffisait amplement à lui-même en proposant, entre les lignes, une mission d’adieu pour une bande de mercenaires rattrapés par l’âge et les remords. Bref, Stallone y bouclait la boucle de son passé d’action hero, la larme à l’œil et le cigare au coin du bec, devant comme derrière la caméra. Le succès du film pousse pourtant vers une suite confiée à Simon West, le poète responsable des Ailes de l’Enfer avec Nicolas Cage (lequel aurait d’ailleurs eu sa place dans l’escouade de têtes brûlées de Barney Ross). Immensément con mais tout à fait fidèle à son concept et suffisamment équilibré pour offrir à chaque acteur son quart d’heure de culte, Expendables 2 reste à ce jour un prolongement tout à fait honorable au premier film. Comme nous l’avons souligné un peu plus haut, les mêmes compliments ne peuvent décemment pas être adressés à Expendables 3, en dépit de la présence au générique de Mel Gibson, Wesley Snipes, Antonio Banderas et Harrison Ford.
À 76 ans, Stallone se contente donc d’un passage éclair dans Expendables 4, par la force d’un coup de théâtre particulièrement mal amené, et laisse un spectateur orphelin subir un DTV ignoble et inachevé où chacun vient cachetonner sans efforts. Dolph Lundgren (visiblement diminué par son cancer) est bien le seul à y croire un minimum en faisant évoluer le personnage de Gunnar mais il ne joue pas dans le même film que ses petits camarades. Plus grave encore est le gâchis absolu entourant les participations de Tony Jaa (Ong Bak) et Iko Uwais (The Raid), deux virtuoses de la mandale en pleine gueule, réduits ici à quelques cabrioles mal découpées et mal cadrées par un chef opérateur à la fois aveugle et alcoolique.
Privé de la moindre idée de mise en scène, monté n’importe comment et honteux d’un bout à l’autre, Expendables 4 tombe à point nommé pour nous rappeler que le cinéma d’action est une affaire bien trop sérieuse pour être confiée à des branleurs cyniques et sans talents qui ne cherchent qu’à grappiller quelques dollars vite faits sur le dos de la nostalgie des fans.
Image
Le nec plus ultra de la très haute définition, histoire de pouvoir compter les rides de Stallone et consorts, de pouvoir admirer le mélange de cire et de plastique dans lequel se retrouve figé le visage de Megan Fox, de pouvoir se faire violer la rétine par une colorimétrie tape à l’oeil et de pouvoir constater l’amateurisme des effets visuels. Un tel degré de précision dans l’image est forcément sans pitié avec une telle avalanche d’immondices.
Son
Seule la piste originale a droit au traitement Dolby Atmos, lequel insiste sur un découpage acoustique équilibré et mesuré et pas aussi pétaradant que prévu. Un peu moins subtiles et plus compacte, la piste française en DTS-HD comblera jusqu’à plus soif les amateurs d’apocalypse multicanal. C’est du gagnant-gagnant.
Interactivité
Objectivement très dispensable, l’interactivité ici proposée a ceci de passionnant qu’elle révèle malgré elle le degré d’aveuglement, de pingrerie et d’amateurisme de la production d’Expendables 4. Démonstration surréaliste d’égocentrisme aggravé, le commentaire audio de Scott Waugh (non sous-titré mais ce n’est pas bien grave) nous révèle un cinéaste fier de son « travail » et d’avoir pu apporter sa vision à la franchise. On en rigole encore. En dehors de quelques images de tournages, Sylvester Stallone et Jason Statham sont absents des deux featurettes déguisées en making-of et on ne leur en voudra pas vraiment non plus. Le reste du casting, ainsi que les producteurs, le réalisateur et une partie de l’équipe technique se vantent pendant près d’une demi-heure d’avoir participé à un film ambitieux, novateur, luxueux et dignes des meilleurs films d’actions des années 80 et 90, en contradiction totale avec un tournage effectué à grands renforts de fonds bleus dans des décors en carton-pâte avec des cascades à peine dignes de figurer dans un mauvais épisode de L’Agence Tous Risques. Aïe !
Liste des bonus
Commentaire audio du réalisateur (VO), Les Expendables en action », Les Nouveaux rencontrent les anciens », Bandes-annonces.